Publicité : Médias et annonceurs jouent le jeu

Spectacle continental par excellence, la Can de football est l’occasion inespérée pour les annonceurs de profiter d’une exposition médiatique à nulle autre pareil. Les marques misent sur l’engouement populaire autour de l’événement pour toucher le public au maximum. Chacun y va de sa méthode.

«Au test de l’Audimat, la Can de football explose souvent les compteurs». Lancé le 20 juin dernier, le tournoi devrait confirmer le constat de Eugène Tchaffo. Par expérience donc, ce responsable marketing dans une agence de communication et de veille stratégique basé à Yaoundé conclut que «pour la Can 2019, les annonceurs s’agglutinent autour des écrans publicitaires». Il évalue à une trentaine le nombre de films publicitaires réalisés spécialement pour l’occasion. «Le marché, surtout dans les secteurs de l’automobile, de l’hygiène-beauté, des télécoms, de la culture, des loisirs et de la finance, est très friand de ce genre de compétition», relève Didier Ndengue, le patron du site La Plume de l’Aigle.

Et parce que la compétition bénéficie d’horaires de diffusion plutôt favorables, les sponsors de tranches d’antennes se bousculent depuis dans les couloirs de certains médias audiovisuels nationaux. «Chez nous, la grille affiche deux marques», confie Ernest Obama de la chaîne de télévision privée Vision 4.

A la CRTV, la radiotélévision publique, un responsable de la CRTV Marketing and Communication Agency apprécie «l’environnement très positif autour de l’événement qui a facilité la commercialisation des espaces publicitaires». Notre interlocuteur ajoute que «compte tenu de l’importance de l’événement, les remises existent, mais elles sont plafonnées». Une voix au sein de l’office souffle qu’un annonceur qui bénéficie habituellement d’un rabais de 50 % ne pourra pas négocier au-delà de 40 %.

Stratégies
En termes d’environnement favorable, les uns et les autres capitalisent sur l’audience. «Vendredi dernier, 7,1 millions de fans du foot ont regardé le match d’ouverture Egypte-Zimbabwé », évalue Elvis Mbimba, rédacteur en chef Web à la CRTV. Si l’on s’en tient à ce chiffre, «sur la base d’un bon taux de remplissage des écrans publicitaires classiques, nous pouvons espérer engranger près du double si le Cameroun va jusqu’en finale et la CRTV, toutes chaînes confondues, s’est mise au service de la Can», projette le journaliste.

Du côté des annonceurs eux-mêmes, chacun affûte ses armes. L’astuce est de fédérer un public le plus large possible. Dans les entreprises de télécoms et d’agro-industrie, chacun profite de la vitrine de la Can 2019 pour prouver les capacités de marques et gadgets les plus innovants. «Au-delà des supporteurs, il s’agit donc de dépasser le cœur des amateurs de foot pour séduire toute la famille», insiste Nyoh Moses du département de communication chez un opérateur de téléphonie mobile. «Il faut savamment doser entre ce que le téléspectateur a l’habitude de trouver habituellement à cet horaire et le public que l’on souhaite attirer», détaille l’ancien journaliste de la CRTV.

 

Dans les communautés

Kebe Bâ, champion d’idées

Pour la Can, le restaurateur Sénégalais résidant à Yaoundé a érigé son cadre d’activités en « lieu de vie ».

 

Une fois encore, ça bouge chez Kebe Bâ ! Comme lors des éditions antérieures de la Can, son restaurant situé au quartier Briqueterie (Yaoundé II) trouve une nouvelle déclinaison de sa renommée dans l’innovation et la rénovation. «Pour chaque match du Sénégal, il y a une chose spéciale», annonce le promoteur arrivé au Cameroun depuis une vingtaine d’années. De son propre aveu, c’est ce profil «gigantesque» qui fait de son «coin» un lieu prisé lors des événements sportifs au cours desquels son pays se met en scène.

Cette année, Kebe Bâ souligne la multiplication d’innovations dans son menu. L’offre s’est particulièrement densifiée et démocratisée: thiéboudienne (plat compose de poisson frais, poisson séché, de riz, de purée de tomate-ail-oignons-piments, le tout servi avec l’aubergine) et «Yassa de poulet» (composé riz blanc, de poulet en morceaux marinés dans un mélange d’oignons, vinaigre et huile d’arachide) s’obtiennent ici à 1 000 et 1 500 FCFA respectivement. «Parce que c’est la coupe !», avoue le quinquagénaire, pressé d’évoquer la disponibilité de quelques bons petits plats à emporter.

Dans la lignée de ce développement, trois espaces installés sur quelques mètres carrés à l’arrière du restaurant ont fait leur apparition. Terrasse, architecture singulière, écran géant: le lieu a été pensé comme «un autre paradis», selon les mots de Kebe Bâ. Grâce à ces effets de seuil et à cette surenchère technologique, différents concepts vont se côtoyer pour offrir «une vraie Can» aux visiteurs. Le Sénégalais dit y avoir réfléchi depuis la qualification de son pays pour la 32e édition de la compétition. «J’ai pensé comment les gens peuvent regarder les matches, en mangeant et en buvant du bon thé sans que personne ne soit gêné», souffle-t-il. L’on comprend dès lors pourquoi cette fois, le lieu a été aménagé de façon propre à lisser les interactions, à canaliser les flux de spectateurs, à sectoriser l’occupation des lieux et à endiguer le débridement des émotions.

Depuis le début de la Can, le restau de Kebe Bâ peut se targuer d’avoir accueilli de sacrées brochettes de citoyens Camerounais et ressortissants ouest-africains. Parmi ces derniers, «il y a beaucoup de Maliens, de Sénégalais, d’Ivoiriens et des Guinéens». Affluence explicable par le fait que leurs équipes nationales sont également présentes en Egypte. Au-delà, ce flux renseigne sur les formes du sentiment communautaire. «C’est ce que je veux ici. Rien d’autre», accepte Kebe Bâ.

Jean-René Meva’a Amougou

La Can des sélectionneurs-maison

Onze coachs africains sont sur les bancs en Égypte.

En poste depuis août 2014, Florent Ibenge est l’entraîneur des Léopards du Congo-Kinshasa. Il est parmi ses homologues, celui qui possède la plus grande longévité sur son banc de touche.

 

Sunday Chidzambwa (qui a déjà perdu un match face au pays organisateur) trône à la tête des Warriors du Zimbabwe. À son palmarès, une Coupe d’Afrique australe (Cosafa) en 2018, et une 3e place en 2019.

À 39 ans, Olivier Niyungeko, le coach des Hirondelles du Burundi, compte une 4e place à la Coupe d’Afrique centrale et d’Afrique de l’Est (Cecafa) en 2017. Il est surtout parvenu à obtenir une qualification historique pour la CAN-2019, la première du pays, tout en restant invaincu lors des éliminatoires.

Aliou Cissé, c’est lui qui dirige les Lions de la Teranga (Sénégal). Finaliste de la Can et quart de finaliste du Mondial en 2002.
Djamel Belmadi est au chevet des Fennecs d’Algérie, avec la lourde charge de faire oublier l’humiliation de 2017, où les Verts n’étaient pas sortis des poules.

Ricardo Mannetti officie pour la Namibie. Il a mené son pays à la victoire lors de la Coupe d’Afrique australe (Cosafa) en 2015.
Ibrahim Kamara canalise les trompes des Éléphants de Côte-d’Ivoire. C’est lui qui a décidé d’écarter Gervinho pour la Can 2019.

Mohamed Magassouba, le coach malien prévient qu’il n’est pas là pour une balade. Il a fait forte impression durant les éliminatoires, en terminant premier invaincu du groupe C.

Baciro Candé est aux commandes des Djurtus de Guinée-Bissau. Son objectif est de décrocher leur première victoire dans la compétition.

À 58 ans, James Kwesi Appiah dirige les Black Stars du Ghana. Licencié après une Coupe du monde 2014 décevante, il est finalement revenu sur le banc du Ghana en avril 2017. Dans le carré final de la compétition depuis 10 ans, James Kwesi Appiah espère que la CAN-2019 sera celle du sacre pour les Ghanéens.

Le Nigérian Emmanuel Amunike conduit la sélection de Tanzanie à sa première Coupe d’Afrique des nations depuis 1980.

Bobo Ousmanou

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