PANORAMAPORTRAIT DÉCOUVERTE

Yaoundé-Bafoussam by night : Le danger à tous les tournants

Suite aux fréquents accidents de la circulation sur cet axe routier, votre journal a décidé de faire le voyage nocturne en empruntant l’itinéraire allant de la capitale politique du Cameroun au chef-lieu de la région de l’Ouest. Afin de comprendre le choix particulier de ces déplacements effectués au moment où la journée se termine.

Des voyageurs prêts à partir malgré les risques.

22h00. Gare routière du quartier Mimboman à Yaoundé, un samedi soir de ce sixième jour du mois de février. Elles sont nombreuses, les agences de voyage, à commencer leur activité ici quand la nôtre s’achève. Alors que la ville s’en dort, une imposante foule inonde le terminus. Pendant que les chargeurs des compagnies de voyage placent les bagages des passagers dans les soutes de bus, les passagers préfèrent se désaltérer dans les bars ou grignoter quelques morceaux de sandwich en attendant l’embarquement. Tous ont pour principale destination Bafoussam. La route menant au chef-lieu de la région de l’Ouest est réputée dangereuse, en raison des nombreux accidents majoritairement enregistrés à la tombée de la nuit.

Conditions de voyage
00h30 départ du bus. Comme la nôtre, la quasi-totalité des voitures utilisées ici ne correspondent pas aux standards internationaux de confort et de sécurité. Nous sommes entassés comme dans une boîte de sardines, sans climatisation et dans un contexte marqué par l’épidémie du coronavirus : aucun passager ne possède un masque, même pas le chauffeur. «La mère, le corona existe en Europe et non ici (Cameroun, Ndlr). Toutes les personnes infectées viennent de l’Europe», lance le convoyeur à une dame qui se plaignait d’être serrée et lui rappelait les mesures barrières imposées par le gouvernement.

S’insurgeant aussi contre la forte chaleur ressentie dans le bus, les vitres du véhicule sont laissées légèrement ouvertes pour faire passer l’air. Quelques minutes après le début du voyage, un passager se lève et commence à exposer divers produits (médicaments et friandises). Éloquence, faible coût des produits (500 FCFA, 250 FCFA), il parvient tout de même à convaincre quelques voyageurs que ses produits de naturopathie sont de bonnes qualités et soignent plusieurs maladies à la fois (maux de têtes, migraines, paludisme, mal de dents, etc.). Après sa besogne, il quitte finalement le bus à la sortie de la ville, précisément au quartier Nkozoa.

Route sans éclairage public
2h30 du matin. Une bonne partie du trajet a déjà été effectuée et sans le moindre contrôle de police ou de gendarmerie. Selon les informations, la prévention se déroule plus en journée que pendant la nuit. Dans ces conditions, notre chauffeur comme la plupart des conducteurs ne s’embarrassent pas pour les limitations de vitesse. Et ce sont alors des fusées qui défilent à longueur de nuit sur l’axe Yaoundé-Bafoussam. Pourtant, le trajet n’est pas sécurisé. Sans véritable éclairage public sur près de 300 km, la route est également parsemée de bosses, de nids-de-poule et trop étroite. Nous constatons alors qu’un dépassement effectué pourrait provoquer un accident mortel et propulser notre véhicule dans les buissons et ravins qui jalonnent l’itinéraire.

Avantages des voyages de nuit
Malgré tous ces risques, pourquoi les voyages de nuit sont-ils si fréquents entre Yaoundé et Bafoussam? Il y a quantité d’explications à cela qui sont notamment d’ordre économique. Par exemple, explique le convoyeur de bus que nous avons interrogé, une agence de transport exploite des bus pour différents trajets.

À chaque fois qu’un bus est immobilisé, l’agence perd de l’argent. Les compagnies s’assurent donc de maximiser les temps de voyages et ne peuvent pas se permettre de stationner les véhicules à la gare tous les soirs et payer le temps de parking. Du côté des passagers, l’on avance que prendre la route en soirée permet de profiter des routes moins encombrées qu’en journée. Un trafic plus fluide, c’est forcément moins d’embouteillages, moins de temps passé sur la route. Et donc de meilleures chances de pouvoir se reposer dans le calme après une dure journée de travail.

À 6h00, le jour se lève. Le bus de 70 places s’arrête à la gare routière à Bafoussam. Tous les passagers descendent et visiblement heureux d’être arrivés à destination malgré un brin de fatigue. Aux alentours, des vendeurs proposent déjà du pain chaud. C’est ici que s’arrête le voyage pour certains passagers. D’autres, par contre, vont de nouveau emprunter un second moyen de transport (taxi ou moto) pour se rendre à leurs dernières destinations. Ce sont généralement les villages avoisinant la ville de Bafoussam.

Landry Kamdem

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *