INTÉGRATION RÉGIONALEZOOM

Cemac des peuples : La société civile en parent pauvre !

C’est le fil d’ariane du plaidoyer émis au cours de la visioconférence inédite qui a permis d’échanger à bâtons rompus avec les principaux plénipotentiaires communautaires.

Le Président de l’UEAC et le Président de la Commission, principaux orateurs institutionnels

Quelle Cemac des peuples sans la base ? Les hostilités étaient lancées par le Réseau des femmes actives de l’Afrique centrale (Refac) ! L’organisation promotrice de la Foire transfrontalière de l’Afrique centrale (Fotrac) n’a pas rongé son frein pour émettre ses préoccupations, ses propositions et son plaidoyer. Son constat: la baisse des lignes budgétaires allouées à la promotion de l’idéal communautaire qui fait en sorte que la sensibilisation et la mobilisation des acteurs cibles soient inefficaces sur le terrain. Même s’il s’agit d’une conséquence des déséquilibres budgétaires liés à la chute des contributions financières des États de la Cemac du fait des chocs exogènes qui exercent une forte pression sur les finances publiques, le Refac indique qu’il est impossible de raviver le sentiment d’appartenance communautaire des citoyens sans activités de mobilisation. Pourtant, la Fotrac a été institué pour servir de plateforme d’expression et d’espace de relais à la Cemac. De même, la coupe de la Cemac est aujourd’hui un vestige oublié de la période de vache.

De son côté, l’association synergie des jeunes de la Cemac ( ) va indiquer que c’est cet abandon des accompagnements de la Cemac qui empêche de faire de la sensibilisation sur le territoire communautaire. Et pourtant, il y a tellement de jeunes, de femmes et d’entrepreneurs qui ne sachent à quoi renvoie cette Cemac. À partir de ce moment, la Cemac reste «un sujet de certains». La présidente de la SJ Cemac, Sandrine Bahida, va d’ailleurs inviter le président de la Commission à ne pas évoquer la rareté des ressources, car appuyer la société c’est un investissement.

«Comment comprendre que l’Union européenne soit enseignée aux secondaires et à l’Université et pas la Cemac ? L’éducation et la sensibilisation peuvent aider à combattre les écueils à la libre circulation des biens et des personnes sur les corridors», assène le Refac.

Vers un nouveau pacte
Ces messages, la société civile intégrée ne peut pas les exprimer dans le cadre d’un processus décisionnel dédié. Parce qu’il «n’y a pas de mécanisme d’association de la société civile non marchande au processus d’intégration de la Cemac», regrette le Refac appuyé par la Jeunesse Solidaire de la Cemac (JS Cemac).

Pourtant, les organisations de la société se disent prêtent à être les bras séculiers de la Commission de la Cemac. Elles peuvent faire du plaidoyer auprès des États pour maintenir à un niveau satisfaisant les contributions inhérentes à la Taxe communautaire d’intégration (TCI), faire un contrôle citoyen au niveau des corridors pour confondre les agents de contrôle véreux ou simplement plaider auprès des États un minimum de respect des actes additionnels, directives et décisions de la Communauté.

Pour cela, il faut que les organisations de la société civile soient intégrées comme partenaires. Dans une belle métaphore, le Refac indique au cours de la visioconférence que «quand les négociations se cristallisent entre les États, le cri des femmes peut être ce lubrifiant qui fait repartir la machine».

Echelle de priorité
Les autorités communautaires présentes ont salué la qualité des interventions et surtout le niveau de connaissance et d’actions de la société civile. Pour sa part, le président de la Commission de la Cemac, professeur Daniel Ona Ondo, confiera que «les besoins sont illimités mais les ressources sont limités. Je suis contraint de rationaliser avec le minimum de recettes à ma disposition. Mais la société civile n’est pas complètement absente de notre action, la preuve vous êtes là. Nous travaillons avec les chambres de commerces des États, les transporteurs etc. Toutefois, nous sommes satisfaits et prenons bonne note des plaidoyers».

Le ministre de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire du Cameroun, président du Conseil des ministres de l’Union économique de l’Afrique centrale (UEAC), Alamine Ousmane Mey, modérateur et président de séance précise: «nous subissons une des crises les plus violentes de notre histoire. Nous sortons d’une chute drastique des prix des matières premières. Nous sommes sensibles à votre plaidoyer pour davantage de mobilisation et de profondeur. Nous serons les premiers bénéficiaires, car c’est notre message que vous portez».

 

Intégration totale !

La question pourrait être : qui s’intègre dans la Cemac? C’est l’une des questions qui dominent ce 16 mars 2021.
La Cemac veut atteindre quel niveau réel d’intégration ? Cette question est vite répondue car la vision c’est celle de la «Cemac des peuples». Eh bien, qui incarne la Cemac des peuples si ce n’est la base ?

En milieu urbain et pire en milieu rural, la Cemac est une donnée abstraite que seuls des privilégiés manipulent. Pour échapper à cette intégration des intellectuels, des départements ministériels et de quelques opérateurs économiques opportunistes, la société civile se déploie pour faire foule autour du processus d’intégration.

Mais cet acteur nouveau n’a pas de fauteuil autour de la table. Pire, il ne bénéficie presque pas d’accompagnement. Même si bien entendu des balbutiements d’implication existent bel et bien !

Alors que la pandémie laisse peu de places aux grands fora d’échange sur la trajectoire de la marche commune de la sous-région, le virtuel permet un brassage 2.0.

Ce 16 mars 2021, il y a donc un mélange de reddition de compte, de plaidoyer, d’évaluation et de démocratie. Les principales autorités de la communauté en tête à tête avec les jeunes et les femmes. Un moyen de préserver justement les acquis de l’intégration en contexte sanitaire et sécuritaire difficile.

C’est peut-être le dernier acte d’une présidence camerounaise de la Cemac censée prendre fin le 24 mars 2021. Un mandat qui aura trop été dans les processus décisionnels. Peut-être aimantée par les urgences du contexte. Il fallait bien en faire profiter les leaders d’association : à travers eux les peuples qui composent leurs organisations.

Mobilisation : atouts, réalités et défis dans un contexte d’incertitudes. C’est le Zoom du Journal Intégration de cette semaine.

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