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Prix Goncourt : L’Afrique retient son souffle pour Djaïli Amadou Amal

L’écrivaine camerounaise est la finaliste surprise du prestigieux prix littéraire français récompensant des auteurs d’expression française.

 

Le 10 décembre prochain, Djaïli Amadou Amal pourrait devenir la première femme africaine et le premier auteur d’Afrique subsaharienne à remporter le prix Goncourt. Le coup d’essai pourrait se transformer en coup de maitre! Pour sa première publication en France, Djaïli Amadou Amal est finaliste du prix Goncourt. Elle serait alors la seconde africaine à remporter le prestigieux prix après le marocain Tahar Ben Jelloun en 1987. Le continent africain, mais surtout le monde de la littérature africaine retient son souffle.

Le 6 octobre dernier, l’académie Goncourt créait la surprise en annonçant «Les Impatientes» de Djaïli Amadou Amal réédité chez Emmanuelle Collas en septembre 2020. Originaire de Maroua dans l’Extrême-Nord du Cameroun, Djaïli Amadou Amal, 45 ans, est peule et musulmane. Pour l’Afrique, c’est une percée inédite.

Aude à l’autonomisation de la femme

L’ouvrage raconte les douleurs du mariage précoce. « La plus pernicieuse des violences, celle qui, privant les jeunes filles d’éducation, engendre les autres violences car elle crée de la dépendance» confie-t-elle au journal Le Monde. Son ouvrage est un véritable plaidoyer pour la libération des femmes peules du joug des traditions. «À l’origine, la patience est une valeur. Mais en vérité, cela veut dire: supporte, accepte, soumets-toi parce que tu es une femme et que tu dois faire ce qu’on attend de toi » explique-t-elle au magazine français.

C’est également en partie l’histoire de sa vie. L’auteure est remariée à un écrivain avec qui elle a deux autres enfants. A 17 ans, elle est contrainte de convoler en [rudes] noces. 10 ans plus tard, une nouvelle idylle pas concluante sera contractée. Une difficile séparation dénouera ce énième cauchemar, car au moment de la rupture, son mari kidnappe ses deux filles pour la punir. Passionnée de journalisme, elle n’aura été autorisée qu’à se limiter à un BTS en gestion. Désormais installée à Yaoundé où elle essaie de se reconstruire, elle vend ses bijoux pour s’acheter son arme de construction massive: un ordinateur, une table et une chaise.

La présidente du jury de la première édition du prix littéraire Orange du livre en Afrique, Véronique Tadjo, a confié à Jeune Afrique «l’auteure peint trois destins de femmes, qui nous immergent sans manichéisme dans l’univers étouffant d’épouses aux prises avec la polygamie et les pesanteurs de la tradition. La maîtrise de la construction narrative apporte un souffle nouveau à un thème qui pourrait sembler appartenir au passé, mais qui hélas est encore d’actualité dans beaucoup de nos pays».

Oui, Djaïli Amadou Amal est lauréate de ce prix en 2019. La première version du livre a remporté ce prix l’année dernière. La première édition de l’ouvrage a été publiée par les éditions Proximité sous le titre «Munyal, les larmes de la patience». C’est à ce prix que la maison d’édition française Emmanuelle Collas fait la découverte de Djaïli Amadou Amal.

Bobo Ousmanou

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