Fotrac 2021 : Dix jours entre réflexions, découvertes et rencontres

Susciter des débats, parcourir la Zone des trois frontières, favoriser le contact des peuples de la sous-région, voir en vrai les freins à la libre-circulation des personnes et des biens dans une partie de l’Afrique centrale… Le package du Réseau des femmes actives d’Afrique centrale (Refac) a servi à la construction d’un autre versant de l’intégration.

Le gouverneur de la région du Sud aux côtés de la promotrice de la Fotrac

«Ce qui est ajouté à une chose déjà complète» : en guise de nouvelle définition, on pourrait l’appliquer à la 12e édition de la Foire transfrontalière annuelle d’Afrique centrale (Fotrac). «En donner encore davantage aux passionnés de l’intégration sous régionale ; décrypter les décisions et éclairer le débat, analyser les enjeux et permettre aux citoyens de la Cemac de voir plus loin que le jeu politicien». Tel que décliné par Danielle Nlate, c’est l’objectif que s’est fixé le Refac du 19 au 29 août 2021 à Kye-Ossi (Sud-Cameroun).

Libre échange
Dans la zone des trois frontières, l’agenda de cette organisation a bien traduit sa détermination à peser dans le débat public. En témoigne les exposés articulés autour du thème : «Booster les échanges intrarégionaux pour la paix, le développement socio-économique et culturel de l’Afrique malgré le Covid-19». Pour le public présent, ce libellé évoque la naissance d’un environnement commercial qui charrie à la fois espérance et élan vital pour l’Afrique entière. Selon un représentant du Port autonome de Douala, «la facilitation des échanges c’est la simplification, la modernisation et l’harmonisation du processus d’importation et d’exportation». Il ajoute qu’il faut des produits de bonne qualité des différents pays pour susciter les échanges entre les pays. «La Zlecaf nous fait savoir qu’il y a des institutions qui travaillent pour l’amélioration des conditions d’accès des biens et des personnes. Aussi, il faut une réduction des frontières entre les différentes zones où ont lieu ces échanges. Ce libre-échange doit aussi se faire par les femmes», avance Diamantino Angelo Marta de l’Angola.
Intégration

Dans le but de donner à cet événement l’essence même de l’intégration sous-régionale, les organisateurs de la Fotrac ont fait une descente au Gabon et en Guinée Équatoriale, malgré la fermeture hermétique des frontières. Ils se sont rendus à Bitam au Gabon ce 25 août 2021. Au menu de la visite, un atelier sur la criminalité transfrontalière et transnationale, co-animé par le Refac, la GIZ et l’organisation gabonaise pour la bonne gouvernance. Le lendemain, la ville d’Ebebiyin en Guinée Équatoriale a accueilli à son tour la délégation de la Fotrac. En marge du road-show, il y a également eu une séance de travail entre le Refac et la préfète d’Ebebiyin. Les deux parties relèvent que les variants et .les soubresauts sanitaires sont certes des périls pour l’intégration sous régionale, mais cette foire montre que les échanges entre les pays de la Cemac sont possibles malgré le Covid-19.

Dans les stands
Les stands de la foire ont favorisé les découvertes, les échangent et les attractions aux visiteurs, participants et exposants dans le département de la Vallée du Ntem. Les Camerounais, beaucoup plus les autochtones, ont donné à cet événement une couleur de rencontre et de sympathie. «Nous sommes contents de voir qu’en plus des Guinéens et des Gabonais, d’autres africains» se dévoile Anicet Eyina. Sa satisfaction est au comble lors de la visite des stands: «cet événement m’a permis de rencontrer une dame de Sao Tomé et Principe. Nous avons échangé en espagnol et j’ai beaucoup apprécié ses produits à base de coco», poursuit le visiteur. En effet, Izaite Vera Cruz est présente dans cette foire pour montrer son savoir-faire sur les produits dérivés de la noix de coco : huile, savon, poudre pour le gommage et pour laver les dents. Il n’y a pas qu’Anicet Eyina qui s’intéresse au stand de la jeune dame, des femmes de plusieurs nationalités l’abordent et s’empressent de prendre ses contacts. «Je lui ai demandée de revenir la prochaine fois», déclare une autre dame. Madame Goumba Tala venue du Sénégal expose sur les accessoires de beauté : «quand je venais, je pensais faire une grande affaire en vendant mes produits, mais au contraire, je suis émue par les contacts que j’ai eus avec les gens d’ici. Je me sens chez moi en terre africaine».

D’autres personnes à l’instar de Jeanne Atangana ont fait de la foire un lieu de tourisme. L’enseignante venue du Nord Cameroun a fait le voyage pour la découverte : «c’est ma première fois d’assister à cette foire. J’avais entendu parlé et comme ça devait avoir lieu à la frontière, j’ai décidé de faire le déplacement pour découverte». La découverte rend joyeuse Leïla Zoungoula : «j’ai mangé l’okok avec du bâton, j’ai goûté au matango, j’ai aussi aimé le éru avec foufou». Serge Dimitri Ongmagne dans le domaine de l’art plastique, a un autre avis sur l’organisation de la foire: «Il faut qu’on mette un accent particulier sur la publicité de l’événement et revoir à quel moment on doit l’organiser pour éviter des frustrations dues à la veille de la rentrée scolaire parce que les gens apprécient beaucoup nos stands mais ils ont peur de faire les dépenses».

Excursion : La Guinée Équatoriale… Si loin, si proche

Fouler le sol de ce pays situé à un jet de pierre de Kyé-Ossi relève de la croix et de la bannière pour les étrangers.

Le lieu s’appelle «Chaîne». Entre Kyé-Ossi au Cameroun et Ebebiyin en Guinée Équatoriale, c’est l’un des invariant du décor frontalier. Ce 26 août 2021, en partance pour le chef-lieu de la province du Kié-Ntem, la délégation du Refac a dû expérimenter les tracasseries administratives en guise de barbelés, côté équato-guinéen. Ici, les obstacles changent sans cesse. il faut d’abord faire un test PCR ou antigénique moins de 72 heures avant toute demande d’entrée. Être vacciné ou non ne change rien à la donne, mais la contrainte reste classique. Les choses se compliquent ensuite. Malabo a mis en place un système informel pour classer les pays selon leur niveau de risques. Pour les policiers et douaniers équato-guinéens, le Cameroun ploie depuis plus d’un an sous le poids d’une triste réputaion de «pays à haut risque». Contrôles au facies avec leur dose de subjectivité, la delegation du Refac obtient finalement «son entrée», au bout de deux heures de tractations et de conciliabules. Et ça ne s’arrête pas ici. Une fois dans le pays d’Obiang Nguema, , la police municipale est partout. Les emplettes faites par les étrangers sont contrôlées.

Presvualie Ngo Mwaha (stagiaire)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *