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Yacoubou Abdoulaye Alphaorou : «Nous avons convenu de lignes de garantie avec les banques présentes à PROMOTE»

Le représentant régional du Fonds africain de garantie et de coopération économique (Fagace) s’exprime au cours d’une visite au salon d’affaires.

Votre institution n’est pas toujours très connue du grand public. Que doit-on absolument savoir de vous?
Le Fonds africain de garantie et de coopération économique est pourtant une institution qui a été créée depuis 1977, cela fait 45 ans, et nous avons notre siège à Cotonou en République du Bénin. Nous avons une représentation au Cameroun qui couvre la zone Afrique centrale et nous avons également une représentation au Rwanda qui couvre l’Afrique de l’Est.

Qu’en est-il de vos missions?
Le Fagace est une institution qui intervient en garantie des crédits bancaires. Nous avons une activité qui est très essentielle aujourd’hui dans le financement des projets. Vous n’êtes pas sans savoir aujourd’hui que les opérateurs économiques quand ils montent leurs projets, s’adressent aux banques pour avoir des financements. Et dans cette quête, il y a un élément souvent qui fait défaut, c’est la garantie que les banques demandent. Le porteur de projet qui a une idée, un projet, qui a peut-être une petite somme pour ce qui est des fonds propres et qui demandent un crédit de l’ordre de 70% du coût du projet, fait donc souvent face au refus de la banque qui sollicite des garanties qu’il n’a pas. Comment doit-il faire dans ce cas-là? Faut-il abandonner le projet ou pas?

Les chefs d’État des pays membres du Fagace qui sont au nombre de 14 ont créé l’institution. On est un fonds de garantie multilatérale. Et le Cameroun a adhéré à cette institution qui vient avec des solutions à ce problème de garantie que les opérateurs économiques rencontrent dans la recherche des financements.

Que gagne votre institution à prendre part à un événement comme PROMOTE?
Je voudrais d’abord commencer par adresser mes félicitations aux organisateurs de l’édition. Mais comme il est facile de le constater, notre intérêt réside dans le fait que tout autour de nous, nous avons des opérateurs économiques, des artisans, des PME, des grandes entreprises. Et tout ce beau monde a besoin de crédit pour le développement de leurs activités. C’est donc notre cible qui se trouve ici.

Au début, nous faisions dans les grandes entreprises, mais depuis quelques années, nous avons mis l’accent sur le financement des PME. Nous accompagnons les PME pour qu’elles puissent avoir des crédits. C’est un maillon que les banques délaissent souvent. Mais avec notre accompagnement, nous arrivons à changer la donne.

Donc notre présence ici, c’est pour toucher du bout des doigts ce que ces entreprises réalisent, d’échanger et de discuter avec elles pour voir leur besoin en matière de financement. Nous avons également des banques avec lesquelles nous avons pu échanger pour également évaluer leurs besoins en matière de couverture pour qu’elles puissent accompagner les porteurs de projets. Ces échanges nous ont une fois de plus permis de saisir le rôle prépondérant que nous pouvons jouer dans le système de financement de ces projets.

Donc il y a des lignes de garantie que nous avons convenues avec les banques ici présentes. On va mettre en place des lignes de garanties auprès de ces banques pour qu’elles puissent les utiliser pour les PME-PMI que nous avons également rencontrées. Et auxquelles nous avons aussi donné des conseils et des informations sur l’existence de la garantie, sur son utilité, sur l’identité des banques auprès desquelles ils peuvent se rendre pour bénéficier de ces garanties.

Avez-vous eu le sentiment pendant les échanges que les gens avaient conscience de l’utilité d’un fonds de garantie?
Dans certaines zones la compréhension est plus évidente. Mais ici, nous travaillons pour que les gens comprennent qu’il y a cet outil qu’ils peuvent utiliser pour avoir des crédits. Dans certains pays, il y a des Fonds de garantie nationaux qui ont été créés par les États. Et nous en notre qualité de Fonds de garantie multilatéral, on appuie ces fonds de garantie nationaux pour faire un travail de base et de fond. Au Cameroun, il n’y a pas encore un fonds de garantie national. Nous travaillons justement avec les autorités pour en créer un, étant entendu que la sensibilisation doit être une activité continuelle pour que cet instrument soit utilisé à sa juste valeur.

Comment cela marche-t-il concrètement?
Tenez par exemple, lorsque vous avez 10 milliards FCFA, au lieu de les utiliser pour faire un crédit, si vous les injectez dans un fonds de garantie, le système de fonctionnement du fonds de garantie vous permet, avec un coefficient multiplicateur de 10, de donner des garanties à hauteur de 100 milliards FCFA lesquels vont également permettre aux banques de donner des crédits à hauteur de 200 milliards FCFA. Vous voyez l’effet multiplicateur. Et lorsque vous mettez ces 10 milliards dans une institution qui fait du crédit direct, cette institution fera des crédits à hauteur de de 10 milliards FCFA.

D’où donc l’importance des fonds de garanties et il faut que l’on puisse travailler tous ensemble pour des institutions de ce genre et qui elles-mêmes travaillent avec d’autres partenaires qui donnent des services non financiers. Nous par exemple, en dehors de l’activité de garantie, on travaille avec le Bureau de mise à niveau pour tout ce qui concerne l’encadrement et la mise à niveau. C’est des prestations non financières. Et nous après, en tant que garant, on accompagne auprès des banques pour donner notre garantie.

Est-ce que le fonds que vous représentez s’assure également des garanties de souveraineté?
Nous intervenons effet à la fois dans des projets publics et privés. Mais au niveau public aujourd’hui, la garantie souveraine de l’État ne peut pas être utilisée n’importe comment. Donc les États font recours au Fagace pour accorder sa garantie afin qu’ils puissent mobiliser des ressources pour réaliser des projets d’intérêt collectif. Et oui, nous intervenons dans ce secteur-là en faveur de nos États en ce qui concerne les projets publics et les projets en PPP.

Quel est votre niveau d’implantation en Afrique centrale?
Nous sommes à Douala à l’immeuble CNPS au 4ème étage. Et à partir de là nous couvrons aussi bien le Cameroun, le Tchad, le Congo, la RCA et très bientôt le Gabon qui a fait sa demande d’adhésion.

Propos recueillis par
Théodore Ayissi Ayissi

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