Crise anglophone : Un chef assassiné, un autre en captivité

Retour sur un week-end extrêmement tourmenté dans les régions du Nord-ouest et du Sud- Ouest.

Chief Molinga Francis Nangoh assassiné le 6 novembre 2020

Consternation et émoi au village Liwula Malale par Buea. Le monarque de 3e degré, Chief Molinga Francis Nangoh, a été assassiné vendredi dernier 6 novembre 2020. Selon les témoignages, sa majesté Molinga Francis Nangoh venait à peine de clôturer une réunion avec des membres de sa communauté. Vers 19h30mn, des hommes armés non identifiés ont fait irruption à la chefferie située au lieu – dit Muea Court à Buea. Ils ont incendié la chefferie. Et comme si cela ne suffisait pas, ils ont tiré à bout portant sur le chef avant de fondre dans la nuit noire, le laissant dans une mare de sang.

Il va rendre l’âme sur le champ. Le corps de celui qui a été intronisé (mieux reconnu) officiellement chef du village Liwula Malale le 20 octobre 2015 a été déposé à la morgue de l’hôpital à Buea. L’honorable Malomba Esembe, député de Buea Urban, est allé réconforter les populations sur les ruines de la chefferie. Il a condamné cette barbarie et demandé à la population de dénicher ceux qui ont commis ce sacrilège et abominable acte, en les dénonçant auprès des forces de défense et de sécurité. Chief Robert Esuka Endeley, chef supérieur de 1er degré de Buea, a joint sa voix à la kyrielle de condamnations et indignations.

Chief Molinga Francis Nangoh est le sixième chef assassiné dans la région du Sud-ouest depuis le déclenchement de la crise séparatiste dans les régions anglophones.

Kumbo
Dans le Nord-ouest, le Fon Sehm Mbinglo II de Banso par Kumbo est toujours en captivité entre les mains des ravisseurs. Il a été enlevé avec plus d’une dizaine de membres de sa délégation parmi lesquels le Cardinal Christian Tumi. Le rapt a eu lieu jeudi 5 novembre 2020 vers 18h30mn au village Baba 1 dans l’arrondissement de Babessi, département du Ngoketunjia. L’archevêque émérite de Douala, fils de Nso, qui accompagnait le Fon Sehm Mbinglo II, a été libéré le 6 novembre vers 11h.

L’interrogatoire musclé du Fon Sehm Mbinglo II, dont une vidéo postée sur les réseaux sociaux, a essentiellement porté sur la position du monarque quant à crise sociopolitique qui travaille le Nord-ouest et le Sud-Ouest. Les ravisseurs reprochent au Fon de Nso d’être candidat aux élections régionales programmées le 6 décembre prochain, et organisées par le pouvoir de Yaoundé dans leur « territoire d’ambazonie alors que son peuple (du Fon) est en train d’être tué ».

Si le Fon leur a dit qu’il est pour  » Un seul Cameroun « , il a laissé entendre qu’il n’a pas été consulté pour faire acte de candidature aux élections régionales. Et que la présence de son nom sur la liste des candidats se justifie par le fait qu’il est Fon. Ses ravisseurs ont conclu l’interrogatoire en précisant que leur justice à eux prendra son cours. Vont-ils le libérer ou l’assassiner comme tous ces chefs tués depuis le début de la crise sociopolitique et sécuritaire dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest ? Seul l’avenir nous en dira.

Condamnation
Le ministre de la communication, René Emmanuel Sadi, a condamné l’enlèvement du Fon de Nso et du cardinal. A la suite du Mincom, les États-Unis d’Amérique, par le truchement de son ambassade à Yaoundé a condamné toutes les atrocités perpétrés ces derniers jours par ces hommes armés. Tibor P Nagy Jr, Sous- secrétaire d’État adjoint pour les affaires africaines du pays de l’Oncle Sam, dans un tweet, a laissé entendre à la diaspora camerounaise basée aux USA que: «nous n’allons pas travailler avec des groupes ou prendre part aux événements organisés par ceux qui font l’apologie de la violence ou des discours haineux. Les États-Unis soutiennent l’intégrité territoriale du Cameroun». Il a demandé à tous les acteurs de discuter le long malentendu qui a conduit au conflit actuel dans le Nord-ouest et le Sud-ouest et de mettre fin aux souffrances des civils dans ces deux régions.

Zéphirin Fotso Kamga

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