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Pierre Numkam : «Il faut penser autrement notre modèle économique»

Président de la Mutuelle inter-africaine des consommateurs des biens et services (Miacbis) commente l’ordonnance du 27 avril 1990 instituant en son article 2 le cadre amiable.

Quelles sont les solutions que vous proposez aux entreprises qui sont en difficultés suite au Covid-19 ?
La piste que je suggère à notre pays le Cameroun et, que les autres pays africains doivent suivre, c’est de comprendre que le système bancaire doit fonctionner dans un cadre amiable. C’est-à-dire qu’on doit pouvoir retrouver sur une même table de travail, l’épargnant qui doit s’assurer que son épargne a été utilisée pour financer l’entreprise qui elle travaille dans des conditions idoines pour rembourser. Le président du Cameroun Paul Biya a rendu en 1990, une ordonnance le 27 avril qui institue, en son article 2 le cadre amiable.

Ce cadre amiable vise à liquider les banques, certes. Mais, l’audit bancaire permet de constater que, le cadre amiable a d’autres missions qui sont autant prioritaires comme celle de redresser les banques, celle de lutter contre la fuite des devises et la dévaluation du FCFA. Le gouverneur de la Banque centrale, Abbas Tolli a annoncé récemment, et avec raison, que la décentralisation est loin de nous. Mais, c’est à quel prix? Cela est dû au fait que les entreprises qui importaient, n’ont plus importé.

Pour l’après-Covid, il faut penser autrement notre modèle économique. Et repenser autrement voudrait dire que chacun comprenne que l’épargnant et l’entreprise doivent se mettre ensemble pour rechercher ensemble, des solutions endogènes. Les entreprises qui importaient hier, doivent trouver des activités aujourd’hui à l’intérieur du pays pour rembourser les crédits. Cela nécessite qu’il y ait un dialogue social. Et dans le système bancaire, cela renvoie, une fois de plus, à la mise en place du Cadre amiable.

Allez-vous aller chercher les entreprises en difficulté pour leur apporter votre expertise ?
L’épargnant c’est qui ? C’est vous, c’est moi, nous sommes tous des consommateurs des produits, à la fois des banques et de ces entreprises. Donc, nous pouvons leur passer le message. Car, si les banques tombent en faillite, chacun de nous en fera les frais. Nous lançons un appel à l’endroit des entreprises en difficulté pour qu’elles comprennent que rien n’est perdu. La Covid-19 est un appel à repenser nos économies. Ceux qui étaient engagés à aller à l’extérieur pour importer des marchandises doivent savoir que l’heure est finie. Il faut se tourner vers des solutions endogènes. Que les uns et les autres n’aient pas peur des crédits. Avec la mise en place du cadre amiable, cela est possible. Et, notre expertise a démontré qu’il peut entrainer jusqu’à 5 000 emplois.

Que doivent faire les banques ?
Nous avons saisi le ministre des Finances pour le relancer dans la mise en place de ce cadre amiable. Nous avons également le ministre de la Justice, pour une seconde fois après la lettre de 2013. Nous avons saisi également le juge de référé de Douala Bonanjo, dans l’affaire Nzogou contre certains agents de la Bicec. L’affaire est en cours. Il se trouve que la faillite d’une banque ne vient pas nécessairement des actes de ces administrateurs. Certains cadres y sont pour beaucoup dans la faillite des banques. Avec le cadre amiable, toutes les parties se mettront ensemble pour analyse le crédit octroyé, voir s’il a été fait dans les règles et les proportions du secteur. Ainsi cela permettra de voir, et de comprendre le niveau des responsabilités.

En un mot qu’est-ce que le cadre amiable ?
Le cadre amiable c’est une institution crée par ordonnance du président de la République en avril 1990, au sein duquel doit s’effectue, la liquidation des banques selon les dispositions qui dérogent au droit commun et sont exclusives de tout autre mode de liquidation. C’est exactement ainsi que l’article 2 de cette loi parle du cadre amiable. En auditeur bancaire, il a fallu du temps pour comprendre le cadre amiable dans sa lettre et dans son esprit. Ce dispositif place l’épargnant au cœur du système bancaire. Ainsi pris, le Cadre amiable travaille pour redresser les banques en difficultés, préserver l’intégrité de l’épargne et du système bancaire.

 

Ongoung Zong Bella

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