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Pollution : la curieuse intensification en Afrique

À la veille de la Cop 25 en Espagne, une étude, menée par Cathy Liousse, directrice de recherche au laboratoire d’aérologie du CNRS (Centre national de la recherche scientifique), vient démontrer le fait que l’Afrique pourrait représenter la moitié des émissions de pollution dans le monde d’ici à 2030.

Ainsi, en 10 ans, l’Afrique passerait de 2% à 50% de la pollution mondiale.
Un véritable record! Au niveau mondial, les principaux pays ou groupe de pays responsables de l’émission de CO2 sont, par ordre décroissant: la Chine (24,1%), les États-Unis (14,9%), les nations membres de l’Union européenne (10,3%), l’Inde (5,7%), la Fédération de Russie (5,4%), le Japon (3%), le Brésil (2,6%), etc. Aucun pays africain ne franchit le seuil de 1 %. Rien de surprenant d’ailleurs. Comme on le voit, développement et pollution sont intimement liés, ce qui explique pourquoi le continent africain est finalement l’un des moins pollueurs.

En Chine la seule pollution de l’air fait 1 million de morts par an. La concentration moyenne de particules fines PM 2,5 dans les villes chinoises est de 48 microgrammes par mètre cube d’air, soit plus du double de la moyenne mondiale. Secteur clé de l’économie américaine, l’agriculture est la deuxième cause la plus importante de la pollution. Les États-Unis sont ainsi émetteurs de 15% du CO2 de la planète. Près de 90% de la population urbaine en Europe est exposée à des polluants dont les concentrations sont supérieures au niveau de qualité de l’air supposé nocif pour la santé. Par exemple, selon les estimations, les particules fines dans l’air ont réduit l’espérance de vie dans l’UE de plus de huit mois. Le benzopyrène est un polluant carcinogène de plus en plus préoccupant, dont les concentrations dépassent le seuil fixé pour la protection de la santé humaine dans plusieurs régions urbaines, notamment en Europe centrale et orientale.

Motivation
Aujourd’hui, la plupart des chercheurs s’accordent à identifier cinq sources majeures de pollution dans les grandes villes d’Afrique de l’Ouest: la combustion de bois pour la cuisson des aliments et le brûlage des déchets à ciel ouvert sont de plus en plus pointés du doigt pour leurs fortes concentrations de particules fines; le trafic routier; les industries agroalimentaires et chimiques; les poussières de sable du Sahara, transportées par les vents à travers la zone sahélienne, accentuent le phénomène, surtout pendant la saison sèche.

En Afrique, les principales sources de pollution sont: combustibles solides — charbon, bois, charbon de bois, fumier et autres matières issues de la biomasse. Éventuellement la croissance progressive de la mobilité urbaine, le développement de l’industrie énergétique constitueront des foyers de pollution dans un avenir proche. Mais ce n’est pas encore le cas.

Vigilance
Pour se développer, l’Afrique devra consommer de l’énergie, laquelle est par essence émettrice de CO2. On sait que l’énergie -en particulier la production d’électricité- est, en 2O15, de très loin celle qui émet le plus de CO2 (41%), suivie des transports (23%), de l’industrie (20%), du résidentiel (6%), etc. La production d’électricité à partir du charbon (très dominante en Chine et en Inde, trop importante en Allemagne et en Pologne) y est bien sûr pour quelque chose.

Zacharie Roger Mbarga

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