Barrage de la renaissance : Quel est le véritable intérêt des Etats Unis d’Amériques

En raison du durcissement des positions de l’Ethiopie dans les négociations avec ses voisins, le président américain Donald Tump a instruit Mike Pompeo, Secrétaire d’Etat américain –ministre des Relations extérieures, de décider le 2 septembre 2020, de la suspension temporaire d’une partie de l’aide financière des Etats-Unis à l’Ethiopie.

Selon la partie américaine, un remplissage du barrage en eau avant que toutes les mesures de sécurité soient mises en place faisait courir de graves risques aux populations des pays en aval. A en croire le porte-parole du département d’Etat qui accuse le gouvernement éthiopien de n’avoir pas respecté ses « engagements » à attendre l’issue des discussions menées par l’Union africaine : Procéder au remplissage pendant que les négociations étaient en cours sape la confiance des autres parties. D’où la suspension d’une partie de l’aide américaine afin de faire pression sur le gouvernement éthiopien et le ramener à la table des discussions telles qu’engagées par les partenaires extérieurs impliqués dans la construction, et cela sous l’égide de l’Union Africaine. Cette infrastructure futuriste pour son développement économique et à son électrification, tient à cœur à Addis-Abeba.

Or, pour leurs parts, Khartoum et le Caire s’inquiètent de la restriction de leur accès aux eaux du Nil. L’ouvrage dont les travaux de construction sont avancés, sera le plus grand barrage hydroélectrique du continent africain. Construit sur un versant du Nil à quelques kilomètres du Soudan, c’est un fleuve dont dépend le réseau hydraulique du pays des pharaons à plus de 90%. Le Soudan et l’Egypte mettent l’accent pour qu’un accord soit établi sur un mécanisme pouvant permettre de résoudre les disputes susceptibles de naitre de l’exploitation de cet ouvrage.

Pour l’instant, l’Ethiopie refuse toujours un éventuel mécanisme, justifiant sa position par le fait que le barrage –dont la construction a commencé en 2011-est sa propriété privée. Jusqu’à présent, de nombreuses concertations tenues n’ont pas abouti à la apporté à la signature d’un Accord. Même les rencontres organisées à Washington à l’initiative du gouvernement américain, malgré le rôle de médiateur joué par l’Union africaine. Afin de sortir de l’impasse, un sommet des chefs d’Etats est envisagé. Cette année, l’Ethiopie a « procédé au remplissage du réservoir du barrage, à un niveau permettant de tester les deux premières turbines, une étape cruciale pour qu’il commence à produire de l’énergie ».

A la 75ème session de l’assemblée générale de l’organisation des nations unies (Onu), le président égyptien Abdel Fattah Al Sissi a exprimé ses inquiétudes devant le monde entier. Le prenant quasiment à témoin. « Le Nil  ne peut être monopolisé par un seul Etat. L’eau du Nil est une question existentielle. Le Nil garantit la survie des populations depuis des milliers d’années » présente-t-il.

Les négociations s’éternisent entre l’Egypte, le Soudan et l’Ethiopie. « Nous nous sommes lancés dans des négociations longues avec nos frères du Soudan et d’Ethiopie. Nous avons mené des négociations, le gouvernement des USA a déployé des efforts pour rapprocher les positions de ces 3 pays. Il a parrainé des négociations avec la banque mondiale. Le premier ministre du soudan a organisé une réunion, le président de l’Afrique du Sud également en sa qualité de président en exercice de l’UA a organisé une réunion » fulmine-t-il. Tout en montrant le soutient de son pays à ces processus, « l’Egypte a pris part à toutes ces négociations en toute bonne foi ». Mais il rappelle l’objectif ultime, un peu impatient, « L’objectif était d’arriver à un accord pour garantir l’exploitation de ce barrage. Nous ne devons pas miner le droit de nos frères et de nos sœurs qui partagent le Nil ». Pourtant jusqu’ici, « aucun de ces efforts n’a toujours débouché sur un résultat concret ».  Pour l’Egypte, la solution à ce différent, pour lequel des négociations durent depuis 10 ans, passe par un « accord qui garantit l’équilibre des besoins de développement du peuple éthiopien et la préservation des intérêts de l’Egypte notamment dans le domaine de l’eau et du droit à la vie ».

 

Remy Biniou

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