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Guinée Equatoriale : L’inaction de la CEMAC face à la catastrophe de Bata

Pas un seul pays membre de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) n’ait réagi à l’aide humanitaire sollicitée par ce petit pays frappé il y a quelques jours par de vastes explosions qui ont tué plus 100 personnes déjà.

Guinée Equatoriale, l’incaction de la Cemac face à la

Les Etats de la CEMAC s’inquiètent-t-il du sort de l’un de leur membre ? Cela fait plus d’une semaine que l’on sait que 04 terrifiantes explosions accidentelles ont ravagé un camp militaire et des quartiers environnants à Bata, en Guinée équatoriale. Le bilan de ce drame dépasse 105 morts et pas moins de 615 blessés. Face à cette situation, Malabo a lancé un appel à la communauté internationale et aux bienfaiteurs pour qu’ils soutiennent la Guinée équatoriale « en ces moments difficiles » qui coïncident avec la crise économique résultant de la chute des prix du pétrole et de la pandémie de Covid-19.

Inertie de la CEMAC

Pourtant la CEMAC,  qui dans ses textes s’engage  à apporter aide et assistance humanitaire à l’un des Etats membres en cas de détresse, n’a toujours pas bougé le petit doigt. Comment comprendre une telle situation ? Aliyou Sali, spécialiste en Droit Communautaire et Comparé CEMAC, fait savoir que « les Etats de la CEMAC sont comme la plupart des Etats de l’Afrique, déchirés par de nombreuses crises et la pauvreté qui affaiblissent la communauté ». Ils sont confrontés, chacun, à des problèmes internes qui portent considérablement atteinte à la sécurité dans la sous-région. Ainsi, chaque Etat donne la priorité à sa sécurité nationale (politique, santé, crise économique, conflits, etc.). Ces crises au sein des Etats membres de la CEMAC les affaiblissent et ne leur permettent pas d’avoir des capacités pour agir vers l’extérieur.

Quand la nature a horreur du vide

Les pays membres se sont contentés d’adresser leurs condoléances au gouvernement de Teodoro Obiang Nguema Mbasogo et aux familles des victimes des explosions meurtrières de Bata. Comme la nature a horreur du vide, plusieurs Etats à travers le monde n’ont pas hésité à répondre à l’appel lancé par les autorités équato-guinéennes. C’est le cas de l’Espagne, l’ancienne puissance coloniale.  Après un échange téléphonique avec le président Obiang Nguema, Simeon Oyono Esono, Arancha Gonzalez, la ministre espagnole des Affaires étrangères, a annoncé l’envoi « immédiat » d’une cargaison d’aide humanitaire. Un premier avion de matériel médical (2600 kilos) a atterri à Malabo depuis le mardi 9 mars. La France a annoncé également l’envoi de matériel médical, de dix démineurs de la Sécurité civile, de tentes et de kits cuisines pour les sinistrés notamment. Les États-Unis, quant à eux, ont envoyé des experts pour aider « le gouvernement dans ses efforts d’évaluation des dégâts et de reconstruction ».Les autorités israéliennes ont aussi dépêché  une délégation spéciale composée de médecins spécialistes et de pédiatres ainsi que de militaires, selon un communiqué du ministère de la Santé.

La ville de Bata abrite environ 800 000 des quelque 1,4 million d’habitants de ce petit État riche de son pétrole et de son gaz mais où la grande majorité de la population vit sous le seuil de pauvreté. Ce port, sur la partie continentale du pays, dans le Golfe de Guinée, est également littéralement coupé de la capitale Malabo, située sur l’île de Bioko: depuis plusieurs semaines, les autorités ont suspendu toutes les liaisons aériennes et maritimes pour ralentir la propagation du coronavirus. Depuis le drame, seuls des avions militaires et du gouvernement font le trajet.

Landry Kamdem

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