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Développement agricole au Cameroun : Et l’engrais chérifien se répandit sur les terres!

Le pays de Paul Biya dispose désormais d’un laboratoire des sols et des engrais. Don de l’Office chérifien des phosphates (OCP), l’infrastructure a été rétrocédée au gouvernement camerounais le 13 février 2020.

Instant d’inauguration du nouveau bâtiment

Au quartier Etoug-Ebe (Yaoundé 6), c’est l’image de la modernité triomphante. Mieux encore! À ceux qui cherchent ce qui fait l’objet de la fête ici, deux choses se présentent. D’abord un bâtiment flambant neuf R+2. «Il est porteur de l’expertise marocaine en matière d’analyse des sols et des intrants», décrit Gabriel Mbairobe. D’après le ministre camerounais de l’Agriculture et du Développement rural (Minader), «c’est le résultat d’une évaluation réfléchie des succès de l’OCP en matière de recherche agricole dans le monde». Et d’ajouter: «Le bâtiment seul a coûté 300 millions FCFA; il est construit sur le double visage académique et para-académique». Ici, investisseurs exploitants agricoles, à grande ou petite capacité managériale pourront solliciter des préalables des sols avant tout projet agricole. En clair, il s’agit d’un laboratoire consacré à l’accompagnement des petits et moyens exploitants plus ou moins nécessiteux. «Il nous permettra de mieux protéger le petit agriculteur», confirme le Minader.

Concrètement, il est axé sur trois types de projets: des projets de reconversion permettant de faire passer les exploitants fragiles à des productions à plus forte valeur ajoutée, et moins sensibles aux intempéries; des projets de diversification ayant pour objectif de générer des revenus complémentaires pour les exploitants fragiles autour du développement accéléré des produits du terroir; des projets d’intensification en encadrant les exploitants pour leur permettre de disposer des meilleures techniques capables d’améliorer leurs rendements et valoriser leur production. Enfin, des actions stratégiques transversales sont prévues. Il s’agit de l’accès aux marchés étrangers et la modernisation de la distribution notamment.

Alors que l’agriculture camerounaise est plus que jamais confrontée aux défis de la libéralisation des échanges, s’il y a une question sur laquelle l’attente de tous est très forte, c’est bien la densification de la production nationale. Et l’OCP qui se réclame d’accompagner cette dernière vision entend y contribuer de façon significative. Et pour cela, elle met aussi à la disposition du gouvernement camerounais du matériel roulant (tricycle, véhicules pick-up et motocyclettes) afin de couvrir les zones les moins accessibles pour le prélèvement des échantillons des sols.

Parlant au nom du donateur, S.E. Mostafa Bouh, l’ambassadeur marocain à Yaoundé, exalte les bienfaits de la coopération entre le royaume chérifien et le Cameroun. «Nous venons d’assister à une très belle démonstration de la coopération Sud-Sud dans ce projet très concret et bénéfique pour les populations», dit-il.

Ongoung Zong Bella

Dans l’antre du projet

Ce nouveau projet entrepris par le Minader et la Fondation OCP vient concrétiser l’accord de partenariat signé par les deux parties en novembre 2018. En effet, l’objectif de cet accord triple: participer au développement du secteur agricole du pays à travers le renforcement des capacités techniques et scientifiques des cadres du ministère; soutenir la modernisation des équipements du laboratoire d’analyse des sols de la Direction de la réglementation; contrôler la qualité des intrants et produits agricoles (DRCQ) du Minader; élaborer la Carte de fertilité des sols.

Piloté par le Minader, avec le soutien de la Fondation OCP, le projet d’élaboration de la carte de fertilité va concerner des zones pilotes d’une superficie totale de 100 000 hectares respectivement dans la région du Nord Cameroun (50 000 ha) et dans la région du Centre Cameroun (50 000 ha).

Il est prévu, dans le cadre de ce partenariat, la formation de plus de 130 cadres du Minader dans différents domaines liés à la fertilité des sols et la fertilisation des cultures. Dans ce sens, une première formation en contrôle qualité des engrais a eu lieu à Jorf Lasfar (Maroc) en faveur de 5 cadres et laborantins de la DRCQ. À terme, 9 formations seront dispensées entre le Cameroun et le Maroc dans les domaines tels que: la fertilisation raisonnée, les Systèmes d’informations géographiques (SIG) appliqués à la cartographie des sols et le contrôle de la qualité des engrais.

Déjà, en 2017, OCP Cameroun, filiale du groupe marocain OCP Africa, avait organisé à Bafoussam, une conférence réunissant plus d’une centaine de producteurs agropastoraux. C’était dans le cadre d’un programme de vulgarisation de bonnes pratiques agricoles pour une fertilisation raisonnée dans la filière maïs. L’organisme ambitionnait alors de sensibiliser plus de 5500 petits producteurs dans le grand Ouest (Nord-Ouest, Ouest et Littoral) aux bonnes pratiques de fertilisation raisonnée. Ladite sensibilisation s’est faite au travers de la mise en place d’une trentaine de parcelles de démonstrations dans les deux zones agroécologiques que compte le grand Ouest pour expérimenter des couples d’intrants: semences hybrides à haut rendement, engrais et/ou pesticides en fonction de la spécificité des sols.

Sources: OCP et Minader

 

Reconnue d’utilité publique, la Fondation OCP participe à la diffusion du savoir en se positionnant comme un acteur engagé pour la transmission d’un monde meilleur aux générations futures. Ses actions s’articulent autour de plusieurs domaines, tels que l’éducation, la formation et la recherche-développement.

C’est ainsi que la Fondation OCP s’engage et déploie ses programmes, en adoptant une démarche participative, avec des partenaires publics et privés, au Maroc et dans plusieurs pays du sud. Cette approche lui permet d’insuffler une dynamique positive au sein des communautés, permettant ainsi à l’environnement de progresser dans son ensemble pour un avenir juste et équitable.

Grâce à ses différentes actions sur le continent africain, la Fondation OCP promeut la création d’outils stratégiques d’aide à la décision en termes de politiques agricoles.

Au-delà de ses projets, la Fondation OCP porte aussi des structures opérant dans l’éducation et le savoir.
OCP est né en 1920, doté d’un statut d’office public. En 2006, l’entreprise abandonne ce statut pour devenir une société anonyme. La réalité de l’Office chérifien des Phosphates (OCP) c’est le phosphate et donc le phosphore, l’un des trois éléments de la trilogie NPK (azote, phosphore, potassium), éléments fondamentaux et non substituables de la vie. OCP est donc, à la fois, une entreprise minière, qui extrait une ressource minérale, et une entreprise chimique, qui transforme cette ressource en engrais.

Grâce à ses différentes actions sur le continent africain, la Fondation OCP promeut la création d’outils stratégiques d’aide à la décision en termes de politiques agricoles. À ce jour, plus de 1 million d’hectares de sols ont été cartographiés, plus de 200 cadres formés et 17 laboratoires fixes et mobiles ont été équipés, en vue de l’émergence d’une agriculture durable et résiliente en Afrique.

 

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