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Port de Kribi : Sur la vague de la bonne performance

L’indication est du directeur général Patrice Melom qui a présidé une réunion d’évaluation des activités commerciales de l’infrastructure portuaire au cours de l’année écoulée.

Les indicateurs du Port de Kribi au vert malgré la pandemie.

C’est vrai, janvier est dédié aux vœux. En entreprise, le premier mois de l’année offre l’occasion de faire des bilans. C’est le cas du Port autonome de Kribi (PAK), où en ce début d’année 2021, des détails sur l’activité commerciale des douze derniers mois ont été présentés le 26 janvier dernier. Présidée par Patrice Melom, le DG du PAK, une rencontre multisectorielle placée dans un double contexte de contraction économique et de crise sanitaire mondiale liée à la Covid-19 s’est tenue à Kribi.
Pour l’essentiel, il s’agissait d’évaluer les résultats de leurs activités au titre de l’exercice 2020, avec à la clé une présentation de quelques chiffres clés de l’exploitation portuaire en 2020. «Il convient d’indiquer d’emblée que le PAK tout comme la Douane ont pour mission, entre autres, de faciliter le commerce international. Une facilitation commerciale qui consiste notamment à améliorer et simplifier les procédures au profit des usagers du Port», a indiqué Patrice Melom.

S’il y a un secteur dont les indicateurs sont restés au vert au cours de l’année dernière, c’est bien celui des escales navires. Le Port de Kribi a en effet enregistré une belle croissance sur le nombre d’escales, qui s’est établi, malgré la Covid-19, à plus de 460 escales en 2020, comparativement à 331 escales en 2019. Des usines installées sur le domaine portuaire ont démarré leurs opérations d’exploitation, à l’instar de Tractafric et d’Atlantic Cocao Company (ACC). 2020 consacre également le passage de l’exploitation du Terminal Polyvalent en régie indirect à une concession véritable, «une transition qui s’est effectuée avec méthode et douceur», selon le DG.

À la suite de ces performances non exhaustives, Patrice Melom a précisé les aspects sur lesquels le PAK souhaite travailler en 2021. Notamment: lutter contre la pénibilité des usagers ; l’effectivité de la dématérialisation des procédures du commerce extérieur au Port de Kribi afin de faciliter davantage le passage des marchandises et le partage de l’information entre acteurs du commerce extérieur; la sensibilisation sur les pratiques déviantes (surcoûts illégaux ou paiement non prévu par les textes) qui ne doivent absolument pas prendre corps au Port de Kribi avec l’évolution du trafic et l’aménagement du domaine portuaire.

Le DG a également exposé les attentes qui devront être au cœur des échanges. Notamment: le maintien de l’attrait du Port de Kribi pour en faire un hub régional et incontournable dans le Golfe de Guinée ; le développement et l’adaptation de l’offre de services portuaires aux évolutions des filières utilisatrices ; l’amélioration de l’insertion du Port dans son environnement urbain et naturel ; et le renforcement de l’accessibilité du Port en lien avec les autorités douanières.

1- Plus de 460 escales navires accueillis en 2020
Le Port autonome de Kribi (PAK) affirme avoir enregistré «une belle croissance sur le nombre d’escales navires», qui s’est établi à plus de 460 en 2020 contre 331 escales en 2019 et 295 escales en 2018. Depuis le 2 mars 2018, date de sa mise en exploitation, le PAK a franchi la barre symbolique de 1000 escales accueillies au quatrième trimestre 2020.

L’année 2020 a également enregistré le lancement de la première ligne de cabotage conteneurisé entre le Port de Kribi et celui de Douala. L’activité est conduite par l’entreprise Camship-CLGG. Le premier navire porte-conteneurs a accosté le 3 novembre 2020 à Kribi. Les usines installées sur le domaine portuaire ont également démarré leurs opérations d’exploitation. C’est notamment le cas d’Atlantic Cocoa Corporation (ACC) pour la transformation du cacao et de TRACTAFRIC pour le montage des engins de BTP.

2-La Chine, premier partenaire du PAK
Le trafic import a quasiment triplé entre 2019 et 2020 sur le terminal à conteneurs. Le volume export a quant à lui représenté plus de 93% du trafic. Les conteneurs débarqués à Kribi ont été chargés dans 220 ports différents. La Chine est le premier partenaire à l’import du Port de Kribi avec plus de 106 000 tonnages de marchandises. L’essentiel des produits asiatiques sont des produits de construction, les machines, les appareils électriques, ainsi que les produits alimentaires. L’Empire du Milieu est également le premier partenaire du PAK à l’export. L’essentiel des produits à destination de ce pays sont le bois en grume, en débites. A destination de l’Europe, les produits emportés sont les dérivés de cacao (beurre, tourteaux, fèves).

3-115 milliards FCFA collectés
L’on a assisté en 2020 au renforcement des relations entre le PAK et les Douanes. Heureuse collaboration qui a permis de réduire le nombre de contrôle sur le tronçon Kribi – Edéa par le déplacement de la barrière HALCOMI et la relance des activités du COMITE Mixte Douane-PAK au bénéfice de la facilité des opérations de dédouanement au Port de Kribi. En décembre 2020, le Secteur Sud II a enregistré une performance mémorable avec 12 Milliards de recettes collectées, soit un taux de réalisation de 120%. Grace à la bonne collaboration des douanes avec les opérateurs économiques et les acteurs portuaires, le Secteur Sud II est devenu le 2e contributeur aux recettes de la direction générale des Douanes derrière le Littoral 1, supplantant ainsi le Secteur Sud-Ouest et Littoral 2. Depuis mars 2018, le Secteur Sud II a collecté 115 Milliards FCFA dont 74 Mds en 2020 (+184%).

4- Dématérialisation
L’un des enjeux de la dématérialisation des procédures est en effet de compresser chaque jour davantage les délais de passage des marchandises dans les ports camerounais. Sur les dernières années, Douala a fait de grands bonds en avant, passant de 20 à 10 jours, même si l’on a pu noter ces temps derniers, un léger rallongement des délais. Sur Kribi, les performances sont encore meilleures : cinq jours à l’import et deux jours à l’export ; ce qui place ce dernier dans les meilleures plateformes africaines.

Selon les responsables du PAK, la dématérialisation est ainsi un facteur-clef du schéma global de facilitation du commerce transfrontalier dans lequel le Port de Kribi s’invite comme un maillon de la chaîne logistique des filières de croissance. Un maillon qui a la particularité de réunir plusieurs activités permettant le passage de la marchandise et un traitement rapide des navires commerciaux. Selon modeste Ako’o, directeur d’exploitation du PAK, «ces acteurs doivent interagir et échanger entre eux et agir aussi sur le processus de passage physique qui se superpose à plusieurs autres flux, dont notamment les flux d’informations». Aussi, ajoute-t-il, la dématérialisation des supports qui accompagne les marchandises est utilisée pour rendre plus fluides et sécurisables ces flux d’information, au moyen de l’utilisation accrue des ordinateurs en réseau entre plusieurs acteurs portuaires, au sein d’une plateforme électronique unique. Cette dernière a pour rôle de réduire les points d’accès des usagers aux dispositifs intégrés de dédouanement et des formalités administratives. Il en est de même pour le paiement des droits et taxes douanières et des prestations rendues par les membres de la communauté portuaire.

Ce qu’il convient de retenir, selon le président du Groupement des importateurs de RCA, c’est que «la dématérialisation n’est pas une fin en soi. Elle doit s’inscrire en effet dans une démarche globale qui consiste à expurger du port au préalable, toutes les procédures sans valeur ajoutée ou redondantes, qui pénalisent fortement, en ce moment même, la compétitivité globale des corridors camerounais sur le Tchad et la Centrafrique». Raison pour laquelle, selon Gabriel Manimben, directeur général de l’Agence des Prestations maritimes, «il faut clairement encourager tous les acteurs à se structurer et à former massivement leurs personnels, qu’ils soient privés ou publics».

5- 400 milliards FCFA pour les travaux de la phase 2
Dans une note publiée dans le dossier d’information du PAK, l’on apprend que les travaux de la 2e phase de construction du Port en eau profonde de Kribi, d’un coût global d’environ 400 milliards FCFA, permettront de doter cette plateforme portuaire d’un 2e terminal à conteneurs de 750 mètres, soit deux fois plus long que le premier. Selon Alain Patrick Mpilla Ayissi, le directeur de l’Aménagement et de l’Environnement au PAK, initialement prévu pour 42 mois, ces travaux devraient finalement être bouclés en 36 mois, en considérant les travaux réalisés dans la phase préparatoire, entre novembre 2017 et novembre 2018. Ce qui laisse entrevoir une livraison du chantier en 2023.

À en croire le directeur de l’aménagement et de l’environnement au PAK, ces travaux de la 2e phase, réalisés par la société chinoise CHEC, consisteront au prolongement du mur de quai de 715 mètres, au rallongement de la digue de protection de 675 mètres, et à l’aménagement de la chaussée portuaire couvrant une superficie globale d’environ 37 hectares. Il est également prévu l’aménagement d’une aire de stockage de conteneurs sur une superficie d’environ 19 hectares; la fabrication et la fourniture des équipements portuaires, dont cinq portiques de quai, 15 portiques de parc, trois chargeurs pour conteneurs vides, 25 tracteurs ; ainsi que la construction de bâtiments.

Mis en service en mars 2018, le Port en eau profonde de Kribi, qui revendique le plus grand tirant d’eau sur la côte ouest-africaine (16 mètres), dispose actuellement de deux terminaux. Un terminal à conteneurs de 350 mètres de long opéré par le consortium Bolloré-CHEC-CMA CGM, et un terminal polyvalent, géré en régie par KPMO, une coentreprise regroupant des opérateurs portuaires locaux. En plus des travaux de la 2e phase, en cours de réalisation, le développement de cette infrastructure portuaire intègre également, sur le long terme, la construction d’un terminal hydrocarbures et d’un terminal minéralier, qui permettra d’exporter les minerais de la région de l’Est du Cameroun.

À l’horizon 2040, il est prévu le développement d’une infrastructure portuaire comprenant 20 terminaux sur 6,5 km de linéaire de quai capable de traiter 100 millions de tonnes de marchandises par an.

Landry Kamdem

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