Faciliter l’adhésion par l’émotion

Depuis les travaux fondateurs de Gabriel Tarde, sociologue français du XIXe siècle, et en particulier son ouvrage Les lois de l’imitation, le recours à la représentation physique du leader d’opinion pour faciliter l’adhésion par l’émotion est un procédé bien connu. Il s’avère même très ancien. L’exposition des représentations du corps du Christ et des saint(e)s, des rois et des reines, et même de simples défunts ont tour à tour sidéré les collectifs.

Émouvoir pour faire agir repose sur un besoin social d’imitation afin de se sentir appartenir à un collectif. Toute communauté s’identifie à la figure charismatique ou au leader en qui elle a confiance. Le passage à l’action sur ordre du leader se diffusera par imitation entre les individus qui se sentent ainsi appartenir à la communauté.

Par la professionnalisation de la communication, comment accentuer le pouvoir affectif du leader? En «spectacularisant» son apparence. La projection affective est d’autant plus aisée qu’elle se trouve sémiotiquement construite afin de déclencher les émotions rassurantes. La campagne de François Mitterrand par Jacques Séguéla «La force tranquille» inaugure l’usage des corps pour déclencher les émotions désirées.

Le recours à l’image de la Reine Élisabeth II pour inciter les Anglais à respecter les règles imposées par la Covid-19 repose sur le même mécanisme. En 2021, l’image des corps construits des sportifs, des acteurs et autres célébrités est régulièrement associée à des campagnes de communication dans le but de favoriser l’imitation. Le mécanisme est d’autant plus efficace à mesure que le spectateur est anxieux, inquiet, voire apeuré face à une situation qu’il ne maîtrise pas. S’il n’est pas en mesure de décider, car émotionnellement fragilisé, il délègue plus facilement sa confiance sur une personnalité qu’il estime source de confiance, ou qu’il juge authentique. Son jugement repose alors sur les émotions qu’il ressent et dont la valeur de vérité l’emporte sur les arguments verbaux.

 

Sens interdit au Covid

Prises le 10 mars dernier, les interdictions et obligations formulées par le Mintransports à l’endroit «des usagers de tous les modes de transports», peuvent être regroupées en mesures d’ordre général et mesures d’ordre spécifique. Pour la première catégorie et sans être exhaustif, on retrouve par exemple des obligations liées au port du masque, à la désinfection quotidienne et systématique des mains, à la mise en place des dispositifs y afférents, à l’organisation des embarquements et débarquements, ainsi que des interdictions liées à la surcharge et au regroupement de plus de 50 personnes dans le hall d’embarquement.

Pour leur part, les mesures d’ordre spécifique concernent des cibles clairement identifiées à l’instar des Centres de formation professionnelle du secteur des Transports; le transport interurbain, périurbain, urbain et rural de personnes; et le transport des marchandises en transit. En plus d’intégrer toutes les prescriptions d’ordre général, ces mesures imposent également pour le cas des marchandises, un contrôle sanitaire systématique des équipages des camions aux checkpoints conventionnels et aux frontières. Désormais, il appartient aux «responsables des services centraux, déconcentrés et des structures sous-tutelle du Mintranports, aux autorités administratives, aux collectivités territoriales décentralisées et aux forces de maintien de l’ordre», de veiller à la stricte application desdites mesures gouvernementales.

Théodore Ayissi Ayissi


Les élèves déficients auditifs abandonnés

La lutte contre le covid-19 est difficile pour le personnel en charge d’éduquer les enfants déficients auditifs. Pour la simple raison, le gouvernement n’apporte aide supplémentaire à l’École spécialisée pour enfants déficients auditifs (Eseda) de Yaoundé. Depuis le début de la pandémie, cet institut est abandonné ni matériel désinfectant, et masques n’ont été distribués par les autorités. «J’avoue que le gouvernement ne nous a pas encore apporté un appui substantiel. Parce que en fait, on se serait attendu qu’il nous donne les masques pour les enfants, mais nous n’avons rien reçu, on se serait attendu que le gouvernement nous donne les désinfectants comme les gels hydro alcooliques, seaux pour laver les mains et même du savon, jusqu’à présent nous n’avons reçu aucun apport venant du gouvernement. Nous nous battons avec le peu de moyens que nous avons pour appliquer les mesures barrières édictées par le gouvernement», déclare le Paul Njock Secrétaire exécutif de la Fondation Hélène Ressicaud pour l’Education et la Promotion des Personnes déficientes auditives (Feppda), fondatrice de l’Eseda.

Olivier Mbessité

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