Lutte communautaire contre la pandémie : La force égalisatrice de l’intégration sanitaire

La mise en branle d’une dynamique unique de surveillance épidémiologique de partage d’informations scientifiques et de financement dans la sous-région Cemac a permis d’éviter la calamité prédite.

La mise en réseau sanitaire de l’espace territoriale communautaire a permis d’éviter l’apocalypse annoncé

Le territoire de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) est en réseau sanitaire. Dans l’optique d’une riposte intégrée à la maladie à coronavirus, les pays membres de la Cemac et l’institution sous régionale ont interconnecté les dispositifs nationaux de lutte, et les points frontière (entrée et sortie) sont également mis sous surveillance. Cette imbrication a permis d’optimiser la résistance face à l’«urgence de santé publique de portée internationale» (voir situation des infections).

Cette qualification de la pandémie du coronavirus est adoptée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) le 29 janvier 2020. Au 21 juillet 2020, la Cemac dénombre 33 949 cas d’infections pour 21 471 cas de guérisons. Au plan qualitatif, c’est 63,24%. Autre indicateur qualitatif, la sous-région enregistre un taux de létalité de 1,91%. C’est moins de la moitié du taux de létalité mondial qui se situe à 4,2% au 21 juillet 2020 (données Africa CDC). Ce n’est ni un concours de circonstances ni un heureux hasard, encore moins l’action de la belle étoile, si la Cemac ne représente que 0,23% de tous les cas d’infections signalés dans le monde, et 0,10% de décès.

La riposte des pays de la Cemac, sous le lead de la Commission Cemac, a été organisée par un plan sous régional de prévention, préparation et riposte face à la pandémie du coronavirus (Covid-19). Le plan s’étale sur 10 mois, entre mars et décembre 2020. Il repose sur 4 axes: premièrement, le leadership, la coordination, la collaboration et la communication autour du plan sous-régional de riposte (imbrication des actions et activités des pays afin de constituer un bloc dans la gestion et la recherche des ressources); deuxièmement, le déploiement d’un système de surveillance en réseau de l’espace communautaire (système d’information sanitaire unique des voyageurs internationaux, disposition des checkpoints Covid aux postes-frontière internes de la Cemac, multiplication des relais communautaires); troisièmement, l’augmentation qualitative et quantitative des capacités nationales essentielles de prise en charge (multiplications des lieux de diagnostic et de prise en charge à l’échelle nationale, formation massive des personnels de santé, partage de données); et quatrièmement, l’acquisition (groupée dans l’idéal) des équipements et produits sanitaires (produits de laboratoire, protections, médicaments, solutions hydroalcooliques…) de la sous-région. De manière opérationnelle, les axes sont déclinés en 30 actions prioritaires et communes.

Financement
Le coût du plan sous régional de riposte est évalué à un-milliard-huit-cent-trente-un-millions-cent-cinquante-six-mille-cinq-cents (1 831 156 500) francs CFA (voir tableau 1). Pour sa mise en œuvre dans les pays de la Cemac, différentes modalités sont envisagées pour le financement. La mobilisation des fonds propres de l’organisation de coordination pour la lutte contre les endémies en Afrique centrale (Oceac), l’agence d’exécution de la Cemac, sur la base d’une autorisation spéciale des instances communautaires (50 000 000FCFA); la mobilisation des fonds communautaires par un plaidoyer auprès de la Commission de la Cemac (450 000 000FCFA); la mobilisation des ressources additionnelles auprès des partenaires techniques et financiers pour combler les gaps de financement (1331 156 500FCFA).

Appoint de partenaires
Les pays de la Cemac ont clairement opté pour l’approche sous-régionale, ceci en remettant la compétence de la conduite du volet communautaire de la riposte à l’Oceac. Il s’est aussi agi pour ces pays de déployer une action collective de plaidoyer auprès des partenaires. La Banque africaine de développement (Bad) a d’ailleurs souscrit à cette approche. L’institution panafricaine de financement du développement a levé le gap non financé du plan de riposte. Elle a offert un-milliard-cinq-cent-seize-millions-cent-seize-mille-huit-cent-quinze francs CFA à la coordination sous-régionale de la riposte (voir tableau de répartition des coûts du projet par pays de la Cemac). Tel que l’indique ce tableau, la Bad a également soutenu des plans nationaux de riposte.

La Commission de la Cemac ne s’est pas défaussée et a conservé son rôle régalien d’exécutif communautaire. C’est fort de cette compétence que le collège des commissaires de la Cemac, tenu par visioconférence le 6 juillet 2020, a rappelé l’Oceac aux exigences de redevabilité (accountability) dans la gestion des appuis reçus des bailleurs dédiés à la lutte contre la pandémie de Covid-19.

Mutualisation et partage d’expérience en Afrique centrale
L’expérience appréciable acquise par la Cemac dans la riposte contre la pandémie fait école. Dans le cadre de l’implémentation de la stratégie régionale anti Covid-19 de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), la Cemac et son agence d’exécution sont incorporées dans le processus. Un cadre de partenariat entre l’institution spécialisée de la CEEAC, l’Osac (organisation de la santé de l’Afrique centrale) et l’Oceac va se développer en vue d’une mise en œuvre concertée des actions de lutte.

Plus important, les ministres de la Santé des États de la CEEAC, réunis en visioconférence le 24 juin 2020, ont décidé d’organiser une session extraordinaire de leur instance pour examiner la coexistence entre l’Oceac et l’Osac. Une coalition ad hoc pérenne pourrait voir le jour en vue de la mise en œuvre des politiques et stratégies régionales dans le domaine de la santé. Une étape déterminante vers la rationalisation du volet social des communautés économiques régionales en Afrique centrale.

Bobo Ousmanou

 

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