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Flux financiers illicites: note trop salée pour le Cameroun

Le pays, pourtant en quête d’émergence, pourrait perdre sur la période couverte par la SND30, 780 milliards FCFA. TJNA et le Cradec sonnent l’alerte et se proposent pour plus de vigilance, de renforcer les capacités de plusieurs corps sociaux.

Les chiffres donnent le tournis. 780 milliards FCFA d’ici à 2030 au rythme de 78 milliards par une période de mise en œuvre de la Stratégie nationale de développement (SND30). Voilà en termes de projection, le manque à gagner pourrait enregistrer les caisses de l’État du Cameroun du fait des Flux financiers illicites (FFI). Tax Justice Network estime en plus que ces « 140 millions de dollars (78 milliards FCFA) chaque année, c’est plus qu’il n’en faut pour multiplier par cinq les budgets annuels combinés du ministère des Affaires sociales, ainsi que celui de la Promotion de la Femme et de la Famille, à titre illustratif». L’organisation non gouvernementale (ONG) permet ainsi de mieux visualiser l’impact de la fraude et de l’évasion fiscale, mais pas seulement, sur le cadre et les conditions de vie des populations camerounaises. Il n’en fallait pas plus pour que Tax Justice Network Africa (TJNA) et le Centre régional africain pour le développement endogène et communautaire (Cradec) montent au créneau. Il est prévu à leur initiative du 25 au 27 mai prochain à Kribi, la tenue d’un séminaire de renforcement des capacités de plusieurs corps sociaux. Ceux-ci doivent à cette occasion être outillés en matière d’« analyse du système fiscal international et de suivi de l’équité fiscale au Cameroun », renseigne la note conceptuelle.

Enjeux
Ils sont parlementaires, membres de la société civile ou encore hommes de médias et ils sont appelés à être des remparts du Cameroun dans la lutte contre les FFI. Leur implication trouve déjà sa justification dans le rôle que chacun de ces acteurs joue au quotidien auprès des populations et des autorités monétaires et fiscales de notre pays. Il est notamment attendu que leur intervention contribue à stopper l’hémorragie fiscale dont est victime le Cameroun. Le Cradec et TJNA rappellent en effet que « la mobilisation des ressources domestiques est importante pour les États africains. Elle est même impérative dans le contexte des crises actuelles, sanitaires, sécuritaires, économiques, voire sociales ». Il est dès lors présenté à l’issue du séminaire de renforcement des capacités, «une amélioration du niveau des recettes pour le financement des projets de développement, sur des bases plus rationnelles, objectives et optimales », font savoir les deux organisations. Cette perspective pourrait également avoir un impact positif sur le niveau de la dette intérieure et extérieure de notre pays. Celui-ci est souvent décrié.
Au Cameroun comme ailleurs, l’existence de flux financiers illicites pose le problème de l’équité et de la justice fiscales. Il s’agit de deux notions cardinales pour TJNA et le Cradec. Dans la mesure où « elles devraient constituer l’épine dorsale d’une politique économique progressiste et surtout d’un programme ambitieux d’émergence comme c’est le cas pour le Cameroun», indique la note conceptuelle. L’état de l’équité fiscale dans notre pays constitue de ce fait une importante base de travail, de lobbying et de plaidoyer. Les parlementaires, les OSC et les médias devront beaucoup s’appuyer dessus.

Atouts
TJNA et le Cradec sauront par ailleurs capitaliser les enseignements tirés des formations précédentes sur les FFI et la fiscalité. Un outil essentiel à présenter aux participants sera par exemple celui mis sur pied par TNJ, un partenaire du Cradec. Il a le mérite semble-t-il, de faciliter la compréhension « du secret financier mondial, des paradis fiscaux ou juridictions secrètes, ainsi que des FFI et la fuite des capitaux ». L’importance de ces enjeux permet au demeurant aux deux organisations de bénéficier du financement aussi bien de l’Agence norvégienne de développement (Norad) que de l’Union européenne.

Théodore Ayissi Ayissi

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