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Jeunesse camerounaise et emploi décent : Transformer le secteur minier en gisement

L’enjeu a constitué ce 18 février 2021 à Yaoundé, le fil rouge de la 2ème conférence-débat organisée sur cette thématique par le Consortium Dynamique mondiale des jeunes, Cradec, Adin et Transparency international-Cameroon.

Une cinquantaine de jeunes Camerounais présentant différents profils ont répondu à l’appel du Consortium Dynamique mondiale des jeunes (DMJ), Cradec, Adin et Transparency international-Cameroon. Ce vendredi 18 février à Yaoundé, ils ont pris part à la deuxième conférence-débat organisée sur le thème «Jeunesse, emploi décent et secteur minier au Cameroun». L’événement intervient dans le cadre «de la mise en œuvre de l’action ‘‘Gourvernance budgétaire pour la fourniture des services de base durable dans le respect de la préservation de l’environnement’’ financée par l’Union européenne». Jean Mballa Mballa, directeur exécutif du Cradec, s’est fait le devoir d’en rappeler les objectifs spécifiques. Il était notamment question «d’avoir une bonne compréhension commune de l’ODD 8 pour une meilleure appropriation des notions de travail décent et durable et d’économie illicite; faire une description du niveau de prise en compte de cet ODD dans le développement du secteur minier au Cameroun; échanger sur les gaps entre les principes, les textes et le respect des droits humains; et identifier sous forme de recommandations et résolutions, des pistes de solutions pour une meilleure domestication de l’ODD 8 dans ledit secteur».

État des lieux
Le secteur minier camerounais pourtant au fort potentiel ne peut pas en l’état actuel des choses être considéré comme un bon filon pour la jeunesse camerounaise. À en croire André Tsounkeu, Jean Mballa Mballa et Eric Etoga, il échoue encore à satisfaire à un certain nombre de critères considérés comme les fondements du travail décent. À savoir qu’«il doit fournir une rémunération permettant aux jeunes de subvenir à leurs besoins et de garantir leur prospérité, mais il doit également leur fournir un environnement de nature à assurer leur sécurité».
Or, les exemples sont légion et démontrent combien de «gros efforts sont encore à faire et combien l’environnement est à parfaire». «Nous avons aujourd’hui le code minier de 2016 qui définit des dispositions et qui reprend d’ailleurs les anciennes générations de codes miniers de la législation en la matière. Mais il reste attendu le décret d’application». Selon le directeur exécutif du Cradec, cela permettrait «de niveler un certain nombre de pratiques observées sur le terrain de manière à pouvoir améliorer les conditions de travail à tous points de vue, que ce soit sur les rémunérations ou que ce soit sur la prise en charge des conditions sociales en termes d’hygiène, de salubrité et de santé».

En faisant également valoir sa longue expérience en matière de suivi des activités minières au Cameroun, Eric Etoga fait un constat encore plus inquiétant. Pour ce cadre de DMJ, en effet, «l’observation n’est pas jusqu’ici positive». «On a des enfants qui se retrouvent dans des mines, des employés qui n’ont pas de contrats, pas d’équipements de protection face aux différents risques auxquels ils sont confrontés. Et quand ils y vont de leur propre initiative, ils ne mesurent pas toujours les risques qu’ils courent. Et en général, les femmes et les enfants s’y retrouvent très souvent parce qu’ils n’ont pas le choix», relève-t-il. Tout en se demandant «si l’administration à tous les moyens de faire le suivi et si les textes au Cameroun sont à jour?».

Pistes et piliers
En plus du code minier, quelques bonnes pratiques sont déjà à encourager. À l’instar de celle consistant «pour plusieurs organisations sur le terrain, à faire des sensibilisations pour ramener les enfants de la mine à l’école. Certaines ont même réussi à mobiliser les populations pour qu’elles puissent elles-mêmes construire des écoles pour assurer l’éducation de leurs enfants», se satisfont les représentants du Consortium. Il leur apparaît en effet que le droit à l’éducation est l’un des piliers du travail décent et de l’économie licite. Il doit simplement être complété par un cadre institutionnel et juridique. Le Processus de Kimberley étant un bon exemple dont on peut s’inspirer pour éviter par exemple le phénomène de «Blood Diamond».

 

Théodore Ayissi Ayissi

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