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Russie-Afrique : la révolution n’a pas eu lieu!

Le chapelet de belles promesses et de bonnes intentions a encore retenti. L’Afrique se contentera d’une volonté de doubler de la coopération entre les deux entités.

Ce qui a émergé c’est l’appui sur la sécurisation de l’Afrique, notamment le bourbier sécuritaire du Sahel, mais également un C2D russe sur les 20 milliards de dollars de dettes africaines envers la Russie.

Lors de la réunion de Sotchi, l’ancienne puissance communiste a mis en avant son expertise militaire. Si de grands contrats d’armement n’ont pas été annoncés, la Russie a multiplié en amont les accords de coopération militaire et de défense avec plusieurs pays africains. Le Mali, qui en fait partie, est en proie à une menace terroriste (au nord et au centre) que peine à juguler la Force conjointe du G5 Sahel.

La Russie a aussi trouvé des marchés pour son industrie nucléaire. L’Éthiopie a signé avec Rosatom, l’entreprise publique russe déjà présente en Zambie, un accord qui prévoit la création d’un réacteur expérimental pour combler son déficit énergétique. Le Rwanda, lui, est sorti du sommet avec un accord prévoyant la construction d’un centre de recherches sur le nucléaire.
Moscou s’est aussi rapproché des mines africaines en signant des accords de prospection en matières premières avec le Soudan du Sud et la Guinée Équatoriale, deux pays riches en pétrole. Sur le marché africain des hydrocarbures, les géants russes Gasprom et Rosneft répondent aussi présents.

Lors du sommet de Sotchi, Vladimir Poutine lui aussi n’a pas manqué de se poser en rempart contre les tentatives de renversement des régimes africains: «Plusieurs pays sont confrontés aux conséquences des Printemps arabes. Résultat: toute l’Afrique du Nord est déstabilisée… Dans cette région, mais aussi dans les zones du Sahara et du Sahel, dans la région du lac Tchad, on trouve de nombreuses organisations terroristes, notamment Daech, Al-Qaïda, Boko Haram et Al-Shebab. C’est pourquoi il nous semble important d’accroître les efforts conjoints de la Russie et de l’Afrique dans le domaine de la lutte antiterroriste».

Mais la Russie pourrait très vite se trouver en porte-à-faux avec les aspirations d’une jeunesse africaine plus favorable aux alternances et aux valeurs démocratiques. «Avec ce type de discours, il y a en effet un risque d’être en décalage avec les attentes de la société civile. La Russie en a déjà fait les frais au Soudan avec le renversement d’Omar El-Béchir (proche de Moscou)», explique Igor Delanoë.

Et l’Afrique?
L’Afrique n’a-t-elle recherché que la protection? Pas de positionnement stratégique? S’agit-il d’une alliance de matière première contre la protection de l’ours russe?
La Russie, qui est un vaste marché et une puissance technologique en devenir, n’a donc pas ouvert son marché au tissu productif africain?

Les projets industriels, scientifiques et techniques seront-ils de nature à doter les ingénieurs africains de savoirs et savoir-faire: telle la sous-traitance africaine dans la fabrication des satellites et la présence d’astronautes africains lors de la mise en orbite? Peut-on s’attendre à ce que la Russie installe en Afrique un laboratoire pour tout ce qui est high-tech.

Rendez-vous dans trois ans en Afrique!

Zacharie Roger Mbarga

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