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Direction générale des impôts du Cameroun : À voir d’un œil fermé et l’autre immobile

Les nouveaux locaux des services centraux de l’administration fiscale n’en finissent pas d’éblouir, en même temps qu’ils déclinent une vision moderniste.

 

La reconnaissance d’un lieu comme ordinaire, et à fortiori son choix comme lieu potentiel de visite, implique justement de le sortir du registre de l’ordinaire. Quelqu’un qui comprend cela, c’est le comédien Kékégué international pour qui le nouvel immeuble-siège de la Direction générale des impôts (DGI) «est extraordinaire». Inauguré ce 27 novembre par le Premier ministre Chief Joseph Dion Ngute, l’édifice s’impose dans un tissu d’art, de vie et de vision. «Oui, ce bâtiment livre un récit où la construction n’est qu’un squelette qui n’a d’autre but que de servir de support au renouveau de l’immobilier urbain dans la capitale et de décliner la vision moderniste de l’administration fiscale», commente Luc Messi Atangana. À travers ce qui semble n’être qu’une remarque sur le vif, le maire de Yaoundé estime aussi que «c’est extraordinaire». Poétique, Louis Paul Motaze suggère de «regarder l’ensemble de face, à une distance déterminée, un œil fermé et l’autre immobile». En ce sens, dit le ministre des Finances (Minfi), «les lignes et couleurs du bâtiment se manifesteraient pour elles-mêmes et déploieraient leur puissance propre».

 Histoire

Bien évidemment, toute cette prose, c’est toujours «la tour de la DGI» qui l’inspire. Le joyau architectural a une histoire. Réalisés en 50 mois par la China First Highway Engineering Co. Ltd. (CFHEC), les travaux ont impliqué un investissement de près de 22 milliards FCFA débloqués par les pouvoirs publics. Techniquement, l’immeuble est constitué d’un empilement géométrique en quinconce de 4200 modules, «avec un très haut degré de précision», selon CFHEC.

 

Dans le détail, le tout occupe une superficie de 19 821 m². D’après l’architecte-concepteur Buban Ngu Desco du cabinet Urbatech Conseil, «c’est une tour de 11 étages et un immeuble de rapport de 4 étages, 206 bureaux, 3 niveaux de parking en sous-sol pour 1500 véhicules, une salle de réunions par étage, plus une grande salle de réunions pour les meetings avec système de rétroprojection, de visioconférence et de traduction automatique, un système de surveillance avec caméras et détecteurs de présence, un auditorium de 150 places; un restaurant de 100 places, une bibliothèque; une salle de sport avec espace aérobic, sauna, bains de vapeur, des plaques solaires pour suppléer les ruptures d’énergie, un call center pour six opérateurs dotés d’écrans et un data center ultra moderne». Et pas de risque de voir le complexe partir en fumée, précise avec insistance Buban Ngu Desco. À l’en croire, conçues selon une géométrie régulière et symétrique, l’épaisseur du plafond et celle du plancher sont telles qu’un feu ne les carboniserait que superficiellement. Flanquées de verre dichroïque, les façades sont assorties de balcons aux formes irrégulières.

Motivations

Regarder une œuvre aussi colossale, c’est rechercher ce qui l’a historiquement motivée, quels ont été les impératifs contextuels qui ont guidé son adoption. Ernest Christophe Atangana, chef de cellule de la communication de la DGI, répond: «Des difficultés liées entre autres à l’exigüité des locaux, à la vétusté globale du bâtiment et des installations, avaient fini par rendre nécessaire l’édification d’une infrastructure à même de donner satisfaction. C’est que, au fil du temps, la DGI, installée, depuis près de 40 ans dans les anciens locaux, s’est vue confier des missions et objectifs sans cesse croissants. De nouveaux défis ainsi définis induisaient de fait un accroissement de structures installées dans le bâtiment abritant ses services centraux. D’où la nécessité d’un cadre plus adapté». L’on apprend également que, créée par décision du Minfi et placée sous la supervision du DGI, l’équipe projet s’est constituée autour d’un comité de pilotage et d’un secrétariat technique en charge respectivement de la définition et de la mise en œuvre des modalités optimales d’exécution du projet, ainsi que du suivi efficient des opérations techniques et de procédures budgétaires y afférant.

Projections

Dans une lettre adressée à ses collaborateurs le 24 novembre dernier, Modeste Mopa Fatoing indique que «l’inauguration du nouvel immeuble constitue une étape d’un plan plus vaste déjà lancé». Selon le directeur des impôts, la rénovation des centres divisionnaires des impôts et la construction d’un centre de perfectionnement sont aussi des acquis qui méritent un intérêt. «Mais, avise-t-il, nous n’entendons pas en rester là. Avec l’appui constant de notre hiérarchie, un programme de construction des hôtels des impôts dans les régions à l’intérieur du pays sera bientôt lancé afin que notre administration puisse refléter en tout lieu la modernité». Pour Modeste Mopa Fatoing, l’ultime challenge demeurera la consolidation et la capitalisation des acquis, en vue de la préservation de l’ouvrage érigé dans des conditions optimales.

Jean-René Meva’a Amougou

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