Lom Pangar, paroles aux actes

Comment le projet structurant est devenu une grande réalisation, en restant une grande ambition et une grande opportunité. Visite guidée.

Le barrage achevé

1-Barrage de retenue d’eau, une grande réalisation palpable
Mercredi 10 novembre 2021, dans la localité de Lom Pangar. Ambiance de jour ordinaire. Calme plat au barrage de retenue d’eau. L’impressionnante infrastructure achevée en 2016 révèle toute sa splendeur aux visiteurs. Une digue d’une hauteur de 45 mètres sur une longueur de 1100m, pour retenir 6 milliards de m3 d’eau. «Actuellement, c’est la période de remplissage du barrage», explique Ibrahima Tizi, responsable de la communication de la société Electricity development corportaion. Et de poursuivre, «le barrage est actuellement rempli au 2/3 de sa capacité, soit 4 milliards de m3 d’eau».

Un remplissage qui ne nécessite pas une présence humaine. «Nos ingénieurs passent au barrage à des heures précises pour des vérifications de routine. Le reste du temps, ils sont dans leurs bureaux, où ils contrôlent tout à partir de leurs ordinateurs», indique Ibrahima Tizi, communicant d’EDC. L’édification de cet ouvrage a donné naissance à une mer d’eau qui s’étend à perte de vue en amont de la retenue d’eau. On y voit des pirogues de pêcheurs en pleine activité sur des eaux noires et calmes. En aval du barrage, c’est le contraire. Une seule vanne ouverte évacue l’eau en la propulsant brutalement. Cette eau, à la couleur boueuse, descend retrouver le lit de la Sanaga. «C’est le minimum écologique, pour maintenir la vie sur le canal conduisant à la Sanaga», détaille Ibrahima Tizi.

L’usine de pied en cours de construction

La mise en fonctionnement du barrage – réservoir de Lom Pangar impacte au quotidien la production d’énergie électrique au Cameroun. Explication d’EDC: «Le gouvernement ambitionnait de construire Lom Pangar pour avoir un barrage-réservoir amont, qui a quand-même une grande capacité réservoir de 6 milliards de m3 d’eau, et qui permet de réguler le débit de la Sanaga en saison sèche, de saturer ce débit et de remonter la production des barrages d’Édéa et de Song-Loulou d’une puissance de 170 mégawatts. Tout ceci grâce à l’eau de Lom Pangar.

Parce qu’avec ce barrage, le débit de la Sanaga passe aujourd’hui de 600 à plus de 1040 m3 d’eau seconde. Ce qui est important. Et en termes de chiffres, c’est l’économie de gasoil que l’opérateur Eneo peut faire, parce que ça fait plusieurs milliards FCFA qui sont économisés grâce à Lom Pangar. Mais ça c’est le court terme. À moyen terme, Lom Pangar permet de construire de nouveaux barrages sur le bassin de la Sanaga, notamment le barrage de Nachtigal. Ce barrage est construit parce que Lom Pangar existe. Puisqu’en réalité, c’est Lom Pangar qui apporte à ce barrage au moins la moitié de sa puissance garantie. Et donc, sur environ plus de 400 mégawatts, on a grâce à Lom Pangar au moins 200 mégawatts qui viennent de la puissance hydraulique de ce barrage. Ceci pour dire en résumé que Lom Pangar est un véritable projet structurant».

Maisons en construction des éco-gardes

2-Usine de pied, une grande ambition maitrisée
Lom Pangar, c’est aussi l’usine de pied actuellement en chantier. Intégrée dans la partie arrière du barrage de retenue d’eau, la centrale hydroélectrique en construction emploie 180 personnels dont une vingtaine d’ingénieurs. La succursale camerounaise de CIMA International assure la maitrise d’œuvre. Celle-ci comprend la conception de la centrale, le devis des performances, le contrôle du respect des performances des travaux. EDC et un constructeur chinois conduisent les travaux. À en croire Belobo Michel Rodrigue, ingénieur du projet de l’usine de pied, «le gros du travail est fait, en l’occurrence tout le gros œuvre, qui a consommé 77500 tonnes de béton».

Actuellement, la concentration du travail est orientée sur les quatre conduites forcées d’eau appelées à faire tourner les quatre turbines de la centrale hydroélectrique. Aucun accident enregistré jusqu’ici dans cette fourmilière. L’équipe Hygiène sécurité environnement (HSE) invoque l’observance sans faiblesse des exigences sécuritaires consécutives à une stratégie de veille et de prévention bien huilée. Pour l’ingénieur du projet, le bon rythme des travaux laisse entrevoir la première production de l’énergie électrique en avril 2022. A l’en croire, au moins une turbine devrait entrer en fonctionnement à cette date-là.

A la livraison complète de ce chantier, la centrale hydroélectrique devrait produire 30 mégawatts d’électricité. De fait, précise Ibrahima Tizi, «la région de l’Est n’est pas jusque-là connectée au Réseau interconnecté Sud. La construction de l’usine au pied du barrage vient garantir l’autonomie énergétique de la région de l’Est».

Aujourd’hui, le chantier de cette usine mobilise EDC au premier niveau. «On est très avancé dans la construction. On estime à un peu plus de 60% le taux d’avancement. Et les estimations montrent que le premier groupe peut tourner au cours du mois d’avril, mai 2022. Ce qui est important», confirme Ibrahima Tizi.

Le débarcadère

En même temps, les travaux de la ligne 90 kilovolts d’évacuation d’énergie de Lom Pangar sont en train de se poursuivre. Sur le trajet routier Lom Pangar-Bertoua, l’on observe de géantes pilonnes en cours d’installation. Le poste de transformation de Bertoua est aussi en construction. En même temps, les travaux de la ligne haute tension Bertoua-Batouri et Bertoua-Abong-Mbang sont en cours. Suffisant pour être optimiste à EDC: «aujourd’hui de façon globale, le projet Lom Pangar est maîtrisé dans toutes ses composantes».

3-Volet environnemental et social, une grande opportunité à saisir par tous
Le parc naturel de Deng Deng, le débarcadère de Ouami, le nouveau village des habitants de relocalisés de Lom Pangar, etc. La liste des opportunités nées du projet structurant Lom Pangar n’est pas exhaustive.

Dans les faits, Lom Pangar est devenu un véritable pôle économique en structuration. Un passage éclair au débarcadère artisanal de Ouami donne à découvrir un haut lieu de pêche et de commerce du poisson. Avec à la clé, un marché complet, des fabriques de pirogues, une gare routière, des sites archaïques de conservation de poissons… Le grand défi ici est la modernisation de l’infrastructure de pêche et des méthodes de conservation des fruits de la pêche. A ce sujet, des organisations non gouvernementales (en l’occurrence SNV) et EDC travaillent à faciliter les opportunités à saisir par les populations. Exemple concret: un débarcadère construit en matériaux définitifs est presque achevé. Ses équipements sont en cours d’acquisition.

La protection de l’environnement monte également en puissance. Un village destiné à héberger les éco-gardes et leurs familles est en train de sortir de terre dans la réserve de Deng Deng. Une dizaine de villas modernes en finition, première phase d’un marché de construction d’une vingtaine de villas. Près d’un milliard et demi de FCFA déjà décaissés par EDC. Au village des recasés de Lom Pangar, les maisons construites par EDC sont en augmentation depuis les trois dernières années. On y voit des populations bien installées, avec des modes de vie propres au milieu. Une belle réintégration à l’espace socio – environnemental. C’est dire si les 40 milliards de FCFA investis par EDC sur les volets social et environnemental portent de bons fruits. Qui restent néanmoins d’un goût amer pour certains mauvais joueurs, heureusement moins nombreux.

Thierry Ndong Owona, à Lom Pangar

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