L’Afrique à plusieurs vitesses s’enracine !

Les dynamiques régionales du continent tendent à installer dans les esprits l’idée non pas d’une Afrique cohérente et unie dans le process de développement mais « des Afriques ». Les régions africaines connaissent des rythmes de mobilisations très différenciées, disparates et inégalitaires. Les mutations issues de ces dynamiques font laisser planer la conception d’une Afrique des ambitieux opposée à une Afrique des anxieux. Dans son rapport 2018 sur les perspectives économiques en Afrique, la Banque Africaine de Développement (BAD), dans ses estimations, le démontre déjà «L’Afrique de l’Est demeure la sous-région dont la croissance est la plus rapide, elle devrait rester dynamique et atteindre 5,9 % en 2018, puis 6,1 % en 2019. L’Afrique du Nord a enregistré le second taux de croissance le plus élevé d’Afrique, il devrait s’accélérer pour atteindre 5,1 % en 2018, puis ralentir pour s’établir à 4,5 % en 2019. En Afrique Australe, la croissance devrait augmenter pour s’établir à 2 % en 2018 puis 2,4 % en 2019. Soutenu par l’augmentation de la production pétrolière et la croissance des rendements agricoles, la croissance en Afrique de l’Ouest devrait s’accélérer pour s’établir à 3,6 % en 2018 et 3,8 % en 2019. La région d’Afrique centrale a continué à enregistrer des résultats décevants malgré le rétablissement des prix du pétrole. La reprise modérée en République du Congo stimulera la croissance dans la région qui devrait se rétablir pour atteindre 2,6 % en 2018 et 3,4 % en 2019».

 

Afrique de l’Ouest

Décidée à implémenter la feuille de route de son intégration économique, la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) accélère le chantier de la création de sa monnaie unique. Après des atermoiements sur les agrégats techniques, les Chefs d’Etat Ouest-africains ont institué une task force pour approfondir davantage la réflexion. Lors de sa dernière rencontre en février, elle a permis l’adoption d’une Feuille de route révisée de programme de la monnaie unique prévu en 2020. Malgré des dissensions entre états notamment marquées par les soupçons du Nigéria sur la bonne foi des pays francophones, la monnaie de la CEDEAO (baptisée « ECO ») devrait être crée en 2020. L’axe déterminant et manquant demeure la convergence nécessaire (critères de convergence économique et monétaire) et la surveillance multilatérale. La Commission de la CEDEAO a, elle aussi, affirmé que la nouvelle monnaie ne serait adossée sur aucune devise régionale. Sa compétitivité et sa flexibilité devant s’apprécier par rapport aux grandes monnaies du monde principalement du marché international.

 

Orientale et Australe

Premier tandem de la régionalisation économique du continent africain et porte étendard des échanges intrarégionaux, l’Afrique méridionale constitue le premier nœud de la géoéconomie régionale africaine. D’un point de vue interrégional, la Communauté économique d’Afrique de l’Est (CAE), le marché commun de l’Afrique de l’Est et du Sud (COMESA) et la communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) capitalisent une zone de libre-échange tripartite depuis 2015. Celle-ci réunie 27 Etats africains, 650 millions de consommateurs et un Produit Intérieur Brut (PIB) global de 900 millions d’Euros. Dans le cadre de la réalisation de son agenda 2025, la CAE souhaite mobiliser 78 milliards de dollars pour développer ses projets d’infrastructures. 79% de ce budget total soit 62 milliards serviront à la construction de chemins de fer, de routes et à la mise en œuvre de plusieurs projets dans le secteur énergétique. Le partenariat de la BAD appuiera en outre la construction d’un centre régional d’excellence pour l’enseignement médical supérieur et la recherche. Le financement pourrait également s’organiser autour de l’émission des bons d’infrastructures sur le marché financier selon une piste avancée les Chefs d’Etat présents au sommet de Kampala (Ouganda). A ce jour, seuls 6% des fonds ont été réunis, soit environ 5 milliards $. Quant à l’Afrique centrale et à l’Afrique du Nord ?

Zacharie Roger Mbarga

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