Appuis budgétaires et viabilité de la dette: la Banque mondiale à fond derrière la Cemac

Les perspectives de coopération étaient également au cœur des échanges avec la délégation de la Commission présente dans la capitale américaine.

Au cours de son séjour à Washington, la délégation de la Cemac venue prendre part aux Assemblées de printemps 2022 des institutions de Bretton Woods, n’a pas manqué de se rapprocher des responsables de la Banque mondiale. Cette démarche a été marquée par au moins trois temps forts. Il y a d’abord eu une rencontre bilatérale avec l’administrateur du Groupe Afrique II à la Banque mondiale. Il y a ensuite eu des échanges avec le vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique centrale et de l’ouest et des institutions régionales de la Cemac. La dernière rencontre bilatérale a enfin permis au président de la Commission de la Cemac et à sa délégation, d’avoir des discussions constructives avec la directrice de l’Intégration régionale de la Banque mondiale pour les régions Afrique et MENA.

Appuis budgétaires
Un certain nombre d’engagements vis-à-vis de la Cemac ressortent des échanges avec l’administrateur du Groupe Afrique II et le vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique centrale et de l’ouest. Ils étaient globalement exprimés en termes d’appuis budgétaires à apporter à la Cemac.

S’agissant d’abord des réponses à cette préoccupation, les parties ont convenu qu’«un accent particulier devrait être porté sur la mise en place d’un appui budgétaire et d’un appui institutionnel de la Banque mondiale à la Cemac. Un programme de réformes structurelles compréhensible sur le plan régional devrait être élaboré de sorte à profiter au secteur privé et aux pays de la sous-région non membres de l’IDA». Il se trouve cependant qu’il sera «difficile que ces appuis puissent aboutir en 2022, sauf pour ces pays à bénéficier d’une réallocation des ressources non absorbées de l’IDA19», rapporte le président de la commission de la Cemac.

À en croire le Pr Daniel Ona Ondo, Ousmane Diagana, vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique centrale et de l’ouest, a également indiqué sur ce sujet, l’intention de son institution d’initier «des discussions avec le Gabon pour un appui budgétaire en 2024. Elle travaillera également sur une matrice de réformes pour un appui budgétaire à la Cemac». Des appuis budgétaires sont également déjà prévus en 2022 pour les trois pays de la Cemac que sont le Cameroun, le Congo et la RCA. «Quelques soucis persistent encore cependant pour ce qui est de leur décaissement effectif», regrette le chef de la délégation de la Cemac à Washington.

Le Pr Daniel Ona Ondo a en outre pu obtenir des hauts responsables de la Banque mondiale qu’ils s’intéressent davantage au financement du secteur privé. Et en termes de renforcement du financement dudit secteur, il a été proposé que «la BDEAC s’investissent à structurer les projets pour faciliter leur financement par la SFI et la MIGA. La BDEAC pourrait alors se rapprocher de la SFI pour bénéficier de ses financements surtout que cette institution offre également des financements en monnaie locale». L’autre bonne nouvelle selon la note d’information du président de la Commission de la Cemac étant que «la SFI envisage d’agrandir ses bureaux du Cameroun et de la RDC et de se doter d’un nouveau bureau à Bangui».

Viabilité de la dette
La pandémie de la Covid-19 a soumis les pays de la Cemac à une grosse pression qui s’est traduite par de nombreux recours aux partenaires au développement. Le niveau d’endettement de la Communauté en a pris un coup. Une situation telle qu’au cours des discussions bilatérales à Washington, la Commission de la Cemac a sollicité l’intervention de la Banque mondiale. Il a alors été annoncé que «les Bureaux des administrateurs du Groupe Afrique II au FMI et à la Banque mondiale se réuniront pour chercher les voies et moyens pour l’aboutissement du dossier du traitement de la dette régionale, en l’occurrence vis-à-vis de la BDEAC, comme dette intérieure». De même, «la Banque mondiale pourra accentuer son assistance technique dans les problématiques relatives à la gestion de la dette. Elle poursuivra aussi son appui au renforcement de l’appareil statistique dans la sous-région», a laissé entendre Ousmane Diagana.

Perspectives de coopération
Les perspectives de coopération étaient surtout au menu des échanges avec la directrice de l’Intégration régionale de la Banque mondiale pour les régions Afrique et MENA. Le Pr Daniel Ona Ondo et la délégation qu’il conduisait peuvent déjà se réjouir de plusieurs initiatives. C’est le cas de celle relative à «l’analyse des voies et moyens de l’adoption d’une approche régionale pour les projets relatifs à l’accès aux vaccins et à la préparation aux pandémies, ou encore au Projet de renforcement des capacités des institutions financières de la Cemac (UFRIF 2), dont la revue à mi-parcours est intervenue en octobre 2021 et qui connaît un bon état d’avancement pour ce qui est de sa mise en œuvre», peut-on lire dans la note d’information.

Il est par ailleurs indiqué que «quelques nouvelles demandes ont été enregistrées: la mise en place d’un observatoire des titres publics; l’élaboration du cadre règlementaire pour les cryptomonnaies, la méthodologie ou le mécanisme pour l’intégration des comptes de monnaie électronique dans la centrale des incidents de paiement». Et face à ces nouvelles requêtes, la directrice de l’Intégration régionale de la Banque mondiale pour les régions Afrique et MENA a «exhorté à la poursuite des réflexions en vue de préparer la phase à venir du projet UGRIF 2».

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Théodore Ayissi Ayissi

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