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Le « vivre ensemble » à la camerounaise, à la lumière des récentes nominations dans la préfectorale

Le jeudi 19 septembre, la presse camerounaise relayait l’information selon laquelle, le Premier ministre, Chef du gouvernement autorisait à titre exceptionnel et pour le compte de l’année 2019-2020, le recrutement de 119 candidats supplémentaires à l’Ecole Nationale d’Administration et de Magistrature (ENAM). Cette décision survenait après qu’un camerounais épris de valeurs patriotiques ait dénoncé et mis en nu le système inique de spoliation des camerounais par l’admission frauduleuse et injuste des fils et parents des pontes du régime dans cette école, à travers l’achat des places et le trafic d’influence, et ce depuis aujourd’hui des années.

Si cette décision est à saluer puisqu’elle démontre encore une fois la magnanimité et le souci des intérêts du petit peuple de la part du chef de l’Etat, elle suscite toutefois les inquiétudes au regard de son caractère circonstanciel et conjoncturel, mais aussi au regard de la tournure prise par l’actualité nationale après cette salutaire décision.

Cette décision répondait à une conjoncture et à une circonstance précise, et pour cela elle conforte les tenants de la thèse selon laquelle, le régime en place préfère résoudre les conséquences d’un problème au lieu de s’attaquer à sa cause. Car que vaut véritablement une telle décision, lorsqu’on sait que ceux qui organisent ces manigances constitués en castes, solidaires les uns les autres vont recommencer de plus belle au prochain concours ? Etant donné que ce n’est pas le courage et les moyens pour le faire qui leur manquent. Animés qu’ils sont de la seule volonté d’assouvir leurs intérêts même au détriment de ceux du prince, qu’ils rêvent tous de remplacer pour continuer la sale besogne des années encore, contre le peuple camerounais.

Les récentes nominations intervenues dans la préfectorale confortent cette thèse. En effet, comment comprendre qu’au moment où vient de se tenir le Grand dialogue national, dont l’une des pierres angulaires était de trouver les voies et moyens de renforcer le « vivre ensemble »et la « cohésion sociale », ceux qui entourent le Chef de l’Etat se permettent de poser des actes allant à l’encontre de cet idéal national ? Comment comprendre que de jeunes garçons encore à l’âge de puberté sociale, avec moins de sept années de service, accèdent à des postes prestigieux dans la préfectorale juste parce qu’ils portent le bon patronyme, alors qu’au même moment, d’autres après des décennies et au rang d’administrateur civil principal subissent le calvaire en passant de commandement en commandement de sous-préfecture depuis des années ?

Certains évoquent la thèse selon laquelle, ces enfants des pontes sont les Camerounais comme tous les autres, et s’ils ont le mérite, ils peuvent aussi être nommés. Soit, la décence recommande qu’on soit juste en République, personne ne saurait démontrer comment quelqu’un qui traine des décennies d’expérience préfectorale serait moins compétent qu’un jeune pubert social à peine sortit de l’ENAM. Etant donné que la compétence est le fruit de la connaissance et de l’expérience, de quelle expérience jouissent-ils pour être compétent, pour occuper des postes aussi élevés en si peu de temps de service ?

Ceux qui ont posé ces actes n’ont pour seul dessein que de salir davantage l’image du Chef de l’Etat aux yeux de l’opinion nationale et internationale. C’est aujourd’hui une vérité de lapalissade, ceux qui combattent le plus le Chef de l’Etat sont dans son propre camp et même proche de lui. Ces actes discréditent et enlèvent toute pertinence au discours sur le « vivre ensemble » et la « cohésion sociale ». Aucune cohésion sociale n’est réalisable, lorsque le peuple a le sentiment d’injustices sociales permanentes. Le Chef de l’Etat, dans son discours convoquant le Grand dialogue national, a fait noter qu’il ne saurait satisfaire toutes les familles du Cameroun en nommant leurs fils, mais l’on pourrait rétorquer qu’au regard des postes restreints, il serait judicieux de ne pas satisfaire toujours les mêmes familles, alors qu’il y a des milliers de familles au Cameroun avec des fils et des filles méritants.

A ceux qui posent ces actes, on dira qu’ils font le plus grand mal possible à leurs progénitures en croyant les aider. En accédant à leurs caprices d’avoir une ascension fulgurante mais indécente, pour vite être « comme papa », ils braquent la conscience nationale contre eux. C’est faire preuve de peu d’intelligence et de clairvoyance. Car l’histoire à ceci de particulier qu’elle se répète toujours. Lorsqu’on sème les graines de la division, des injustices sociales, de la maltraitance du peuple, on se met inéluctablement en danger, car le peuple n’oublie jamais. Que Dieu protège le Cameroun.

 

Ambroise Mbarga

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