Pharmacopée ouest-africaine : Aux grands maux, petits remèdes

Les breuvages et plantes médicinales proposés par des ressortissants de cette partie du continent ont fini par s’imposer aux Camerounais comme des palliatifs à la médecine moderne et à celle de leurs terroirs.

Quelques produits traditionnels exposés au marché Congo.

Demandez-lui une tisane miraculeuse contre le paludisme ou les hémorroïdes, «Dr Moussa» vous propose instantanément une gamme de produits. Ceux qui en sont adeptes les appellent «produits traditionnels». Les sceptiques ou les critiques les désigneront sous le vocable de «produits non évaluées». Au marché Congo (Douala 3e) où il officie, il dit développer une approche scientifique des écorces, racines et feuilles venues de sa Guinée natale. En tout cas, il confie avoir sélectionné les plantes dont la toxicologie est bien connue et ayant fait la preuve de leur efficacité dans des études cliniques validées.

Ça tombe bien, car de nombreux habitants de Douala, en plein doute face aux médicaments classiques et tenaillés par la pauvreté, se tournent massivement vers ces solutions naturelles. Sans qu’il y ait une hiérarchie dans les commandes, Moussa cite de mémoire «le Djangoun Gannan, l’Artémésia, Hermani, la fleur de Jéricho, le Vertivert (Ngongoli), comme quelques-unes des plantes qui passent le plus sur le marché». Et selon ce Guinéen qui revendique une certaine expérience dans le métier, «cela tient précisément de ce que ces plantes faisant partie de la pharmacopée traditionnelle africaine, sont réputées pour soigner le paludisme, le sida, le diabète, le mal de nerf, mais également les infections chroniques, la gonococcie, les hémorroïdes, les problèmes de foi et les troubles du système immunitaire et digestif…».

Mais les révélations ne s’arrêtent pas là. Bien installé derrière son comptoir, Bernard Djedou, fabricant et commerçant béninois, tient à lever un pan de voile sur une réalité jusque-là occultée par ses collègues. «Si ces produits naturels sont aussi prisés, c’est bien parce qu’ils connaissent un grand succès dans la guérison des maladies surtout mystiques». Et le commerçant d’ajouter en insistant sur le substantif de «remèdes» que «ceux-ci varient entre 500 FCFA et 10 000 FCFA en fonction de l’efficacité». Pour s’approvisionner, ce «Docteur» va lui-même dans d’autres pays étrangers (Benin, Togo, Mali et Côte d’Ivoire notamment) ou reçoit par livraison les plantes.

Les commerçants assurent que pour ce qui est de la clientèle, celle-ci se recrute parmi les Camerounais de tous âges qui veulent simplement recouvrer leur santé. Au vu du contexte que connait actuellement le Cameroun, ils ont en effet fait le constat que plusieurs Camerounais manifestent de plus en plus leur intérêt pour la pharmacopée traditionnelle. C’est le cas de cette Dame qui assume «préférer se référer aux produits naturels confectionnés par nos frères au lieu d’aller se faire injecter un vaccin qui présente des effets secondaires et qui mène à la mort».

Du propre aveu des commerçants et fabricants, toutefois, les produits traditionnels ne laissent pas non plus les Européens indifférents. «Ces derniers disent être satisfaits des produits africains», indique l’un d’entre eux qui précise qu’en ce qui le concerne, «le comptoir est ouvert aux personnes de tout âge, de tous les sexes et de toutes les nationalités. La posologie des médicaments diffère en fonction du médicament et du degré de la maladie».

Diane Kenfack

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *