Yaoundé-Bruxelles : Les grandes lignes du partenariat à l’ère post-FED

Elles ont été abordées le 10 juin dernier à Yaoundé au cours d’une audience marathon entre le Minepat et l’ambassadeur, chef de la délégation de l’Union européenne au Cameroun.

Alamine Ousmane Mey et Philippe Van Damme (ac), accompagnés de leurs proches collaborateurs.

Elle était censée durer deux heures. Mais l’audience accordée ce 10 juin 2021 à Yaoundé par le ministre de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat) à l’ambassadeur, chef de la délégation de l’Union européenne au Cameroun, en a finalement duré une de plus. Dans une ambiance et un contexte diplomatiques où tous les signes comptent, trois paramètres au moins permettaient de présager, voire de justifier la longueur des échanges entre Alamine Ousmane Mey et Philippe Van Damme.

Pour le premier, il appelle à prendre en compte la richesse, la densité, la diversité et l’ancienneté du partenariat entre le Cameroun et l’Union européenne (UE), le premier Fonds européen de développement (1er FED) datant de 1958. Selon le chef de la délégation de l’Union européenne au Cameroun d’ailleurs, «il y a une évolution graduelle qui s’est faite. Il n’y a pas de rupture avec le passé». Et à l’aube d’une nouvelle ère, le deuxième paramètre invite, quant à lui, à faire un état des lieux et à tenir compte de l’épaisseur actuelle du portefeuille actif de l’UE dans notre pays. À date, il est évalué à 726 millions d’euros et rendait de ce fait obligatoire le passage en revue des projets et programmes.

Quant à la dernière considération, enfin, elle est résumée par Philippe Van Damme, lui-même, dans une de ses déclarations à l’issue de l’audience. Aux hommes des médias, en effet, le diplomate européen a indiqué que «c’était la première vraie réunion avec le Minepat et nous avons fait un tour d’horizon de l’ensemble de notre coopération. Nous avons surtout aussi discuté des perspectives d’avenir».

Post-Cotonou et Post-FED
Plusieurs points étaient à l’ordre du jour de l’audience du 10 juin dernier. Mais tous convergeaient vers la définition des nouveaux axes du partenariat entre la partie camerounaise et la partie européenne. S’exprimant sur cette nouvelle configuration, Philippe Van Damme a fait le même constat en étant plus précis. «Nous quittons le cadre de Cotonou et du Fonds européen de développement pour passer dans une nouvelle ère post-Cotonou avec une coopération tout aussi intense, mais dans un cadre de développement modifié et adapté aux nouvelles vérités du monde». Au vu de cela, les échanges de jeudi dernier visaient alors à approfondir la réflexion pour voir «ensemble comment organiser cette nouvelle époque de coopération», ont fait valoir Alamine Ousmane Mey et son hôte.

Attentes du Cameroun
Au rang des questions encore en suspens, il y a celles qui portent sur l’APE, sur la programmation 2021-2027 de l’UE, sur la coopération régionale et sur l’Accord post-Cotonou. Et sur chacun de ces points, le Minepat, Alamine Ousmane Mey, a exprimé les attentes du Cameroun et fait valoir les arguments du gouvernement.

S’agissant d’abord de l’APE et de l’Impact fiscal net (IFN), le Cameroun a enregistré au 31 mars 2021 des moins-values fiscales de l’ordre de 25,136 milliards FCFA. Même s’il existe des divergences de vues entre les deux parties à ce sujet, «le Cameroun se dit en droit d’attendre soit une atténuation des effets de l’IFN, soit une compensation», laisse-t-on entendre à la Cellule d’appui à l’ordonnateur national du FED (CAON). De même, le Cameroun a fait parvenir à la partie européenne un document de plaidoyer. Selon la CAON, il s’agit en réalité du programme camerounais d’appui à la mise en œuvre de l’APE. Actuellement en étude à l’UE, il devrait bénéficier prochainement des financements européens.

D’un autre côté, des préoccupations existent également à propos de la règle d’origine. Et sur ce point, Philippe Van Damme a indiqué qu’«il a été convenu qu’on allait essayer de régler l’aspect règle d’origine dans les meilleurs délais, et cela a été reconfirmé par le Minepat aujourd’hui. Cet aspect devrait se régler rapidement et on devra passer à l’étape suivante dans le cadre de l’APE».

En ce qui concerne la Programmation 2021-2027 de l’UE, les discussions sont encore en cours avec le cluster local et se sont poursuivies pendant l’audience. Cependant, deux activités suscitent déjà l’intérêt du Cameroun. «Il s’agit de l’activité de soutien à la Sodecoton et de la mission d’identification d’un Programme de développement urbain», a révélé Aliou Adoullahi, coordonnateur de la CAON.

Au plan de la coopération régionale, le nouveau visage du partenariat veut qu’il n’y ait plus d’enveloppe régionale ou continentale. Et pour le chef de la délégation de l’UE au Cameroun, cela s’explique par le fait que «de facto, nous sommes déjà passés dans l’ère post-Fed». À en croire le diplomate européen, le Cameroun n’a toutefois pas à s’en faire, bien au contraire. Puisque «comme vous le savez, il joue un rôle très important dans la coopération régionale, tant au niveau de la conceptualisation des programmes qu’en matière de mise en œuvre».

Quant à l’ère post-Cotonou dans laquelle entre le nouveau partenariat OEACP-UE, elle pose comme principal problème celui de la coordination appelée à remplacer la CAON. Mais pour l’heure on ne sait rien de la configuration que celle-ci prendra. Philippe Van Damme s’est simplement contenté de relever à ce propos que «nous n’avons ni de problème de dialogue, ni de problème d’interlocuteur. Nous n’avons pas non plus de problème d’alignement».

Théodore Ayissi Ayissi

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *