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Lutte contre la cybercriminalité au Cameroun : La coalition nationale en ordre de marche

Elle compte déjà dans ses rangs les autorités de la ville de Douala, mais surtout les jeunes que le Minpostel a rencontrés les 17 et 18 décembre derniers à l’occasion de la campagne nationale pour la promotion de la culture de la cybersécurité.

Gagner la bataille contre la cybercriminalité, c’est depuis quelques semaines le principal leitmotiv du ministre des Postes et Télécommunications (Minpostel). Rien de mieux alors pour y parvenir que de veiller à ce que les Camerounais, dans leur globalité, soient «tous mobilisés pour la cybersécurité au Cameroun». En mettant en avant cette interpellation les 17 et 18 décembre derniers à Douala, Minette Libom Li Likeng a justement rappelé qu’elle constitue, en réalité, le thème de la campagne nationale pour la promotion de la culture de la cybersécurité et la sensibilisation à l’utilisation responsable des réseaux sociaux. Mais pendant ces deux jours, il était surtout question pour le Minpostel d’aller à la rencontre des jeunes et autorités de la capitale économique du Cameroun, et ce faisant, de procéder au lancement de la campagne d’affichage et des causeries éducatives au sujet de la cybercriminalité.

«La campagne que nous menons vise à ce que les réseaux sociaux soient utilisés sans danger, parce que ces derniers temps, ils sont utilisés à des desseins inavoués. Les messages qui sont transmis sont des messages de haine, de tribalisme et d’incitation à la violence, qui portent atteinte à la paix et à la sécurité nationale. Devant cette situation, le président, Paul Biya qui aime particulièrement les jeunes, a demandé qu’ils soient sensibilisés sur les dangers liés à la mauvaise utilisation des réseaux sociaux», a souligné Minette Libom Li Likeng. C’était à l’intention des écoliers du Groupe scolaire JEP, des élèves du Lycée de Deïdo et des étudiants de l’Université de Douala avec lesquels elle a échangé.

 

Ampleur des dégâts

Pour le Minpostel, cette vaste campagne qui vise à enrôler les jeunes et à les gagner à la cause de la cybersécurité au Cameroun est d’autant plus importante qu’«Internet est aujourd’hui en état de siège. Le volume, la vitesse, la variété et la complexité des menaces dans le cyberespace et les infrastructures connectées ne cessent d’augmenter à l’échelle mondiale». A ce propos d’ailleurs, l’ancien directeur général des Douanes pense savoir que «les économies du G20 ont perdu plus de 2,5 millions d’emplois en matière de contrefaçon et de piratage, et que les gouvernements et les consommateurs perdent un peu plus de 150 milliards de dollars chaque année, en termes de recettes fiscales. Personne n’y échappe : les organisations, des petites entreprises aux plus grandes institutions du monde. Les cybercriminels ont montré qu’ils peuvent exploiter des bits et des octets avec précision pour attaquer les institutions et les services».

C’est également dans le même état d’esprit de veille et de mise en garde que le chef du département ministériel en charge des questions de cybersécurité au Cameroun, a appelé l’attention des jeunes sur les risques et les travers d’un mauvais usage d’Internet observés sous d’autres cieux. «Dans plusieurs pays, les attaques contre le cyberespace ont favorisé la recrudescence de la délinquance, de la radicalisation de la jeunesse, des pertes financières. L’ampleur et la nature évolutive des cybermenaces, ainsi que la vulnérabilité avérée des nations face à ce fléau, les emmènent à adopter de nouvelles stratégies. Cependant, et de toute évidence, plus un pays est connecté, plus sa vulnérabilité aux cyber–attaques, à la cybercriminalité et à la cyber–dissidence est grande», a alors prévenu le Minpostel.

Au Cameroun comme ailleurs, l’addiction, l’exposition de la vie privée, la perte de la propriété des données échangées, usage de faux, vol d’identité, désinformation, harcèlement et cyber intimidation, sont quelques-uns des risques auxquels sont exposés les jeunes. «C’est ainsi que pour l’année 2018, 3 388 cas d’usurpation d’identités ont été constatés. En 2019, 2050 plaintes relatives au scamming et au phishing dont environ 5 milliards FCFA de perte financière, ainsi que près de 6 milliards de pertes relatives aux fraudes bancaires, et 11 617 vulnérabilités ont été détectées sur les sites web des administrations publiques», s’est inquiétée le ministre. Et c’est pour précisément constituer les jeunes en armée contre ces mauvaises pratiques, «que nous organisons des causeries éducatives. Nous allons apposer des affiches dans toutes les institutions scolaires, pour que chacun se rappelle qu’il doit non seulement être responsable sur Internet, mais puisse également sensibiliser ses camarades à rejoindre la coalition de ceux qui aiment leur pays et qui, à cet effet, se comportent en bons citoyens sur les réseaux sociaux. Des flyers et un kit de bonnes pratiques sur Internet vous ont été distribués. Lisez-les attentivement et faites désormais ce qui y est dit. Demandez à vos ainés de vous aider à comprendre en cas de difficulté», a conseillé le Minpostel.

Paul Biya et le réseaux sociaux

Au cours du séjour du membre du gouvernement dans la capitale régionale du Littoral, le message du chef de l’Etat à la jeunesse en date du 10 février 2018, a constitué la trame des causeries avec les publics cibles. C’est notamment à la lumière de ce discours que Minette Libom Li likeng a abreuvé son jeune auditoire de recommandations sur l’utilisation responsable d’Internet et des réseaux sociaux. «Internet et les réseaux sociaux, a-t-elle dans un premier temps tenu à faire savoir, sont importants. Internet vous permet d’avoir accès au monde entier sans voyager. Mais ce n’est pas parce que vous y êtes que vous ne devez plus respecter les règles civiques et morales, ou même que vous ne devez plus respecter les autres. Même si on ne vous voit pas quand vous êtes en train de surfer, vous devez toujours faire preuve de respect, de courtoisie et de vérité».

Et le ministre de poursuivre : «c’est pour cela que vous ne devez pas propager des informations mensongères sur Internet. Ne soyez pas ceux qui suivent sans chercher à comprendre, ne soyez pas ceux qui se laissent entrainer par les camarades. C’est ceux-là que le président, Paul Biya, appelle les followers passifs et naïfs».

Mais pour être certaine que tout le monde est au même niveau de compréhension des implications d’un tel discours, Minette Libom Li Likeng va, enfin, elle-même tirer les conclusions qui, de son point de vue, s’imposent. «Cela signifie que je ne dois pas raconter des histoires fausses sur mon pays sur Internet. Ceux qui font cela sont des pourfendeurs de la République. Cela signifie également que je dois aimer mon pays, et que tout ce que je fais sur Internet doit le valoriser. Je dois en même temps, être un bon élève, pour bâtir demain l’avenir du Cameroun. C’est ce qui fait de moi un internaute patriote, qui œuvre pour le développement de mon pays», va alors conclure à ce sujet le chef de département ministériel.

Actions et dispositif gouvernemental de riposte

Le lancement de la campagne d’affichage a aussi été l’occasion d’une rencontre officielle avec le gouverneur de la région du Littoral, et partant, avec les autorités administratives, municipales, sécuritaires et du secteur de l’éducation de la circonscription en question. En direction de ce parterre de personnalités, Minette Libom Li Likeng a alors égrené le chapelet des actions déjà entreprises par le gouvernement pour juguler le phénomène de la cybercriminalité dans notre pays. Au rang de celles-ci, Le Minpostel fait volontiers figurer dans son discours, l’élaboration de «la politique nationale de sécurité des réseaux et des systèmes d’information, et le renforcement du dispositif légal et réglementaire, notamment la promulgation de la loi N°2010/012 du 21 décembre 2010 relative à la cybersécurité et à la cybercriminalité au Cameroun».

Mais à l’actif du gouvernement, on peut également relever qu’il a aussi été mis en place un certain nombre de structures dont le rôle est précisément de donner du contenu à la lutte contre la cybercriminalité sur toute l’étendue du territoire. Parmi ces structures, on retrouve en bonne place le Minpostel, l’Agence nationale des technologies de l’information et de la communication (Antic), le Secrétariat d’Etat à la Défense chargé de la gendarmerie, (Sed), la Délégation générale à la Sûreté nationale (DGSN) et même la Direction générale de la Recherche extérieure (DGRE). Chaque institution concoure ainsi, en ce qui la concerne, à rendre plus sûr notre cyberspace et constitue, de ce fait aux côtés des jeunes, un maillon essentiel de la coalition nationale pour la promotion de l’utilisation citoyenne des réseaux sociaux au Cameroun.

Théodore Ayissi Ayissi (stagiaire)

 

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