Le directoire général de l’Agence pour la Sécurité de la Navigation Aérienne en Afrique et à Madagascar : le Cameroun dans la tourmente des égoïsmes des Etats membre de la CEMAC ?

Le 14 Septembre prochain l’Agence pour la Sécurité de la Navigation Aérienne en Afrique et à Madagascar, aura certainement un nouveau directeur Général. Ce dernier sera issu soit d’un pays de l’Afrique de l’Ouest soit d’un pays de l’Afrique centrale.

François Aurelien NGUENDIA

Géopolitique de l’ASECNA : de la coopération Nord/ Sud- Sud/sud à l’intégration régionale fonctionnelle. La géopolitique de l’ASECNA permet de comprendre les acteurs en présence et leurs intérêts respectifs.

 

La coopération Nord/ Sud- Sud/ Sud au sein de l’ASECNA

En effet, consacrée par la Convention de Saint Louis signée le 12 Décembre 1959 à Saint Louis au Sénégal ; Convention abrogée le 25 Octobre 1974 à Dakar, l’ASECNA est un Organisme de Coopération Inter-Etats, avec pour objectif principal, fournir des services de navigation aérienne de qualité. Autrement dit, il s’agissait, dès sa création, de capitaliser tous les moyens humains et financiers nécessaires, toutes les ressources disponible en vue de regrouper et d’éviter un morcellement de l’espace aérien africain à un moment où « les avions commençaient à aller plus vite, plus haut et plus loin. Elle réunit aujourd’hui 17 Etats  Africains plus la France. Bien évidement, les 17 Etats africains sont regroupés au tour de huit Etats francophones de l’Afrique de l’Ouest, zone UEMOA, que sont, le Niger, Etat de l’actuel directeur Général et candidat à sa propre succession, le Sénégal, Etat abritant le siège de cette institution. Les autres Etats sont, la Cote d’Ivoire, le Benin, le Togo, la Guinée Bissau, le Mali, et le Burkina Faso. Les six Etats membre de l’Afrique centrale, zone CEMAC auxquels il conviendrait d’ajouter, la Mauritanie, précédemment, membre de la CEDEAO jusqu’en 2000 et aujourd’hui membre très actif de l’Union du Maghreb Arabe (UMA), avec un candidat présenté les Iles Comores, Madagascar et la France.

Le principal enjeu de cette organisation aujourd’hui, au-delà des missions à lui assignées, est le contrôle de l’espace aérien, mieux, guider les aéronefs dans le ciel. En somme, l’environnement géopolitique de l’ASECNA est donc influencé, non seulement, par deux acteurs sous régionaux africains qui coopèrent paisiblement dans l’échange et l’octroie des services dans le domaine de la navigation aérienne auxquels il faudrait ajouter deux électrons, presque libres qui gravitent autour du noyau central et émettent des ordres qui ne sauraient être négligés. Il s’agit aussi, vu sous un autre angle, d’un exemple de coopération Nord/ Sud entre les Etats Africains mentionnés plus haut et la France qui apporte son expertise technico-financier pour le développement de l’aviation civile dans le monde et particulièrement en Afrique.

L’ASECNA, un exemple d’intégration fonctionnelle.

Dans sa construction d’une théorie de l’intégration régionale, David Mitrany dans son ouvrage intitulé A Working Peace System expose l’essentiel de sa pensée en matière d’intégration pour lui, « une véritable coopération ne peut être réalisée ni par la volonté politique ni par les règles de droit. Il faut donc une coopération internationale pragmatique axée sur les problèmes concrets et sectoriels qui dans la vie modernes, ne peuvent être résolus par un seul pays ».

C’est donc, d’une part, sous cet angle que peut être le processus de coopération au sein de l’ASECNA. Il s’agit de 18 Etats qui se sont mis ensemble pour résoudre le problème de l’offre des services de qualité avec efficacité dans l’offre et efficience dans la gestion de la qualité et l’optimisation des moyens financiers. Toutefois, la présence d’un Conseil de Ministre dans cette institution permet, d’autre part, de voir une volonté de satisfaire les idées politiques d’Ernst Haas dans sa construction d’une théorie de l’intégration à partir du politique.   

En définitive, il conviendrait de dire que l’ASECNA est à la fois un organisme de coopération et un moyen de construire le processus d’intégration régionale à partir de le Navigation civile. Bien évidement, cette coopération ne saurait être gratuite, puisque la finalité serait le contrôle de l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale (OACI) qui est la tutelle de l’ASECNA. Autrement dit, les Etats Africains regroupés au sein de l’ASECNA constituent une chance pour l’Afrique de contrôler cette instance planétaire de l’aviation civile, tout comme la France. Loin donc de voir toute volonté de la France- qui rappelons-le a offert gracieusement une partie de son espace aérien se trouvant dans l’océan indien à l’ASECNA-  à vouloir garder une main mise coloniale sur les Etats d’obédience française comme c’est le cas avec les accords de coopération qui lient ces mêmes Etats avec la France sur le Franc CFA, il s’agit surtout d’une coopération gagnante-gagnante avec une volonté des Etats de garder le sommet pour avoir non seulement, une meilleure visibilité et lisibilité sur l’organisation, mais aussi, avoir un contrôle hiérarchique sur cette organisation, d’où la bataille diplomatique pour le contrôle du Cockpit de l’aéronef africain.  

Le Cameroun dans la tourmente des égoïsmes des Etats membre de la CEMAC ?

Dans un article publié par le Magasine Jeune Afrique le 31 Aout 2020, intitulé ASECNA : désunie, l’Afrique centrale a-t-elle une chance de l’emporter ? Les auteurs, Nelly Fualdes et Omer Mbadi présentent la candidature du Cameroun défavorable car peu soutenue. Cet article qui s’appuie sur des sondages erronés et surtout sur une interview accordée par le candidat et dont les propos ont été infidèlement rapportés. Pour quelle fin, cette contre campagne pour le Cameroun ? Les raisons restent obscures même si on pourrait dire de prime à bord qu’il s’agirait d’une volonté de mettre l’Afrique centrale hors du jeu géopolitique qui se jouerait ce 14 Septembre au Sénégal.

Les deux candidatures de l’Afrique centrale CEMAC, le Cameroun une candidature idoine et adéquate

Pour la course au directoire de l’ASECNA, trois Etats membres ont proposé des candidats : le Tchad avec son candidat Mahamat Aware Neissa. Cette candidature a été retirée finalement pour certainement des préoccupations d’ordre politiques. La RCA avec son candidat Théodore Jousso et surtout le Cameroun avec Monsieur Englebert Zoa Etundi.

Le Cameroun, un candidat idoine et adéquat.

Contrairement aux autres candidats qui ont respectivement un parcours politique et par conséquent facilement contrôlable par les leaders politiques de leurs Etats respectifs, la candidature du Cameroun portée par Monsieur Englebert Zoa Etundi est une candidature idoine et adéquate au moins à deux niveaux : son parcours academico-professionnel qui lui donne une expérience unique dans la gestion de l’Agence et surtout au regard du programme porté par ce candidat.

En effet, diplômé de plusieurs universités prestigieuses de l’Occident, Monsieur Englebert Zoa Etundi a mené toute sa vie professionnelle dans l’aviation civile au point de se hisser au plus haut sommet de l’aviation civile internationale. D’abord auditeur de l’OACI, il est devenu patron de cette organisation internationale devenant ainsi le seul africain à avoir occupé un si haut poste de responsabilité. Du coup, Monsieur Englebert Zoa Etundi n’est pas arrivé dans l’aviation civile par un parachutage politique ou par un décret.  Il est d’ailleurs actuellement, Représentant permanent du Cameroun auprès de l’OACI.

En outre, le programme proposé par le Cameroun est un programme qui rompt avec les anciennes habitudes basées le mimétisme et le suivisme moutonnier. Basé sur trois piliers essentiels que sont la modernisation, le leadership et l’ouverture de l’agence à d’autres Etats.

Ainsi, sur le plan de la modernisation, le Cameroun se propose de renforcer la présence de l’aviation dans les économies des Etats membre, de moderniser la gestion, de moderniser les infrastructures en utilisant les nouvelles Tics pour réduire les coûts d’exploitation, la conformité, la formation du personnel.

Pour ce qui est du leadership, le Cameroun se propose d’intégrer la gestion des risque en mettant en place la transformation digitale et dont la gestion avec prudence.

Le Cameroun compte ouvrir le capital de l’Agence à d’autres Etats pour optimiser ses ressources aussi bien humains que matérielles. En somme, le Cameroun offre une grande contribution à l’agence en lui proposant Monsieur Englebert Zoa Etundi, qui est le manager idoine et adéquat pour moderniser l’Agence et la rendre compétitive dans un environnement essentiellement concurrentiel.

Au regard de ce qui précède, l’on pourrait dire sans risque de se tromper que le Cameroun n’est pas dans une tourmente des égoïsmes surtout qu’il n’y a pas d’égoïsmes. Il se fait simplement accompagner dans un processus qui se veut démocratique et par conséquent se doit d’avoir plusieurs parties prenantes.

François Aurelien NGUENDIA

Diplômé de l’IRIC/IRMIC

Chercheur indépendant

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