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Politique des revenus : L’équité salariale malmenée en entreprise

Les enjeux soulevés au cours d’un atelier organisé le 27 novembre 2020 à Yaoundé demandent des changements réels et non de simples ajustements.

Une attitude du président de l’UGTC

Dans son rôle de porte-flingue des faibles, voici un Isaac Bissala particulièrement amer. Le visage fermé, le président de l’Union générale des travailleurs du Cameroun (UGTC) parle longuement des grilles salariales en vigueur dans de nombreuses entreprises publiques et privées du pays. «Après avoir parcouru celles-ci, nous constatons que la situation est grave!», dit le syndicaliste. Appuyant cette affirmation par des faits, Isaac Bissala met à nu des disparités dans les dispositifs de rémunérations couramment utilisés par certains employeurs. «À fonctions et compétences similaires, l’indice d’égalité n’existe nulle part. Parce que l’on voit que quand on se rend dans certaines entreprises, vous avez la licence, vous avez un salaire de 100 000FCFA, et dans une entreprise, un autre qui a le même diplôme a un salaire de 300 000FCFA», décrit-il.

Pour des syndicalistes, responsables de ressources humaines et délégués du personnel invités à cet atelier sur la politique des revenus au Cameroun, il y a pire: dans des structures privées, certains sont payés au gré des humeurs du boss. «Coupes irrégulières sur la base de motifs discutables, ignorance criarde des résultats, création unilatérale de rubriques de retenue… voilà notre lot quotidien», déplore une dame qui revendique le statut de représentante des courtiers dans une compagnie d’assurance basée à Yaoundé. «On souffre avec nos patrons!», peste un délégué du personnel en service dans un hôtel de Douala.

Réflexion
«Avec des cadres du Minfi, du Minépat, du Minfopra, du ministère de Travail et des organisations patronales, nous avons donc voulu ouvrir le débat sur la politique des revenus, pour que nous partagions tous ce qu’est une politique des revenus, pour que demain et après-demain lorsque le Cameroun serait assis pour pouvoir essayer de réfléchir sur la lutte contre la pauvreté, et la précarité que nous puissions avoir une politique de revenus», explique Isaac Bissala. Selon le président de l’UGTC, «la question est abordée sous deux angles différents. Le premier, c’est bien sûr la question des salaires équitables, au-delà des primes. Le deuxième, c’est l’organisation du travail. Il est anormal qu’un employé manifestement oisif gagne plus que son collègue plus engagé. C’est un combat pour la justice sociale».

Olivier Mbessité (stagiaire)

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