Après la formation… : Les débouchés varient selon les États

Il y a des situations propres à chaque pays, qui aident à comprendre la diversité des expériences vécues par les «Cemaciens».

Campus de l’ISSEA à Yaoundé

«Attention, on ne se lance pas dans une école spécialisée de la Cemac simplement par hasard». La mine de Florent Mouyombon est presqu’éteinte. Diplômé de l’École de l’hôtellerie et du tourisme (EHT-CEMAC) depuis 2017, il sait qu’au Cameroun où il est né depuis plus d’une vingtaine d’années, l’espace des possibles professionnels exclu la Fonction publique. «Cela n’a rien d’exceptionnel et s’inscrit bien dans un contexte national où le message en vogue propose de former non des ouvriers ou des employés, mais des jeunes gens ayant une culture de l’auto-emploi», aborde Boniface Owono, conseiller d’orientation en service à l’Université de Yaoundé I.

Selon lui, bien que la Fonction publique ne soit pas le point de chute de tous diplômés d’une école spécialisée de la Cemac, l’éventail des professions exercées à la sortie est large, comme en atteste le devenir immédiat des anciens. «Pour ceux qui ont fait leurs humanités dans une école comme EHT-CEMAC, les chances de mobilité professionnelle ascendante sont logiquement plus fortes avec des structures de tourisme et d’hôtellerie qui sortent de terre dans les grandes et même les petites localités du pays», vante Boniface Owono.

En Guinée Équatoriale, la loi détermine les garanties fondamentales accordées aux diplômés des écoles spécialisées de la Cemac. «Dans notre pays, il n’y a pas que des usines qui ferment et des métiers qui disparaissent. Il existe aussi de nouvelles professions, poussées par l’essor des nouvelles technologies, et des métiers dont la demande n’arrive jamais à être satisfaite. C’est le cas des agents de douanes moulés selon la tendance avant-gardiste promue par l’École inter-États des Douanes (EIED)», renseigne Pelayo Ndong Owono Abang, le directeur général de l’institution provisoirement installée à Malabo. «Vu sous cet angle, le recrutement direct des anciens de l’EIED s’inscrit dans une logique de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences, et dans le cadre d’une politique de ressources humaines en lien avec les orientations stratégiques des autorités équato-guinéennes», scande Pelayo Ndong Owono Abang.

La semaine dernière, au cours d’un entretien informel, Dr. Francial Giscard Baudin Libengue Dobele-Kpoka, le directeur général de l’Institut sous-régional de statistique et d’économie appliquée (ISSEA) s’est félicité du «taux d’insertion élevé, 99%» des diplômés de la structure qu’il dirige. À la vérité, «après l’ISSEA, c’est la Fonction publique de chaque pays qui ramasse ses ressortissants pour un emploi immédiat», souffle une source à la représentation Cameroun de la Cemac.

Faut-il recruter les diplômés camerounais de la 6e promotion de l’Institut de l’économie et des finances (pôle régional de formation des régies financières d’Afrique centrale, IEF-PR) dans la Fonction publique de leur pays? Faut-il les laisser «se débrouiller» eux-mêmes? Louis-Paul Motaze veut enfoncer une punaise dans la peau de la main de Joseph Anderson Lé. En sa qualité de ministre des Finances (Minfi), le premier plaide pour la clarification de la situation administrative des produits de l’IEF-PR, impliqués (depuis le 2 décembre 2019) «avec dévouement au travail» au Minfi. Pour le second, l’intégration de ces «Cemaciens» (formés dans les filières trésor, économie et finances, douanes et impôts) à la Fonction publique ne saurait être automatique. À l’entendre, le ministre camerounais de la Fonction publique et de la Réforme administrative (Minfopra) n’a pas la même compréhension de l’article 73 du Règlement portant régime des études de l’IEF-PR.
Et du coup, dans les viscères du ressenti collectif, il y a matière à débat lorsqu’on aborde la question des débouchés des produits des instituts de formation de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (Cemac).

1-Institut sous-régional de statistique et d’économie appliquée (ISSEA) (Yaoundé, Cameroun)

•propose quatre filières de formation : Ingénieur Statisticien Economiste (ISE) ; Technicien Supérieur de la Statistique (TSS) ; Ingénieur d’application de la Statistique (IAS) et Agent Technique de la Statistique (ATS).

• La durée de la formation varie de 1 à 4 ans selon les filières.

•Accès direct à la Fonction publique des États.

2-École inter-États des Douanes (EIED)

•L’EIED-Cemac a été créée le 22 décembre 1972 lors de la 8ème session du Conseil des Chefs d’État de l’Union douanière et économique de l’Afrique centrale (Udeac) tenue à Brazzaville.
•Le siège de l’EIED est fixé à Bangui (RCA). Mais en raison du climat d’insécurité qui a prévalu dans l’État de siège, son siège a été provisoirement délocalisé à Bata en Guinée Équatoriale.
•L’EIED-Cemac offre deux (02) catégories de formations professionnelles :
a) La formation douanière avec quatre (4) niveaux (Préposés, Agents de constatation Contrôleurs et Inspecteurs).
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b) La formation des opérateurs économiques.
Le Conseil d’administration de l’EIED a approuvé l’ouverture d’un cycle de formation des Déclarant en Douanes. Le programme et le contenu de cette formation sont au stade d’études.

Accès à la Fonction publique selon les besoins de chaque État.

3-École de l’hôtellerie et du tourisme (EHT-CEMAC) (Ngaoundéré, Cameroun)
Créée en 1987 par le gouvernement camerounais, est devenue par Acte Additionnel n°02/02/CEMAC-06-PE-CE du 30 août 2002, l’École de l’Hôtellerie et du Tourisme de la CEMAC (EHT-CEMAC), ce qui lui a conféré un caractère communautaire et porté son inscription sur la liste des Institutions Spécialisées de l’Union économique de l’Afrique centrale (UEAC). L’EHT-Cemac s’inscrit dans l’axe4 du Programme économique régional (PER) mettant un accent particulier sur le renforcement du capital humain qui constitue un des grands défis à relever par les Chefs d’État de la CEMAC, à l’effet de faire de l’Afrique centrale une destination touristique émergente et d’atteindre à l’horizon 2035, une émergence économique.

4-Institut sous-régional multisectoriel de technologie appliquée, de planification et d’évaluation des projets (Libreville, Gabon)
Créée en 1980 à Brazzaville (Congo) par les Chefs d’États de l’Union douanière et économique de l’Afrique centrale (Udeac) devenue Cemac en 1994. Il a pour mission: la formation et le perfectionnement des ressources humaines de la sous-région ;- la réalisation des études et conseils dans plusieurs domaines liés aux projets de développement; former des cadres des États membres de la Cemac en Master Analyse et Évaluation de projets et de les perfectionner à l’utilisation aux outils et techniques de conception, de réalisation et de suivi-évaluation des projets de développement. Accès limité à la Fonction publique.

Source : Cemac

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