Honoré Tabouna : «Cela entre dans le cadre de l’économie des aires protégées»

Expert en économie verte et précisément sur les questions de la valorisation de la biodiversité et de l’économie de l’environnement, le coordonnateur du programme Ecofac 6 explique les enjeux de la création des comités nationaux de suivi dans les pays concernés par le projet.

 

Lorsqu’on parle du projet Ecofac, de quoi est-il question?
Le programme s’inscrit dans la mise en œuvre d’une décision des chefs d’État portant sur la mise en œuvre du programme sectoriel pour le développement de l’économie verte. Et parmi ces programmes, figure le programme sur l’économie des aires protégées appelé Ecofac.

Comment se déroule le projet? De quoi est-il constitué?
La CEEAC assure la maitrise d’ouvrage de ce projet dans les sept pays que sont le Cameroun, le Congo-Kinshasa, le Congo-Brazzaville, le Gabon, la République centrafricaine, Sao Tomé-et-Principe et le Tchad. Dans ces États, la maitrise est assurée à travers les ordonnateurs nationaux. Pour le cas du Cameroun, c’est bien évidemment le ministère de l’Économie, en relation avec les ministères sectoriels, les ministères en charge des Aires protégées, parce que tout se fait autour des aires protégées. Et l’objectif c’est vraiment le développement d’une économie verte, visant le développement économique avec l’implication des populations; et nous avons donc des résultats par rapport à l’aménagement du territoire, par rapport au renforcement des activités des structures en charge des aires protégées et par rapport aux populations desdites aires, dans un esprit d’aménagement du territoire, et qui touche les questions de décentralisation et de développement local.

Quel est l’objectif de votre tournée dans les pays?
Il y a le Comité de pilotage qui va être organisé le mois prochain à Libreville. En prélude à ce comité de pilotage, il y a des comités de suivi national dans les États. Donc, là, nous passons dans les États. Nous étions en RDC, à Brazza. Aujourd’hui on est au Cameroun, et après on ira au Gabon. Donc, l’une des missions c’est l’orientation du programme au niveau national. C’est un organe décisionnel d’orientation, et c’est aussi un dialogue au niveau national où des questions au niveau local se retrouvent d’abord au niveau national, puis vont au niveau régional à Libreville. Et après, on les intègre au niveau global, c’est-à-dire, l’Union européenne et les États de l’Afrique centrale.

Quelle appréciation faites-vous du niveau d’implémentation du programme Ecofac 6 au Cameroun?
Le degré d’implémentation du programme Ecofac au Cameroun est satisfaisant. C’est une nouveauté dans la mise en œuvre du programme, d’impliquer les ordonnateurs nationaux dans le processus institutionnel de mise en œuvre des programmes liés à l’environnement. C’est la première fois qu’on le fait, notamment dans le cadre d’Ecofac 6. Jusque-là, l’ancrage institutionnel au niveau des États était mis en application pars les ministères en charge des Aires protégées, en charge des Forêts et/ou de la Faune, dans le cadre des précédentes phases du programme Ecofac. Nous sommes satisfaits que le Cameroun ait signé cette décision-là sur le Comité de suivi national, avec une participation massive, puisqu’il s’agit d’un dialogue national intersectoriel, interministériel. Avec ce qu’on a vu, il y a de quoi être satisfait, notamment en ce qui concerne la façon dont le gouvernement a commencé à s’approprier en signant ce communiqué-là et en mobilisant les autres ministères.

«Pour le cas du Cameroun, c’est bien évidemment le ministère de l’Économie, en relation avec les ministères sectoriels, les ministères en charge des Aires protégées, parce que tout se fait autour des aires protégées»

Vous parlez de conservation et de développement des localités riveraines résidant autour des aires protégées. Quelle est la place qu’occupent les populations dans le programme d’économie verte implémenté en Afrique centrale actuellement?
Nous avons un résultat sur les activités socio-économiques autour des aires protégées. Cela entre dans le cadre de l’économie des aires protégées. Jusqu’ici, ces zones étaient considérées comme des zones exclusives de conservation. Mais quand on sort de cette conception, on se rend compte qu’il y a trois piliers de développement durable: la conservation écologique, le social, l’économique. Voilà pourquoi, avec les chefs d’État, nous avons pensé qu’il faut maintenant passer de la conservation à l’économie de la conservation pour que l’aire protégée n’ait pas seulement une valeur écologique, mais aussi une valeur économique.

Et pour que l’économie des aires protégées puisse être une contribution dans la production intérieure des États, ça doit partir de l’aire protégée, le complexe et le territoire qui est tout autour, c’est-à-dire les populations. Voilà pourquoi, il y a un résultat sur les activités socio-économiques. Même si elles ne seront pas des activités génératrices de revenus qu’on faisait hier, elles constitueront tout de même un véritable développement qui rentre dans le cadre de la décentralisation, l’aménagement du territoire, et le développement local.

Concrètement, de quoi retourne ce développement d’activités génératrices de revenus?
Il sera question de développer les activités des populations. C’est-à-dire que si les riverains pratiquent la pêche, on trouve des moyens pour développer cette pêche. Il en est de même pour l’artisanat, les activités agroalimentaires et autres. Prenons le cas de Bouba Ndjida. Autour de cette aire, il y a des gens qui font l’élevage et l’agriculture. Il est question pour nous de réfléchir sur les moyens de développer ces activités dans l’intérêt des populations.

Propos recueillis par Joseph Julien Ondoua Owona (stagiaire)

 

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