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Stat-Cemac 2021-2030 : Le programme en chiffres et en lettres

Sa présentation a constitué l’un des moments clés de la 8ème session du Comité sous-régional de la statistique tenue à Douala les 7 et 8 mars dernier.

Photo de famille à l’issue de la session

Les directeurs généraux des instituts nationaux de la statistique des pays de la Cemac étaient réunis les 7 et 8 mars 2022 au siège de la Beac à Douala. Cette 8ème session du Comité sous-régional de la statistique était consacrée au lancement officiel du programme statistique de la Cemac (Stat-Cemac 2021-2030) et à la mise en œuvre du plan triennal dudit programme sur la période 2022-2024.  Pendant deux jours dans la capitale économique du Cameroun, les experts ont échangé sur l’importance des données statistiques prises comme une ressource vitale et indispensable. Étant entendu que «l’information statistique touche tous les aspects de la vie moderne et sous-tend de nombreuses décisions des pouvoirs publics» a fait valoir le président de la Commission de la Cemac. Le Pr Daniel Ona Ondo a en même temps relevé que «la mise en œuvre de ce premier programme n’a pas donné tous les résultats escomptés. Le manque de données statistiques dans presque tous les secteurs d’activité est toujours présent. Quand bien même certaines données sont disponibles, elles sont le plus souvent éparses, non cohérentes et disparates».

Aussi, «on ne peut pas faire une bonne analyse si les chiffres sont erronés, puisque les conclusions seront erronées. C’est pour cela que nous devons avoir le même chiffre au niveau de la sous-région sur les productions. Pour que nos chefs d’État aient les bons résultats, y compris au niveau de la communauté internationale», laisse entendre Clément Belibanga. Le commissaire à la Cemac en charge du département des politiques économiques, monétaires et financières s’est alors évertué à mettre en perspective ce qui a été fait au cours de la session. On retient de sa présentation qu’il a été «mis en place aujourd’hui une commission qui va suivre le programme qui s’étend entre 2021 et 2030. Il s’agit des statistiques dans tous les domaines de la vie: l’économie, les finances, l’environnement», a enfin souligné le représentant du président de la Commission Cemac à ces travaux.

 

Obstacles

«Les principaux obstacles à la mise en œuvre de ce premier programme statistique sous-régional ont été entre autres l’insuffisance  des ressources humaines et financières et la faible mobilisation de l’accompagnement par les partenaires techniques et financiers», commence d’abord par déplorer le Pr Daniel Ona Ondo. Le président de la Commission de la Cemac ajoute ensuite que ce sont «les difficultés rencontrées par certains de nos États dans la remontée d’informations fiables, qui ont conduit nos chefs d’État lors de leur Conférence ordinaire tenue à Ndjamena en mars 2019, à réaffirmer le nécessité de la mise en place d’un système plus performant en matière de traitement de l’information statistique. Ceci pour le renforcement de la coordination des politiques économique, budgétaire et sectorielle». Et avec la survenue de la pandémie de Covid-19, mais également l’éclatement d’une guerre en Ukraine, le recours à ce système s’avère encore plus nécessaire. Puisque les États de la sous-région en auront besoin pour avoir une bonne lecture prévisionnelle de l’impact de ces crises sur l’activité économique dans la sous-région. Ils pourront ainsi procéder plus facilement aux ajustements budgétaires qui s’imposent.

Seulement, les statistiques ont la particularité d’être coûteuses.  «Le dernier recensement de la population date par exemple de dix ans au Cameroun et on se base dessus pour faire des projections. Le gros problème dans les statistiques c’est les ressources. Une opération comme le recensement demande énormément de ressources. Au Cameroun, c’est des milliards FCFA», souligne Roland Marc Lontchi  Tchoffo, directeur de la statistique à la Commission de la Cemac.

En tout état de cause, les directeurs généraux des instituts nationaux des statistiques, le directeur général de l’ISSEA et les directeurs généraux d’autres institutions communautaires étaient appelés à procéder à la validation de ce Programme. Il sera ensuite présenté au Conseil des ministres de l’UEAC.

Diane Kenfack

 

63,611 milliards FCFA pour sa réalisation

40% de ce coût sera mobilisé par les États membres et la Commission de la Cemac sur la durée du programme. Le reste le sera par les partenaires financiers.

 

L’opération 2008-2012 n’a pas porté ses fruits à cause du manque de données statistiques dans presque tous les secteurs. Et la Cemac compte rectifier le tir en mettant en place son programme décennal 2021-2030 établi sur quatre axes majeurs et 11 objectifs opérationnels. À savoir, «l’amélioration de la production  des statistiques  de qualité sous-régionale, la coordination de la production des statistiques de qualité de la sous-région, le développement des capacités institutionnelles durables du système statistique  et la promotion d’une culture de politique et de prise de décisions de qualité», apprend-on.  Le coût total du plan d’action décennal du programme Stat-Cemac est estimé à 63,611 milliards FCFA soit 96,974 millions d’euros répartis sur dix ans. «40% de ce coût sera mobilisé par les États membres et la Commission de la Cemac sur la durée du programme. Et celui complémentaire se fera auprès des partenaires techniques et financiers. Le programme statistique décennal 2021-2030 participe au renforcement de la coopération avec tous les partenaires traditionnels», a expliqué le Pr Daniel Ona Ondo, président de la Commission de la Cemac.

Le nouveau Programme Stat-Cemac couvre la période 2021-2030 et est arrimé à la stratégie pour l’harmonisation de la statistique en Afrique (SHaSA 2) de l’union africaine et à la Charte africaine de la statistique. Il se donne pour vision de mettre en place « un système statistique performant qui génère des informations statistiques fiables, harmonisées, disponibles à temps, couvrant toutes les dimensions du développement et de l’intégration politique, économique, sociale, environnementale et culturelle de la Cemac», dixit le  président de l’institution sous-régionale.

Les chefs d’État de la Cemac, lors de leur Sommet extraordinaire du 18 août 2021, ont adopté ce programme par décision n-01/21-Cemac-CCE-15. Stat-Cemac constitue ainsi le cadre de référence des activités statistiques de la Communauté sur la période 2021-2030. D’où la mise sur pied par la Commission de la Cemac du Comité sous-régional de la statistique en 2001, ainsi que l’adoption du premier programme statistique sous-régional en 2007 et qui couvrait la période 2008-2012.

Diane Kenfack

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