Bac 2021 : Au miroir des résultats

Pour une autre lecture de l’examen, l’OBC propose des détails sur la session de l’année dernière.  

Etienne Roger Minkoulou, le directeur de l’OBC, face à la presse

Il peut sembler surprenant d’aborder l’examen du baccalauréat en l’observant par l’amont et l’aval, des mois après une session. C’est à cet exercice que se livre l’OBC ce 9 mars 2022. En conférence de presse, Etienne Roger Minkoulou se justifie ; « Le grand public s’arrête toujours sur le premier au classement sans avoir un œil sur des subtilités. C’est de celles-ci que parle l’OBC ce jour ».

La suite que déploie le directeur de l’OBC dénonce  « une campagne de presse très dure postulant que le bac au Cameroun est décerné aux candidats ayant obtenu 06/20 ». « Il n’en est rien ! Seuls les candidats ayant obtenu 10/20 sont admis», martèle l’orateur.  Il souligne que  le palmarès du bac session 2021 au Cameroun intègre un éventail de facteurs explicatifs  appréhendant la réussite ou l’échec dans une perspective large. « Taux de réussite de 73,33% contre 47,22% en 2020, et 60,50% en 2019. Sur le plan national, les établissements qui ont brillé par leur rendement aux examens de la session 2021 se recrutent dans toutes les régions », assure Etienne Roger Minkoulou. « Le top 5 des meilleurs établissements de ces dernières années, baptisés les locomotives du sous-secteur des enseignements secondaires, a une fois de plus été respecté.

Le Collège Jean Tabi garde la dragée haute, avec un taux de réussite de 100%, suivi de près par le Collège François-Xavier Vogt, 99,75%. Viennent ensuite les Challengers qui essayent de bousculer cette hiérarchie, les suiveurs ayant un potentiel pour faire la différence, et ceux du dernier quart du tableau, qui cherchent encore leurs marques. Hormis les établissements, le classement a aussi mis les pleins feux sur les meilleurs candidats, champions sur le plan global ou alors champions dans des catégories spécifiques. 50 meilleurs ayant produit un taux de réussite supérieur à 80 % se répartissent par types d’examens ainsi qu’il suit : établissements publics (03) ;  établissements privés laïcs (23) ;  établissements privés confessionnels catholiques (24) », ajoute-t-il. D’autres détails présentent les bénéfices de la suppression de la note éliminatoire. « Ce principe était l’une des causes de plusieurs échecs aux examens officiels », dévoile Etienne Roger Minkoulou.

Originalité

« Le Palmarès 2021 porte en substance des données résultant d’épreuves des Baccalauréats qui se sont déroulées dans le contexte particulier d’implémentation de l’Approche par les Compétences, APC, encore nouvelle pour les candidats », situe le directeur de l’OBC. En conférence de presse ce jour, il relève surtout que « ce palmarès permet l’identification des disciplines scolaires pour lesquelles les candidats éprouvent des difficultés au regard des taux de réussite affichés ; elle permet de questionner, outre le niveau réel des élèves, la qualité des enseignements et le système d’évaluation ». Il est donc fondé, comme le propose Etienne Roger Minkoulou, de parler du baccalauréat afin d’en évaluer plus précisément tous les pans. « Car, dit le patron de l’OBC, à la nécessité d’allier les résultats globaux, les différents acteurs  se réclamant de la complémentarité avec l’OBC, les performances des candidats et des établissements scolaires, correspond la stratégie de l’accompagnement scolaire ».

Jean-René Meva’a Amougou

 

Sciences et techniques : Géométrie analytique des mauvaises performances

 

Aucun candidat au bac session 2021 (toutes séries confondues) n’a pas fait d’étincelles en mathématiques. Il y a même pire : 00/20 a été la note la plus apposée sur les copies des candidats ayant composé en « Procédés pétroliers », « Construction Mécanique » ou en « Procédés de Fabrication ». 

 

Interrogé sur cet état de choses, Etienne Roger Minkoulou refuse de croire ouvertement qu’un tour de vis a été donné aux épreuves proposées aux candidats. «Le sujet est tout à fait conforme au programme. Mais, il  y a un problème de fond qu’il faut résoudre au plus vite », lance-t-il subtilement, tout en validant que « les épreuves font aujourd’hui l’objet d’interrogations multiples et contradictoires liées aux nouvelles exigences d’une société tournée vers le numérique ».

Puisant dans son expérience, le directeur de l’OBC affirme : «le mauvais rendement de certains candidats dans quelques disciplines interpelle sur la qualité des sujets proposés aux apprenants, mais également sur celle des enseignements dispensés et sur le niveau réel de nos élèves. Les candidats sont parfois en avance par rapport aux enseignants. On doit faire en sorte que l’épreuve réponde à des critères dits  de compétences par opposition à ceux  de  savoirs  ou de  connaissances ».

À écouter Etienne Roger Minkoulou, il existe une impasse qui compromet aujourd’hui les capacités  des candidats, avec des sujets conçus avec des questions posées de façon déroutante. D’où son appel en direction de l’Inspection générale des enseignements (IGE). « Car, soutient-il, parler de réussite éducative, avec la connotation globalisante délibérément inscrite dans le terme, c’est aussi prendre en compte diverses dimensions ou facettes de ladite réussite ».

JRMA

 

LAURIERS ET LAURÉATS

Bacc session 2021 au Cameroun, c’est encore un excellent cru pour le Collège Jean Tabi de Yaoundé. Parmi les 1 871 établisse-
ments tous ordres d’enseignement confondus, cet établissement privé confessionnel catholique enfourche une nouvelle fois son  slogan de 100% de taux de réussite. En parallèle à cet honneur, est dévoilé le nom du dernier de la classe: le Centre d’Enseignement Général Technique et Normal la Perle. Avec 7,14 % d’admis, cet établissement de Yaoundé est la lanterne rouge au classement produit cette année par l’Office du baccalauréat du Cameroun (OBC). D’après cette institution, c’est à Fred Aurel Jiagho Tsabou (18 ans) que revient la palme de major national chez les garçons.

Pensionnaire du Collège François Xavier Vogt de Yaoundé, le jeune élève a décroché son bac C avec une moyenne de 17,27/20. Chez les filles, Ingrid Maeva Chekam (17 ans) qui postule comme meilleure lauréate nationale. Élève au Lycée de Soa (Centre), elle a obtenu 17,43/20 de moyenne au bac C. Aux dires de l’OBC, Yann Brandon Mbouebe Siewe est le jouvenceau de la foule d’amis à la session 2021 du bac au Cameroun. Produit du Lycée Bilingue de Mbanga (Littoral), il n’a que 12 ans et a obtenu son diplôme (série TI) avec une moyenne de 10/20. Au rang de jouvencelle, il y a Judith Audrey Obam (13 ans). Elle vient du Lycée Technique de Sangmélima (Sud) et a été admise au Brevet de Technicien industriel spécialité MISE avec une moyenne de 10,12/20. À 59 ans, Sylvie Renée Nkenlifack est la doyenne des lauréats. Candidate libre, elle a obtenu son baccalauréat série A4 Allemand avec 10,14/20 de moyenne au sous-centre du Lycée Bilingue de Dschang (Ouest).

Toujours selon l’OBC, c’est à Georgette Mylena Sandeau Akamba (19 ans) que revient le titre de Meilleur lauréat déficient. Élève au Collège Teerenstra (Est), elle a obtenu le baccalauréat série A4 Espagnol, avec une moyenne de 12,69/20. Michèle Lauraine Ditchieu Kamande (17 ans) est consacrée Meilleur lauréat aux examens de l’enseignement secondaire général. Élève au Collège Saint Cœur de Marie de Mbalmayo (Centre), elle a passé le Probatoire ESG, série C avec 17,75/20 (rendement supérieur à celui du meilleur lauréat national au baccalauréat ESG, en croire l’OBC). Inès Manuela Mendo Engamba est la meilleure lauréate aux examens de l’Enseignement Secondaire Technique et Professionnel.

Elle a obtenu le BT ST avec une moyenne de 15,83/20 au sous-centre du Lycée Technique Industriel et Commercial Bilingue de Yaoundé. Elle est âgée de 18 ans. Apparemment rien d’anormal… À ceci près qu’il s’agit là de performances noyées dans plusieurs paramètres. En effet, pour l’OBC, l’observation régulière et raisonnée des notes de différents candidats débouche sur des informations fiables et rationnellement construites. À l’OBC où l’on vante le sérieux des procédures statistiques, on croit aussi que les intentions les plus louables n’empêchent en rien de questionner certains indicateurs.

 

 

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