ACTUALITÉINTÉGRATION NATIONALE

Transition au Mali : Les militaires dribblent la CEDEAO

Avec deux militaires à la tête de la transition dont l’ex-ministre de la Défense Ba Ndaw désormais président de la République pour la période de transition et le colonel Assimi Goïta, en qualité de vice-président ont prêté serment le 25 septembre prenant à contrepied les désidératas de la CEDEAO.

 

 

Le Colonel major à la retraite et ex-ministre de la Défense Ba Ndaw est président de la République du Mali depuis 13 heures ce 25 septembre et pendant les 12 ou 18 prochains mois. Il a prêté serment devant le Conseil constitutionnel. À la clé de cette transition, l’organisation des élections générales (présidentielles, législatives, voire municipales).

À la vice-présidence, le colonel Assimi Goïta, nouvellement investi, se trouve en position de force. Il était jusque-là le chef de l’État du Mali, car à la tête de la junte militaire, le Conseil national du salut du peuple (CNSP), depuis le coup d’État du 18 aout 2020. Cette désignation a déjà attisé les suspicions des dirigeants de la communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao).

À Accra au Ghana le 7 septembre dernier, les chefs d’État ont exclu un vice-président militaire qui aurait plus de pouvoir que le président de la transition. En plus, le vice-président de la transition ne devrait pas pouvoir remplacer le président de la transition ni être candidat aux élections présidentielles à venir. Selon le plan de transition retenu par la junte pourtant, le vice-président peut remplacer le président en cas de destitution. Or, le leadeur du coup d’État du 18 aout dernier ne semble pas prêt à faire la figuration au cours de cette transition. Notamment dans le choix des femmes et hommes du gouvernement de transition. La suite réserve donc plusieurs développements.

Bras de fer

Pour l’heure, la Cedeao maintient les sanctions. Elle exige la nomination d’un Premier ministre, chef du gouvernement qui sera un civil. Ce après quoi les sanctions seront levées. La Cedeao demande en outre la dissolution de la junte et du CNSP. Le communiqué de la Cedeao a été lu par le président de la commission le 25 septembre dernier après l’investiture. Jean-Claude Kassi Brou a confié que la Cedeao « prend acte de l’investiture». Mais c’est sûr, elle ne s’en contente pas.

La prochaine étape est donc la nomination du gouvernement de transition. Elle permettra de savoir s’il s’agit d’un duo à la tête du pays comme le craignent les observateurs et certains leadeurs de la Cedeao. Selon l’étendue des prérogatives accordées au vice-président, on sera très vite fixé. Autre indicateur, la répartition des postes et responsabilités qu’il y aura entre les proches du président, les militaires, les membres du mouvement du 5 juin, la société civile, on pourra très vite deviner. Les observateurs et certains chefs d’État craignent que le vice-président soit le vrai leadeur de la transition.

C’est fonction de cette verticalité inversée ou de cette horizontalité à la tête du Mali que les chefs d’État de la Cedeao vont décider d’alléger ou non, d’annuler ou non les sanctions envers le Mali. Cette levée des sanctions est nécessaire pour desserrer l’étau d’asphyxie qui pèse sur le pays. En pleine instabilité politique, en pleine crise économique et en période de crise sanitaire, le Mali est sous-alimenté en produits de première nécessité depuis les sanctions imposées par la Cedeao. Le Mali est un pays d’hinterland sans littoral qui dépend de la Côte d’Ivoire, du Sénégal et de la Guinée pour ses opérations commerciales. La Cedeao a imposé un embargo sur les flux commerciaux et financiers avec le Mali deux jours après le coup d’État du 18 aout, pour obtenir un retour à l’ordre constitutionnel.

 Bobo Ousmanou

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *