Homologation des prix Sitôt signée, déjà caduque

Grossistes et détaillants estiment que le contexte actuel est tel qu’ils ne peuvent plus faire autrement que vendre leurs marchandises au prix fort. 

En application des dispositions de l’article 44, alinéa 5,de la loi N° 2015/018 du 21 décembre 2015 régissant l’activité commerciale au Cameroun, les commerçants sont tenus de déposer préalablement les barèmes de prix de certains produits de grande consommation avant toute mise en vente sur le marché national. Luc Magloire Mbarga Atangana l’a rappelé dans un arrêté qu’il a signé le 14 avril dernier. Désormais, les producteurs, importateurs et commerçants grossistes des huit produits (pâtes alimentaires, la sardine à huile, la margarine, les alcools et spiritueux, les détergents, les savons de ménages, les emballages, les câbles et fils électriques, les peintures et carreaux) doivent se conformer à cette exigence. Le ministre du Commerce (Mincommerce) a par ailleurs listé des biens et services sensibles ou de première nécessité à soumettre à la procédure d’homologation préalable. 17 produits y figurent (lait, riz, poisson, l’huile de palme brute, huiles raffinées, sel de cuisine, sucre, pain et pâtisseries, farines, eaux minérales, bière et boissons hygiéniques, gaz domestique, ciment, fer à béton, tôles de couverture, services des auxiliaires du transport maritimes, services portuaires et transports collectifs des voyageurs par route et chemin de fer).

Dans les milieux marchands de Yaoundé, grossistes et détaillants arguent que les prix d’avril 2022, fixés en octobre, étaient déjà totalement décalés face à l’inflation due à la pandémie du Covid-19. « En y ajoutant la complexité de la mise en œuvre du nouvel encadrement, on a déjà tout pour obtenir une flambée des prix », démontre Justin Nembot, chef d’agence dans une enseigne de vente de poissons à Yaoundé. Pour de nombreux commerçants rencontrés dans les marchés de la capitale, il y a cela. 

Et…

Catastrophe, l’invasion de l’Ukraine par la Russie.  Cette actualité n’est pas indolore dans les marchés et magasins. Pour beaucoup, elle représente un autre vecteur de déstabilisation potentielle des prix. « Voilà qui  a décuplé la tension, avec des prix parfois multipliés par cinq lors des achats  chez les grossistes. Dans ce cas, quel barême des prix déposer au Mincommerce», déplore Bernice Nyamsi, détaillante de fer à béton à Mvog-Mbi. Dans la même veine que cette dernière, Anaëlle Siewe, vendeuse de riz en gros au marché Mokolo (Yaoundé 2) ironise: «C’était avant ! Homologation des prix, barême de prix…On n’y pense même plus». Au vrai, l’impact additionnel de la situation en Ukraine sur les prix semble avoir mis les arrêtés du Mincommerce sous le boisseau. 

Jean René Meva’a Amougou

 

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