Spectacle sans spectateurs

Jusqu’ici, à l’exception des matches de l’Egypte, le pays hôte, les affiches de la Can se sont tenues devant des affluences dérisoires.

Egypte 2019: le public clairsemé dans les tribunes

Le 22 juin dernier, ils n’étaient que 1 083 spectateurs présents dans l’immense stade international du Caire (74 000 places) pour assister à la rencontre entre le Congo et l’Ouganda. «Une affluence ridicule et inférieure à celle des matches du dimanche en National, le troisième échelon en France», commente Gilles Festor, le reporter du Figaro à Egypte 2019. Il ajoute : «le phénomène des tribunes tristement vides à la Can 2019 en Egypte n’est pas un cas isolé. Il est même devenu la norme. Depuis l’ouverture du tournoi le 21 juin, la majorité des rencontres se sont tenues devant moins de 10 000 spectateurs». Il a raison. Sur la foi des statistiques disponibles sur le site officiel de la Confédération africaine de football (Caf), quelques exemples du premier tour l’indiquent en tout cas. 4 364 pour Zimbabwe-Togo, 3 192 pour Nigéria-Burundi, 4 961 pour Côte d’Ivoire-Afrique du sud ou encore 5 983 pour la rentrée dans la compétition du Cameroun, tenant du titre face à Guinée Bissau. Seules les affiches avec le pays organisateur ont ramené à chaque fois plus de 70 000 spectateurs. Et ce n’est pas l’élimination des Egyptiens en 8es de finale qui a contribué à ramener du monde dans les enceintes.

Un mal structurel
Le manque de supporters est un vrai problème pour les organisateurs alertés sur le sujet. «Tout le monde aimerait jouer dans un stade plein mais ce n’est pas le cas malheureusement», a déploré sur BeinSport Djamel Belmadi, le coach algérien. Selon Canal +, il y a deux ans, le pays hôte, le Gabon, avait réussi à sauver les apparences en distribuant de façon massive des billets gratuits mais certains matches s’étaient disputés devant moins de 2 000 spectateurs en phase de groupes (1 800 pour un Tunisie-Zimbabwe par exemple). Le taux de remplissage des stades pour les Can se situe en général bien en dessous de 50%.

Plusieurs raisons conjoncturelles expliquent l’absence du public en Egypte. La première concerne les prix des billets jugés prohibitifs allant de 100 à 500 livres égyptiennes ( environ 17 000 francs CFA). La grille tarifaire avait provoqué la colère des supporters locaux et étrangers. Le spectre des tensions sécuritaires, qui accompagne la Can depuis le début de la compétition a probablement contribué à dissuader certains de faire le voyage jusqu’en Égypte. La haute surveillance policière n’autorise aucun écart de conduite. Les autorités ont même expulsé un fan pour avoir brandi une pancarte pro-contestation lors du premier match… Enfin l’attribution très tardive du tournoi à l’Egypte, en janvier dernier seulement après le retrait du Cameroun en novembre dernier, n’a facilité l’accueil des supporters étrangers.

Des associations en renfort
Est-on condamné, alors, à assister à des rencontres dans des stades fantômes jusqu’en finale, le 19 juillet. Les Égyptiens se sont désintéressés de l’événement. La veille de la sortie des Pharaons cette désillusion, le secrétaire général de la Caf, Mouad Hajji, avait annoncé que les organisateurs allaient faire appel aux associations caritatives pour remplir les stades en invitant «des enfants, des personnes âgées et des personnes à mobilité réduite.» Mais, selon la Caf, il n’y avait que 6 950 spectateurs pour le 8es de finale Ouganda-Sénégal, 7 500 pour Maroc-Bénin et 10 000 seulement pour l’affiche Nigéria-Cameroun.

Bobo Ousmanou

Assistance vidéo à l’arbitrage (VAR)

La high-tech en procès

Utilisée au cours de la Can 2019, chacun parmi les spécialistes et simples adeptes du football l’accueille à sa manière.

Depuis son adoption par la Fédération internationale de football (FIFA), la VAR n’a pas toujours fait bon ménage avec le foot africain. Durant la dernière Coupe du monde masculine, certaines sélections, Maroc en tête, ont critiqué avec virulence son usage, jugé partial et malhonnête. De fait, il y en a qui sont foncièrement sceptiques. Le Sénégalais Sanif Sané qui a déjà connu ce système durant la coupe du monde 2018, l’est particulièrement. «Je ne suis pas trop fan. Ça peut nous aider comme ça peut nous pénaliser. De toutes les façons, on n’a pas le choix. On va faire avec. Mais on ne va pas se fier à la VAR», a-t-il déclaré le 14 juillet 2019 sur RFI (Radio France internationale).

Le sélectionneur adverse, Michel Dussuyer, se montre plus réceptif: «Je dirais que l’utilisation de la VAR est un plus pour le football. Ça vient corriger des injustices, par moment. Je le vois comme un effet positif. Après, un jour ça peut vous servir, et un autre jour ça peut vous desservir… Mais, fondamentalement, je pense que c’est une bonne avancée. J’espère jute que ça va fonctionner jusqu’au bout et qu’il n’y aura pas de problèmes techniques.»

«Nous avons pris le risque de l’utiliser et ça avait très très bien fonctionné jusqu’à que nous rencontrions certaines difficultés», estimait pourtant Anthony Baffoe, le Secrétaire général adjoint de la Caf en change du développement du football.

La Caf se veut rassurante
Le sujet reste sensible. La Caf s’est donc montrée rassurante tout au long de la Can 2019. «Nous avons pris toutes les mesures nécessaires, pour que cela fonctionne et que nous ayons un support, a assuré Baffoe, lors d’une conférence de presse au début de la compétition. C’est très important. Les arbitres qui travaillent dans le groupe sur la VAR sont déjà au boulot depuis un certain temps».

«Au départ, la VAR était destinée à la finale, a récemment rappelé le Secrétaire général de la Caf, Mouad Hajji. Mais le Comité exécutif a décidé que le dispositif devait être utilisé à partir des ¼ de finale. C’est déjà un pas important. Car l’utilisation de la VAR nécessite du matériel mais aussi de l’expertise. Nous sommes en train de mettre en place des formations pour que les arbitres puissent être homologués VAR».

Le chef de l’administration a conclu : «Je peux vous assurer que tout se passe bien. Tout le matériel a été réceptionné. Des essais ont été effectués. […] Des solutions de rechange sont prévues au cas où il y aurait une déficience de l’un des systèmes. Mais tout est en place. Les autorisations de l’IFAB sont là. Donc, pour l’instant, rien à signaler. Tout se passe dans les meilleures conditions».

Bobo Ousmanou

Baba Cissouma, le «Can trotter»

En collaboration avec l’Association Internationale de la Presse Sportive Afrique et l’Association Egyptienne de la Presse Sportive, a honoré certains hommes de médias le 13 juillet 2019 en Egypte. Cette année, le Malien Baba Cissouma a été récompensé le seul journaliste répondant au critère de «couverture de 10 Can au moins». L’heureux récipiendaire est titulaire de plusieurs casquettes : vice-président de l’Association des journalistes sportifs du Mali (AJSM), journaliste sportif à la radio Maliba FM et directeur et promoteur du journal Match.

Sa récompense consiste en un trophée original et en un prix de 8 000 USD; le deuxième recevra 3 000 USD et le troisième, 2 000 USD, dans les catégories Photographie («Action sportive» et «Portefolio»), Ecriture («Meilleure chronique» et «Meilleur article de reportage»), Audio et Vidéo («Profil de l’athlète»), Documentaire et Court métrage. Les gagnants de la catégorie «Jeune reporter» en Photographie, écriture et radiodiffusion) se verront offrir une opportunité de carrière: une bourse dans un grand événement sportif international. La catégorie «Jeune reporter» n’inclut pas de deuxième et de troisième places.

Les «prix spéciaux» ne sont pas ouverts aux candidatures. Les gagnants seront récompensés avec un trophée, sans argent. La catégorie «Prix spéciaux» n’inclue pas de deuxième et troisième places.

 

Dans les communautés : Kyé-Ossi

La Can… en terre ceinte par le noir

La ville frontalière vit le tournoi dans l’obscurité. Les populations frisent le craquage nerveux et l’asphyxie.

Kyé-Ossi… la Can autrement

À Kyé Ossi, le 25 juin 2019, des jeunes, frustrés de ne pas pouvoir assister au match Cameroun-Guinée Bissau comptant pour la première journée de la poule F, tant attendu, se sont saisi de pneus. Scandant des mots d’ordre hostiles à Yaoundé, ils ont tenté de bloquer la chaussée menant à la sous -préfecture. L’incident est passé. « Heureusement ! », affiche bruyamment un jeune. Selon la chronique locale, le courant est revenu, quelques minutes avant le début de la rencontre opposant les Lions indomptables aux Djurtus.

Stratégie
Près du grand carrefour qui jouxte le poste frontalier Cameroun-Guinée Equatoriale, ce 27 juin 2019, les gens se gaussent et ironisent sur les horaires du courant, «qui repart en courant». Ici à Kyé Ossi, ce jeu de mots est à la fois facile et fréquent. «L’électricité est généralement octroyée pendant la durée de la retransmission des matches de l’équipe du Cameroun, c’est-à-dire vers la tombée de la nuit, vu le décalage horaire avec l’Egypte», affirme Seydou Mahama, tenancier d’une vente à emporter dotée d’un puissant groupe électrogène. A dire vrai, l’important est conjoncturellement là: l’électricité demeure tant que les matches des Lions indomptables durent. «Après ça, l’effervescence retombe. Le noir revient, repoussant à une autre échéance la solution de fond de l’alimentation en énergie électrique, régulière et suffisante, à laquelle aspirent tous les habitants de Kyé-Ossi», avance, sous anonymat, un cadre communal.

Depuis le début de la Can 2019, dans cette ville située aux confins du Sud-Cameroun, la fourniture d’énergie est organisée en fonction du calendrier des rencontres. C’est l’un des mécanismes d’adaptation à la pénurie. L’autre solution, c’est le groupe électrogène. Un grand nombre de fans du football ont opté pour la convivialité en désertant leurs domiciles, préférant regarder le match entre amis, dans des bars ou dans les fan-zones. «Là-bas, détaille Amadou, les groupe puissants fonctionnent jusqu’à très tard dans la nuit», au profit semble-t-il, du nombre de bières consommées qui explose. Une voix situe même sur «la réservation des places au bar».

Dans certains grands lieux de vie de la ville, impossible de réserver quand ce quota est atteint. Un phénomène dont de nombreux témoignages assurent qu’il s’intensifie à la veille des matches des Lions indomptables. Devant cette situation, tous les moyens semblent bons pour promouvoir d’autres moyens d’avoir une place assise dans un bar. «Quand le Cameroun doit jouer, raconte John Kimbong, j’envoie mon fils avec de l’argent tôt le matin. Il s’assoie là-bas pour me réserver une place proche de la télé».

L’occasion faisant le larron, pour gonfler leur portefeuille de clients avant une sortie des Lions indomptables, quelques propriétaires de bars font le démarchage à domicile, une technique commerciale particulièrement agressive, s’exerçant souvent sur des populations économiquement très fragiles ou en grande précarité énergétique. «Ils viennent te trouver ici sur place, tu leur donnes 500 francs pour avoir une place le soir et après tu te retrouves debout au milieu des gens qui fument un mauvais tabac», s’emporte Célestin Essouma, un quinquagénaire sans emploi.

Ailleurs, dans ce contexte de délestage fréquent, tout fonctionne à pas de caméléon. Dans une économie déjà bien fragile du fait du «yoyo» à la frontière, le carburant se fait rare. L’argent aussi. Ici, le soleil ne décline pas, il tombe. Dès qu’il disparaît, une nuit d’encre engloutit les quartiers pauvres. «De quoi friser le craquage nerveux et l’asphyxie, quand on a un groupe électrogène à sec, synonyme de privation de matches autres que ceux livrés par le Cameroun», s’emporte un autre cadre communal. Alors, l’option de l’énergie solaire brille dans les esprits. Là encore, ce sont les plus nantis qui en disposent. Pour visionner les matches de la Can 2019, certains forcent le contact. «C’est solidarité, on tente de se faire potes avec ces gens, c’est la débrouille!», affirme en riant Ernest Sohaing.

Jean-René Meva’a Amougou, à Kyé-Ossi

 

Talent

Samuel Chukwueze

Plus jeune bourreau des filets

A 20 ans et 49 jours, il est devenu le plus jeune buteur du tournoi cette année grâce à sa réalisation contre l’Afrique du Sud, dans une rencontre où il a été élu homme du match. Parcours et profil d’une étoile montante.

Une ascension fulgurante. Il a 20 ans à peine, aurait dû disputer la Coupe du monde U20. Mais Samuel Chukwueze a inscrit son premier but avec le Nigeria en quart de finale de la Can 2019 et propulsé les «Super Eagles» en demi-finale face à l’Algérie.
Son but a permis aux Nigérians de rallier le dernier carré de la compétition, un stade qu’ils n’avaient plus atteint depuis leur sacre en 2013. Mais il marque surtout une étape importante dans sa carrière.

Sacré champion du monde U17 avec le Nigeria en 2015, l’ailier est convoité par Arsenal, mais finit par rejoindre Villarreal en 2017. Après une saison correcte en deuxième division, il explose en Liga: un but lors du mémorable 4-4 contre le Barcelone de Messi en avril, et le but de la victoire contre Gérone dans le même mois, qui évitera la relégation à son équipe.

S’il ne tient pas encore la comparaison avec l’Argentin, les qualités du jeune Nigérian se rapprochent de celles d’un autre gaucher dévastateur: le jeune retraité Arjen Robben.

Chukwueze, fan du Néerlandais quand il était petit, se satisferait bien de la moitié de l’immense palmarès de Robben, huit fois sacré en Bundesliga et une fois en Ligue des Champions (2013) avec le Bayern, finaliste de Coupe du monde (2010) et vainqueur des championnats anglais, espagnol et néerlandais avec Chelsea, le Real Madrid et le PSV Eindhoven.

«Il a une qualité débordante, que tu ne peux pas arrêter, c’est comme une rivière», s’enthousiasme Miguel Alvarez, l’entraîneur de l’équipe réserve de Villarreal qui a aidé Chukwueze à faire le grand saut vers l’équipe première en 2018.

Bientôt l’un des meilleurs
«Chukwueze a un bon pied gauche, il est rapide, a un centre de gravité assez bas -ce qui lui donne un bon sens de l’équilibre- et il peut passer ou marquer», abonde le sélectionneur du Nigeria Gernot Rohr.

Il n’avait pas été appelé pour le Mondial-2018, où le groupe nigérian, très jeune, n’avait pas réussi à passer la phase de poules. Mais Gernot Rohr assure que la maturité engrangée l’an dernier et l’arrivée de nouveaux talents comme Chukwueze permettra au Nigeria de retrouver sa place parmi les meilleures nations du football africain.

Source TV5.org

Can du fric

Le Nigerian Aliko Dangote, l’homme le plus riche d’Afrique, a promis de donner 50.000 dollars (44.400 EUR) pour chaque but que l’équipe nigériane inscrirait en demi-finale de la CAN 2019 contre l’Algérie, dimanche au Caire (20h00), annoncé le président de la Fédération nigériane de football à ses joueurs.

Le président de la NFA Amaju Pinnick a également annoncé que Femi Otedola, un magnat du pétrole nigérian, avait lui aussi promis de récompenser les hommes de Gernot Rohr, à hauteur de 25.000 dollars par but inscrit pendant le restant de la compétition.

Les dons aux Super Eagles affluent de la part des Nigérians les plus fortunés depuis qu’ils ont atteint le dernier carré de la CAN-2019, en battant l’Afrique du Sud (2-1) mercredi.

Chaque joueur a déjà reçu au moins 72.000 dollars de bonus et de dons grâce aux performances exceptionnelles de l’équipe dans le tournoi continental. Le Nigeria n’avait pas participé à la CAN depuis sa victoire en 2013, quand les Super Eagles avaient remporté la Coupe en battant le Burkina Faso. Le gouvernement avait alors remercié ses joueurs à coup de cadeaux en cash et de parcelles de terre.

Le président nigérian Muhammadu Buhari a demandé aux Super Eagles de rester concentrés jusqu’au bout, afin d’espérer remporter le tournoi pour la quatrième fois de leur histoire. Le président nigérian Muhammadu Buhari a demandé aux Super Eagles de rester concentrés jusqu’au bout, afin d’espérer remporter le tournoi pour la quatrième fois de leur histoire.La décision d’affréter des avions a été prise afin de « soutenir l’équipe », qui jouera au stade du 30-juin au Caire, selon le communiqué.

Le Nigeria n’avait pas participé à la Can depuis sa victoire son sacre en 2013face au Burkina Faso. Le gouvernement avait alors remercié ses joueurs à coup de cadeaux en cash et de parcelles de terre.

Source : RFI

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