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La grise mine des villes de la sous-région

«The Economist Intelligence Unit», la division de recherche et d’analyse de «The Economist Group» est l’une des plus grandes bases de données participatives sur les villes et les pays du monde. La plateforme vient de dévoiler son classement 2021 des villes les plus sûres grâce à une estimation du niveau global de la qualité de vie sur un territoire donné. Un bon indicateur pour qui ambitionne de s’expatrier.

Les mesures sanitaires imposées par les autorités depuis le début de la pandémie de coronavirus en mars 2020 continuent d’impacter la qualité de vie des citoyens des différents pays du monde. Mais tous les États n’ont pas géré cette crise de la même manière et les taux d’incidence varient eux aussi d’un pays à l’autre. C’est donc sans surprise que la Nouvelle-Zélande, plusieurs fois érigée en exemple pour sa gestion de l’épidémie, se classe en tête du classement. Les données permettant d’établir cette enquête ont été recueillies entre le 22 février et le 21 mars 2021. Les résultats s’appuient sur une trentaine de critères comme : la gestion de la crise sanitaire; l’efficacité et la rapidité à mettre en place des campagnes de vaccination; la capacité à enrayer la propagation du virus et donc à lever les restrictions le plus tôt; l’accès aux soins de santé, l’éducation; la culture et l’environnement; la stabilité politique.

 

Elles se retrouvent pour la plupart dans le bas du tableau, la ville de Bangui, capitale de la RCA, occupant la dernière position mondiale.

Une vue de Libreville, la capitale gabonaise.

Libreville (Gabon)
Libreville compte un peu moins d’un million d’habitants. Le pays est très urbanisé en comparaison de ses voisins, avec un taux d’urbanisation à 87,1%. De plus, Avec un score de 56,67 points sur 100, la capitale gabonaise se classe au 1er rang en Afrique centrale en termes de qualité de vie. Libreville offre également une qualité de vie supérieure aux métropoles africaines comme Dakar, Abidjan, Accra, Nairobi, Lusaka ou encore la ville pétrolière nigériane de Port-Harcourt.

D’autre part, selon les statistiques du Fonds monétaire international pour l’année 2020, les Gabonais sont les citoyens les plus nantis de la sous-région avec un PIB/habitant de 7185 dollars (4,3 millions FCFA) contre 7131 dollars (4,2 millions FCFA) pour les voisins Équato-guinéens. Cependant, la redistribution de cette richesse est particulièrement inégale, ce qui contribue à l’augmentation de la pauvreté dans les zones rurales, mais aussi, de plus en plus, dans les bidonvilles qui s’étalent à Libreville la capitale, et à Port-Gentil, la capitale économique du pays et la principale zone d’exportation du pétrole.

Yaoundé (Cameroun)
La capitale camerounaise qui arrive au 24ème rang africain est l’endroit où il fait bon vivre au Cameroun. Elle est talonnée à l’échelle africaine par la ville de Douala, selon le cabinet de conseil en ressources humaines, en santé, en retraite et en investissement Memer. L’état de satisfaction des ménages en matière de besoins minimums dans les domaines de l’alimentation, de l’habillement, du logement, de l’équipement du ménage, de la santé, les soins du corps, le transport, la communication, le loisir, l’éducation et les réseaux relationnels, révèle que près de quatre ménages sur 10 se déclarent non satisfaits en ces besoins minimums, hormis la santé où l’on a 43,1%.

Quel que soit le poste de dépense considéré, les non pauvres se déclarent plus fréquemment satisfaits que les pauvres. S’agissant de perception qu’ont les ménages de l’aisance dans laquelle ils vivent, près de sept ménages sur 10 s’estiment pauvres. Au sujet des causes de la pauvreté, les trois principales causes citées sont, par ordre d’importance décroissante : le manque d’emploi, la corruption ou la mauvaise gestion, et la baisse ou l’insuffisance de revenus. La principale action attendue du gouvernement par les ménages est la création des emplois.

Brazzaville (Congo)
La capitale Brazzaville, située juste en face de celle de la République Démocratique du Congo, Kinshasa et ses plus de 12 millions d’habitants, a vu sa population exploser ces dernières années et connue une forte hausse d’insécurité alimentaire. Selon les études, on estime que plus du tiers (35,3%) des ménages de Brazzaville sont en insécurité alimentaire, soit environ 700 000 personnes. 78% des ménages déclarent que leurs revenus ont diminué au cours des trois derniers mois. 83% des ménages ont contracté des dettes au cours des trois derniers mois (40% emprunt d’argent pour achat de nourriture et 34,5% pour des dépenses de santé).

Nutrition des enfants de moins de cinq ans Seuls 48,2% des enfants âgés de 6 à 23 mois ont un régime alimentaire minimal, c’est-à-dire qu’ils ont consommé au moins quatre groupes alimentaires et au moins deux repas par jour. Les arrondissements les plus affectés sont les trois arrondissements périphériques de Madibou, Djiri et Mfilou, où plus de 50% des ménages ne mangent pas à leur faim. Elle devrait atteindre les 2 millions d’habitants prochainement. Les infrastructures sanitaires et sociales sont très en deçà de ce que l’on pourrait attendre d’un pays riche en ressources et dont le développement économique, même s’il repose essentiellement sur l’exportation de cette richesse brute, est en pleine expansion.

Transports, écoles, hôpitaux, infrastructures diverses, tout manque et n’est pas à la hauteur des attentes de la population, qui peine à joindre les deux bouts. La population autochtone, les fameux Pygmées, comptait 43 378 personnes sur le territoire lors du dernier recensement de 2007, soit seulement 1,2% de la population totale du pays. Elle est principalement présente dans les régions nord du Congo.

Ndjamena, Tchad
La ville de Ndjamena, quoique capitale, est une petite bourgade. La ville est confrontée à des niveaux élevés d’insécurité alimentaire, de malnutrition et de graves lacunes dans la fourniture de services sociaux de base tels que l’éducation, la santé et la protection sociale. Les ménages agro-pastoraux pauvres de la bande sahélienne touchés par les chocs climatiques doivent généralement faire face à la migration vers les centres urbains pour chercher du travail et envoyer des fonds aux membres de la famille qui sont restés dans les villages. Cette migration se fait beaucoup en direction de la ville de Ndjamena.

Les conséquences sociales de la COVID-19 touchent la santé, la nutrition, l’éducation entre autres. Pour ce qui est de l’alimentation, sur le plan national, l’analyse consensuelle utilisant l’outil Cadre Harmonisé a fait ressortir 15 départements en crise et 38 départements en phase sous pression. En outre, environ 82 000 travailleurs journaliers à Ndjamena ont vu leurs revenus affectés par la crise. D’un autre côté, la ville fait face aux défis d’inondations en saison pluvieuse. Comme en novembre 2020 où plus de 2000 ménages étaient sans abri à Ndjamena. Le PIB par Tchadien progresse de 10,9% pour s’élever à 710 dollars en 2021. Un chiffre qui vaut au pays la 16e place au triste classement des nations les moins riches de la planète.

Bangui (RCA)
Les conditions de sécurité sont précaires dans l’ensemble du pays et peuvent se dégrader soudainement. À Bangui, malgré une importante présence des forces de sécurité, le risque de violences incontrôlées reste élevé. En termes de qualité de vie, l’analyse permet de constater que la moitié de la population de Bangui est pauvre. La capitale concentre 16% de la population du pays et près de 12% des pauvres. Le milieu urbain compte environ 60% de pauvres dans sa population. À l’opposé, le milieu rural connaît un taux de pauvreté de près de 72%. Avec un poids démographique équivalent à 62% de la population du pays, le milieu rural concentre près des deux tiers des pauvres. Cette forte concentration des pauvres en milieu rural découle de la combinaison d’un taux de pauvreté plus élevé et d’un poids démographique important.

Au niveau national, les inégalités en RCA sont importantes mais restent dans la moyenne de ce que l’on rencontre généralement en Afrique subsaharienne. Le niveau moyen de consommation par équivalent adulte des 20% des ménages les plus riches est près de dix fois plus élevé que celui des 20% les plus pauvres. Un examen des inégalités au sein des régions (cf. Tableau 1) tend à montrer que les régions les plus pauvres ne sont pas nécessairement les plus inégalitaires. Ainsi, la région 6, la deuxième région la plus pauvre, possède l’indice de Gini le plus faible (répartition de la richesse la moins inégalitaire), tandis que la Région 3, la plus pauvre, affiche un indice de niveau moyen. A contrario, à l’exception notable de Bangui, la pauvreté est la moins importante dans les autres régions où les inégalités tendent à être élevées.

Landry Kamdem

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