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Mois : juillet 2023
La vie avec Dieu est le trésor le plus précieux
17e dimanche ordinaire/ Année A: 1 Rois 3, 5-12; Rm 28-30 et Mt 13, 44-52. Salomon, fils de David et de Bethsabée, n’était pas un saint, tant s’en faut, car, sitôt arrivé sur le trône, il ne tarda pas à éliminer Adonias, l’un des trois fils aînés que David avait eus avec d’autres femmes (les deux autres fils avaient péri dans des luttes fratricides pour l’accession au pouvoir), puis Joab qui avait pris le parti d’Adonias. Mais diriger un peuple n’est pas aussi facile que tuer des gens qu’on n’a guère envie de voir.
Pour bien gouverner, Salomon a besoin d’une chose plus efficace que la force physique et les armes. Il se rend alors au sanctuaire de Gabaon pour adresser à Dieu la prière suivante: « Je suis un tout jeune homme ne sachant comment se comporter… Donne à ton serviteur la sagesse et un cœur attentif pour qu’il sache gouverner ton peuple et discerner le bien et le mal. Sans cela, comment gouverner ton peuple qui est si important ? »
Lorsque Salomon prie, il est entièrement centré sur le service du peuple, il ne demande rien pour lui-même. Son seul souci est le bonheur et la sécurité du peuple qui lui est confié. Pour lui, le trésor, la chose la plus importante, ce n’est ni la richesse, ni la gloire, ni les honneurs, ni la mort de ses ennemis mais le service du peuple, avoir un cœur attentif aux besoins et attentes de ce peuple. Dieu exauça la prière de Salomon. Ce dernier obtint même des choses qu’il n’avait pas demandées. Nous avons ici un premier enseignement, à savoir que notre passé, fût-il ténébreux, n’empêche pas Dieu de donner et de pardonner.Le second enseignement concerne le pouvoir. Qu’il soit temporel ou spirituel, celui-ci n’a de sens que si ceux qui l’exercent momentanément pensent d’abord au peuple et non à leurs petits intérêts, s’ils sont soucieux du bien-être et de la sécurité des populations. Accumuler immeubles, voitures et comptes en banque, voyager en première classe, faire ripaille dans de luxueux appartements pendant que le peuple croupit dans une misère noire est une trahison et un crime. Et ce sont les présidents qui prêtent serment sur la Parole de Dieu (la Torah, la Bible ou le Coran) qui maltraitent le plus les hommes et femmes créés à l’image et à la ressemblance de Dieu, qui agissent comme si la mort était la fin de tout.Jésus ne voit pas la mort comme la fin de tout. Pour lui, comme pour les Africains, “les morts ne sont pas morts” (Birago Diop) car il y a une vie après la vie terrestre. Dans les 4 paraboles de ce 17e dimanche, le Nazaréen enseigne que la vie avec Dieu est le trésor le plus précieux que l’homme devrait rechercher. Mais comment acquérir ce trésor? Que faire pour entrer dans le Royaume des cieux? L’ancien et le nouveau Testaments disent qu’iI y a des sacrifices à faire. Partager avec le démuni, donner de son temps à ceux qui ont besoin d’être écoutés ou aidés, prendre des risques pour qu’advienne un monde de justice, de liberté et de paix, répondre au mal par le bien, être fier de la réussite des autres font partie de ces sacrifices. Combien de chrétiens sont-ils capables d’emprunter ce chemin?Jean-Claude DJEREKECameroun – Tchad : l’intégration énergétique se précise
La mise en eau du barrage hydro-électrique de Nachtigal la semaine dernière est le précurseur de sa mise en service en 2024. Ce qui permettra de satisfaire une demande tchadienne de 150 MW à l’horizon 2027.
Le Projet hydro-électrique de Nachtigal marque une avancée avec la mise en eau de retenue ce 18 juillet 2023. Soit quatre années après le début des travaux. Cette phase est partie pour durer un mois, afin de tester l’étanchéité et la solidité de l’ouvrage. D’une capacité de 420 MW, le barrage doit produire annuellement 2970 GWh, afin de renforcer l’offre énergétique locale de 30 %. Ce qui permettra de réduire la fracture dans l’approvisionnement des ménages et des entreprises ainsi qu’« une diminution des subventions liée à une sur-utilisation des combustibles et de l’empreinte carbone » ne manque pas de relever le ministre de l’Eau et de l’Energie, Gaston Eloundou Essomba. « L’énergie se situe au cœur de tout processus de développement. Sans elle, il ne peut y avoir d’industrie,
La mise en eau du barrage de Nachtigal est tout bénéfique pour l’intégration énergétique susceptible entre le Cameroun et le Tchad. Une partie de la production globale du barrage de Nachtigal sera remarquable vers le Tchad à compter de 2027. «Avec l’apport supplémentaire de Nachtigal dans le système électrique, le Cameroun sera donc en mesure de satisfaire cette demande extérieure de 150 MW», se enthousiasme le membre du gouvernement.
Cette ambition est adossée à la finalisation de la mise en place d’un réseau de transport long de 1300 kilomètres de haute tension, pour la relier à la ville de Bongor au Tchad. 786 km au Cameroun et 238 km au Tchad. Cela intègre notamment une ligne principale haute tension (HT) de 225 kV entre Ngaoundéré – Maroua – Kousséri (Cameroun) et N’Djamena (Tchad), d’une bretelle de ligne HT 225 kV entre Maroua (Cameroun), Bongor – Guelendeng- N’Djamena (Tchad), des postes de transformation HT/MT associés ainsi que des réseaux de distribution.
Le respect des échéances permettra par ailleurs au Cameroun de remplir ses engagements vis-à-vis du Tchad. Le chronogramme annonce scénarise ainsi la mise en service commerciale du barrage en septembre 2024, l’amélioration de la connexion de la partie septentrionale en 2026.
NL
Au nom de la coopération Cameroun-Nigéria : la Beac sur l’autel du sacrifice du Camercap-Parc
Sortir le Cameroun de la Zone franc apparaît au think tank comme l’une des principales conditions pour accrocher le grenier de l’Afrique centrale au wagon nigérian. La souveraineté monétaire qui en découlerait viderait la Banque centrale de sa substance.
Mettre sur la même balance le renforcement de la coopération Cameroun-Nigéria et l’existence-même de la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac). C’est l’exercice périlleux auquel s’est livré le Centre d’analyse et de recherche sur les politiques économiques et sociales du Cameroun (Camercap-Parc) dans sa Note d’orientation économique de juillet 2023. Le risque pour la Banque centrale de la Cemac se trouve en effet au détour d’une question centrale: «Et si le Cameroun s’accrochait davantage au Nigéria»? Les réponses avancées par le think tank en faveur d’une telle évolution sont en la matière sans équivoque. Elles font plus que trahir une préférence pour la souveraineté monétaire du Cameroun, au péril du mandat et des missions de l’institution bancaire sous-régionale.
Souveraineté monétaire: mode d’emploi
La marge de progression de la coopération commerciale entre les deux pays est encore très grande. Elle pose à titre principal la question des moyens monétaires d’échanges (Franc CFA et Naira). Le Camercap-Parc propose pour y faire face une «souveraineté monétaire assumée pour sortir de l’étau de la Zone franc». Plusieurs implications en découlent.Barnabé Okouda parle dans un premier temps «de l’autonomie de décision du Cameroun en dehors de la Beac. Parce que les options formulées exigent du courage pour assumer une politique monétaire autogérée, flexible et indépendante d’une instance supranationale». À en croire le directeur exécutif du Camercap-Parc, c’est déjà le cas au Nigéria, «contrairement au Cameroun qui est membre de l’Union monétaire de l’Afrique centrale (Umac)».
La Note d’orientation mentionne dans un deuxième temps la possibilité pour les deux pays «d’établir des accords commerciaux sans recourir aux USD ou à l’euro pour les transactions bilatérales. Quelques dispositions de politiques économiques et monétaires sont envisageables: notamment de considérer l’un et l’autre pays comme un marché intérieur». Dit autrement, «la configuration du nouvel espace économique Cameroun-Nigéria devra faire accepter le Franc CFA et le Naira comme monnaies ayant cours légal sur leurs territoires nationaux respectifs».
Certaines analyses parlent d’une pratique déjà existante dans les zones frontalières des deux pays. Elle devrait simplement être «formalisée et encadrée à l’échelle nationale. D’où l’intérêt d’une Chambre de commerce Cameroun/Nigéria qui servirait de cadre institutionnel pour se pencher sur les modalités et la formalisation de cette idée», est-il expliqué. Quitte à effaroucher la Beac dont le Camercap-Parc anticipe déjà la colère et la contestation. «Il apparaît évident qu’une telle initiative ne ferait pas la joie de la Banque centrale qui verrait ses frontières brisées et ses règlements non respectés». Barnabé Okouda se veut radical dans cette éventualité. Il propose comme solution de «quitter la barque pour rejoindre un rivage meilleur».
Ressorts
La nécessité d’une souveraineté monétaire dans la perspective d’un renforcement de la coopération avec le Nigéria part de plusieurs constats. «L’Afrique centrale demeure la région la moins intégrée et l’une des plus pauvres des CERs. Une union des pauvres ne marche pas ou très peu. Sans prôner un divorce avec la Cemac et la CEEAC, il est impératif pour chaque grand pays d’avoir pour premier partenaire économique son voisin». Qui plus est, souligne la Note d’orientation, la première puissance du continent.Le Camercap-Parc relève aussi qu’«entre 2010 et 2020, le Cameroun présente une balance commerciale déficitaire. La Valeur de ses importations en provenance du Nigéria représente plus de 11,5 fois celle des exportations vers ce pays». Une légère amélioration est enregistrée sans être satisfaisante. Puisque «malgré une légère hausse en 2019, ce déficit diminue progressivement, passant de 408,14 milliards FCFA en 2015 à 12,91 milliards FCFA en 2020». D’où l’urgence pour le «Cameroun de tirer le meilleur avantage du décollage économique, notamment dans les domaines agricole, industriel et financier, de son voisin», est-il souligné. L’option de la compensation est également sur la table.
Théodore Ayissi Ayissi
Transport de marchandises en zone Cémac : des financements pour fluidifier les corridors de transport
L’observatoire des pratiques anormales (Opa), sous la houlette de l’Institut sous- régionale de statistique et d’économie appliquée (Issea), vient d’organiser un atelier pour présenter les obstacles d’une libre circulation des marchandises dans l’espace communautaire. L’Union européenne annonce de nouveaux fonds pour corriger les manquements décriés. C’était ce jeudi 20 juillet 2023 à Yaoundé.
Prise de conscience collective à Yaoundé «Comparé aux autres corridors régionaux en Afrique et dans le monde, l’Afrique centrale est la moins intégrée. Ce qui ne facilite pas l’intégration seulement régionale, mais aussi économique des biens. Nous avons beaucoup de travail à faire la dessus», voilà le constat de Jérôme Pons, chef de coopération de la représentation de l’Union Européenne au Cameroun et en Guinée Equatoriale, lors de son discours d’ouverture des travaux. Son point de vue est en droite ligne avec celui du Dr Marcel Opoumba. Le directeur général de l’Issea dit que «l’intégration intra – régionale en zone Cemac n’est que de 30%». En fait, les partenaires au développement et experts de l’Opa constatent que la fluidité en matière de transport de fret dans cette partie du monde est un véritable chemin de croix. Si nous ne prenons que le corridor Douala-N’Djamena, l’Opa compte 57 points de contrôles au Cameroun contre 4 au Tchad.
Parlant de la durée du trajet, il ressort qu’elle est la plus élevée en Afrique avec 8,5 jours de traversée. Il faut alors prévoir 126.000 FCFA de dépenses en aller et 11 000 FCFA pour le retour. Les véhicules sont en mauvais état avec l’absence des visites techniques. 143 check points répertoriés par les experts sur les corridors. Dans ces postes de contrôles, on trouve les corps de métier tels que la Douane, la police, la gendarmerie et parfois l’armée. Cet état des choses fait des corridors Douala-N’Djamena (1 844 km), Douala-Bangui (1 431 km) et Yaoundé – Libreville (790 km) les plus gros freins de l’intégration économique en zone Cémac. Toutes ces entraves à la libre circulation persistent malgré les dispositifs réglementaires et administratifs, ainsi que de nombreuses tentatives à l’échelle des pays et entre les pays.
Pour mieux lutter contre ces pratiques anormales, qui ne sont pas légales et améliorer cette intégration, l’Opa et ses partenaires proposent des pistes de solution. La première est d’éliminer les dysfonctionnements observés : la mise sur pied de 5 check-points sur le corridor Douala-N’Djamena et à 3 pour Douala-Bangui ; traquer les pratiques anormales sur les axes routiers inter-Etats. Le but ici est de ramener les institutionnels à supprimer les goulots d’étranglement et promouvoir une mobilité terrestre, aérienne et maritime. L’Opa souhaite accompagner les autorités compétentes des secteurs concernés dans la prise des bonnes mesures correctives. Pour que ce rêve soit une réalité, l’UE, par la voix de son représentant, annonce des investissements massifs dans les corridors Libreville, Douala, Kribi et Ndjamena, dans le cadre d’un programme de réalisation des infrastructures. D’ailleurs, elle débourse 20 millions d’euros dans le programme d’appui à la gouvernance des infrastructures régionales et nationales en Afrique centrale, Pagirn dans lequel se trouve l’Opa.
Le gouvernement camerounais, par la voix du représentant du ministre de l’Economie, de la planification et l’aménagement du territoire Minepat, M Stanfort Pédié, conseiller technique numéro 4, prend note des manquements relevés. Il explique que le gouvernement travaille pour améliorer les conditions de transport, afin de booster l’économie.
André Gromyko Balla
Policiers, gendarmes et douaniers : ces acteurs qui plombent la libre circulation
Les étrangers de la sous-région, venus à la Foire transfrontalière annuelle d’Afrique centrale, dénoncent des pratiques illégales dans les contrôles routiers.
«La libre circulation en zone Cemac n’est que de la pure théorie». Tel sont les propos de Catherine Issa Djimet, mécontente après son arrivée à Kyé-Ossi. La coordinatrice du Réseau des femmes actives d’Afrique centrale (Refac) du Tchad s’indigne des tracasseries rencontrées pendant les contrôles de routine de la police, la gendarmerie et la douane camerounaises. La cheffe de délégation des femmes du Tchad n’est pas à son premier séjour au Cameroun. Depuis 2014, elle prend part aux activités de Foire transfrontalière annuelle d’Afrique centrale (Fotrac), et elle a toujours rencontré les soucis sur le trajet routier Tchad – Cameroun. Pourtant tous ses papiers de voyage la délégation tchadienne (forte de 17 femmes) sont à jour : lettre d’invitation, lettre de mission, autorisation de sortie, visa, passeport, carte d’identité, carnet de santé, etc. «À tour de rôle, policiers, gendarmes et douaniers camerounais exigent d’autres frais supplémentaires… à payer sur place», raconte-t-elle. Mais, elle a foi que ce n’est pas une exigence des autorités camerounaises. «Quelques brebis galeuses veulent entacher les efforts mis en place pour l’effectivité de la libre-circulation par le Cameroun et les autres pays de la sous-région».
Boubé Kabako est intrigué que «c’est au Cameroun qu’on rencontre les problèmes de libre-circulation». Voyageur attitré de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), le Nigérien déclare que: «nous connaissons la libre circulation chez nous dans la Cedeao. On exige pas de visas, et tu peux voyager avec la carte d’identité». Malgré la lettre d’invitation de la présidente du Refac, Danielle Nlate, l’ordre de mission des ministères du Commerce et de l’Artisanat du Niger, un visa multiple entrées valable pour six mois, le passeport et le carnet de vaccination, le naturopathe nigérien a «dû affronter les contrôleurs routiers qui voulaient autres exigences en dehors des papiers». Il pensait être paré pour circuler librement. La réalité sur le terrain indique qu’il y a encore des gens qui ne sont pas concernés par la libre circulation. «Il y a certains policiers et gendarmes camerounais qui ont tenté maintes fois de m’intimider», accuse Boubé Kabako. Mais, à certains postes de contrôle, on lui souhaitait la «bienvenue au pays après le contrôle de ces différentes pièces» et il continuait son voyage sans rien débourser. Face à ces agents «qui m’intimidaient pour que je donne quelques sous, je refusais de céder et en retour, je leur parlais de l’effectivité de la libre circulation».
Améliorations
Catherine Issa Djimet avoue que la dernière fois qu’elles ont subi ces tracasseries routières, elle et les autres femmes du Tchad avaient décidé de ne plus s’aventurier au Cameroun. Mais, grâce «aux plaidoyers que le Refac est en train de faire, il y a eu des améliorations». Selon elle, il faut une mobilisation sans relâches des gouvernements impliqués dans la libre-circulation. Elle invite des autres acteurs comme les forces de l’ordre et de sécurité à œuvrer davantage pour la circulation des biens et des personnes en toute quiétude. La coordinatrice du Refac du Tchad interpelle les femmes de la sous-région à se soutenir dans la bataille pour la libre-circulation. Boubé Kabako souhaite que «toute l’Afrique s’y mette pour la libre circulation, et les échanges en toute liberté». Le naturopathe nigérien, invite les Africains à se déplacer au-delà des frontières des sous-régions: «car, si nous avons tous nos papiers, il n’y a pas de soucis pour aller de pays en pays».Patrick Landry Amouguy, envoyé spécial à Kyé-Ossi
Développement de l’Afrique et commerce intra – africain : À la foire des amazones de l’intégration sous – régionale
Le 20 juillet dernier au tripoint Kyé-Ossi, Ebebiyin et Bitam, s’est tenue la cérémonie protocolaire de l’ouverture solennelle de la 14è édition de la Foire transfrontalière annuelle d’Afrique centrale (Fotrac).
Ouverture de la foire en images Les différents pays de l’Afrique centrale et de l’Afrique de l’Ouest sont à la 14è édition de la Fotrac depuis le 17 juillet 2023 à Kyé-Ossi, région du Sud du Cameroun – département de la Vallée du Ntem. Le 20 juillet dernier, c’était l’ouverture officielle de l’évènement organisé par le Réseau des femmes actives d’Afrique centrale (Refac). Pour sa présidente, Danielle Nlate, «la foire est une opportunité pour les femmes et les jeunes filles de booster le développement socio-économique de nos pays en Afrique centrale, et surtout de nouer les partenariats et de contribuer à la construction d’une paix durable au sein de l’Afrique centrale en particulier et en Afrique en général».
A en croire le maire de Kyé-Ossi, l’événement organisé à la zone des trois frontières est «devenu au fil du temps une tradition». Quatorze ans après sa création, cette manifestation n’a cessé de prendre de l’ampleur pour devenir «une grande fête où nos visiteurs et invités venant des quatre coins de l’Afrique centrale et des autres pays d’Afrique font la promotion de leurs activités, de leurs produits, dans la paix et le vivre ensemble», renchérit-il.Le thème retenu pour cette nouvelle édition : «Poursuivre le processus d’intégration socio-économique avec la Zlecaf et la résilience face aux violences multiformes dues aux crises sécuritaires, sanitaires, alimentaires et les changements climatiques en Afrique». Selon Narcisse Dongar, la thématique est d’une importance capitale dans le contexte actuel et «nous devons travailler ensemble pour trouver des solutions durables. En tant que citoyen et résidant de cette sous-région, il nous incombe de nous engager activement pour préserver la paix et la sécurité». Le représentant du chef de Bureau des Nations unies pour l’Afrique centrale (Unoca) ajoute que: «ces éléments sont essentiels et il nous est difficile de pouvoir réaliser des progrès significatifs sans ces considérations».
Dans la même veine, Miranda Brisil Metou entérine que la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) permet d’échanger les marchandises à travers les frontières sans être soumis aux contraintes douanières et barrières tarifaires. Il est question de saisir les opportunités. Certes, les échanges transfrontaliers existent bel et bien avant les accords de 2018 à Kigali au Rwanda. Mais, «c’est un accord qui vient impulser une dynamique nouvelle à travers toute l’Afrique», précise le secrétaire général au ministère du Commerce du Cameroun. La Zlecaf est un instrument qui fait de l’Afrique la plus importante zone de libre-échange du monde avec une population de 1,2 milliards d’habitants qui va permettre de «réduire de manière significative les barrières tarifaires et non tarifaires qui entravent le développement du commerce intra africain et donner à l’Afrique l’occasion de s’intégrer de manière harmonieuse au sein du système commercial international», rassure-t-elle.
L’ouverture officielle de la Fotrac 2023 était présidée par Miranda Brisil Metou, secrétaire général au ministère du Commerce du Cameroun, représentante du ministre du Commerce, Luc Magloire Atangana, du maire de la ville de Kyé-Ossi, Jean Marie Zue Zue, et des autorités de la Guinée Équatoriale, à l’instar de Maria Teresa Avoro, représentante du ministre des Affaires sociales et de l’égalité de genre de la Guinée Équatoriale, y compris les autorités gabonaises.
Olivier Mbessité, envoyé spécial à Kyé-Ossi
Hommage posthume : Paulette Bisseck a combattu le bon combat
Témoignage de madame Minette Libom Li Likeng, Cheffe de la Délégation permanente départementale du Comité central du Rdpc de la Mvila, à Nsélang, le 22 juillet 2023, lors des obsèques de la sénatrice.
Il n’est pas aisé d’évoquer la mémoire de Mme Pauline BISSECK, figure emblématique, parmi d’autres certes, du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais, qui aura marqué d’une empreinte singulière, la vie de notre Parti, aussi bien au plan local, qu’à une échelle supérieure.
L’exercice est d’autant plus délicat, que, d’une part, notre défunte camarade ne brillait pas par un militantisme exubérant, et que d’autre part, l’auteure de ces lignes, ne peut pas revendiquer ni quelque proximité particulière, ni encore moins une certaine complicité, avec cette immense actrice politique.
Mais comment renoncer à livrer ici, quelques faits d’arme, rassemblés au gré d’échanges avec ceux qui l’auront connue de plus près, à un titre ou à un autre ? De sa biographie politique qui se présente sous la forme d’un puzzle, je voudrais mettre en exergue quelques pièces significatives, en insistant sur l’inspiratrice, la sénatrice.
Madame Paulette BISSECK était de ces acteurs politiques qui en imposent par leur engagement et leur dévouement au service de son Parti. Elle aura occupé plusieurs postes de responsabilité au sein du RDPC, démontrant ainsi sa capacité à assumer des fonctions importantes et à contribuer à son rayonnement.
Elle aura joué un rôle clé dans la mobilisation des militants, en encourageant leur participation active et en promouvant les idéaux et les objectifs du RDPC. Son leadership incontestable et son implication inoxydable furent tels qu’ils contribuèrent à renforcer l’unité et la cohésion dans nos rangs. Toutes choses qui furent décisives pour les victoires politiques, et singulièrement électorales, engrangées par notre Parti dans la Mvila, au fil des échéances.
Ce qui est frappant, c’est qu’elle était un modèle de discrétion et d’efficacité. Chez elle, nulle place pour la «politique-spectacle», mais un authentique militantisme, qui alliait recherche de la performance, culte du mérite, engagement sans faille pour le triomphe des idéaux de notre Parti, telles déclinées et prescrites par notre Président National.
C’est avec elle que l’on pouvait mieux comprendre le sens de certaines phrases-chocs, prononcées par S E Paul BIYA, il y a quelques années, et qui doivent nous servir de boussole dans notre action quotidienne au sein du RDPC : d’une part, « L’agitation n’est pas synonyme de vitalité », et d’autre part, « Le militantisme vrai n’a rien à voir avec le folklore ». De ce point de vue, nous devons continuer d’apprendre de Mme Paulette BISSECK.Au demeurant, ce rôle d’inspiratrice, -quelques figures majeures bien informées de notre Parti peuvent en témoigner- se manifesta aussi par sa contribution au dynamisme intellectuel du RDPC. Quelques confidences témoignent de ce qu’elle fut, à un niveau élevé de la hiérarchie de l’appareil, politique, une véritable force de proposition, dans l’élaboration de l’architecture programmatique de notre formation politique. Pourtant, nous n’avons pas souvenance qu’elle tira une gloire particulière de sa contribution, que l’on devine largement inspirée son pedigree universitaire. N’oublions pas dans ce même rôle d’inspiratrice, l’institution du prix de l’excellence scolaire pour les jeunes filles de Biwong Bulu ayant réussi au CEP et/ou concours d’entrée en 6e, afin de les encourager à poursuivre leurs études.
Que dire alors de la Sénatrice, l’autre facette de cette personnalité politique de premier plan ?
D’abord il convient de relever son sens du bien commun. Comment pouvait-il en être autrement, dès lors qu’on sait quel rôle est assigné aux Sénateurs, dont l’action consiste à se mettre au service des Collectivités Territoriales Décentralisées ? Madame Paulette BISSECK travailla avec ardeur pour la prise en compte des intérêts de sa circonscription et de sa communauté. Ce chapitre de sa vie politique, pourrait s’énoncer en trois volets.
Défense des intérêts locaux : la Sénatrice aura travaillé avec dévouement pour représenter les intérêts de Nsélang et de la Mvila en général au niveau législatif. Dans ce sens, elle aura pu plaider pour l’intégration de projets de développement dans les politiques publiques.Promotion du développement local : Elle aura pu jouer un rôle actif dans l’élaboration et la promotion de programmes et de projets visant à améliorer les infrastructures, les services publics, l’éducation, la santé et d’autres domaines clés dans sa localité
Mobilisation communautaire : Pauline BISSECK aura été une figure rassembleuse, capable de mobiliser les communautés locales autour d’initiatives et de causes communes. Elle a pu encourager la participation citoyenne, la collaboration entre les différents acteurs locaux et le renforcement du tissu social.
Tel est l’héritage que je m’efforce d’esquisser, et qui va sans doute continuer de nous guider, nous militants du RDPC de la Mvila. Nous devrions en être fiers. Nous devrions en être interpellés aussi par cette « force tranquille ».
Chacun peut s’apercevoir qu’elle aura mené les batailles qui vaillent la peine d’être menées. L’une d’entre elles, sans doute l’une des plus difficiles, est celle dont j’ai été témoin, vers la fin de ses jours. Elle avait demandé avec insistance, à me voir, sans ordre du jour précis. Ce samedi 17 juin, alors qu’elle reposait sur son lit de souffrance, je la revois, là, dans cette formation hospitalière de la ville de Yaoundé, le visage rayonnant paradoxalement d’une vie déclinante, elle se battait avec une détermination sans faille pour préserver sa vie, témoignant ainsi d’une force inébranlable.Cette force intérieure et sa bienveillance se mêlaient pour créer un tableau saisissant de dignité. Elle était un véritable exemple de bravoure, un pilier d’espoir au milieu de l’obscurité.
En effet, son courage admirable s’entremêlait harmonieusement avec sa tendresse, même au sein de ces circonstances particulièrement éprouvantes me demandant de l’aider à vaincre la douleur qui la tenaillait. Lui confessant mon impuissance, mais la tenant par la main, je lui suggérais de se confier à l’Eternel. Ces attentions, mon époux et moi, nous les transformâmes en prière pendant de longues minutes, avant de prendre congé d’elle, le cœur serré.
Ainsi, cette journée passée en sa compagnie restera à jamais gravée dans mon cœur, symbole d’un courage indomptable, d’une affection inaltérable et d’une leçon de vie inoubliable.
Oserions-nous dire, en empruntant aux Écritures, qu’elle aura combattu le bon combat ? Oui, assurément.
Que l’Eternel lui-même l’accueille dans son Royaume ! Je vous remercie de votre bienveillante attention.Minette Libom Li Likeng, Cheffe de la Délégation permanente départementale du Comité central du Rdpc de la Mvila.
Changer l’avenir avec de nouvelles touches d’Orient
Le projet Laval New Touch(es) apporte un renouveau pour rendre la ville territoire et les entreprises régénératives. Si « La Val » rappelle aussi le nom des terres du Nouveau Monde acquises par un planteur Mayennais Mareen Duvall parti dans le Maryland, de nouvelles aventures invitent à remonter au temps de l’inauguration de Laval Mayenne Technopole et la signature d’une convention avec la technopole japonaise de Gifu pour se rapprocher du message universel d’Osaka prévu en 2025.
A Taïwan, LaLaport est le nom d’un concept commercial né dans la baie de Tokyo et qui s’est exporté dans le reste de l’Asie. Symbole de nouvelles expériences d’art de vivre, de luxe et d’innovations, des comptoirs se sont développés à Taïwan, renouant avec le temps pionnier des échanges entrepris par le prince Kanin Kotohito en 1905 pour bâtir autour de la Sucrerie impériale de Taichung un pôle d’influence et de rayonnement ferroviaire et logistique pour mieux contrôler le nord et le sud de l’île. Comme un vaisseau d’une nouvelle Compagnie des marchands de Laval, Vitré et Saint-Malo vers les mers orientales, LA-VA-La peut-elle ouvrir un nouveau chapitre dans l’Asie de la New Nature Economy, renouant avec les aventures de François Pyrard, navigateur Lavallois qui vécut de 1578 à 1621 environ et qui fit le tour du monde ? « La » en chinois signifie aussi tirer ou pull en anglais.
Fortement influencée par le développement d’une économie sucrière héritée de la période coloniale japonaise, l’île de Taïwan positionne aujourd’hui son futur dans la production de semi-conducteurs pour les énergies renouvelables. Si des passerelles scientifiques et techniques pourraient se développer avec des pôles universitaires et industriels Mayennais, le programme Erasmus for Young Entrepreneurs met la jeunesse européenne au défi de penser et d’agir également comme des bâtisseurs de ponts.
Si Laval est reliée dans une relation de jumelage avec Modesto en Californie, l’entreprise régénérative prospère dans sa relation avec les talents, les transferts technologiques et les diasporas. En observant l’industrie des semi-conducteurs dans la Silicon Valley, le capital de connaissance se nourrit clairement du lien transpacifique entre Taïwan et la Californie.
La région métropolitaine de Los Angeles-Long Beach-Santa Ana comptait une population taïwanaise de 83 294 personnes en 2008. À 24,3% de la population taïwanaise-américaine totale, la communauté taïwanaise du Grand Los Angeles représente la plus grande communauté taïwanaise aux États-Unis. Elle entretient un voisinage particulier avec Teherangeles ou Little Persia, nom d’un quartier cosmopolite de Los Angeles, dérivé de la combinaison de Téhéran , la capitale de l’ Iran , et de Los Angeles .
Une communauté persane s’est développée à Westwood, Los Angeles, après la révolution islamique de 1979, qui a incité des milliers d’Iraniens à fuir vers les États-Unis. C’est un lieu de showbizz créatif, de développement des industries du cinéma et de rassemblement pour le grand nombre (les estimations vont de 500 000 à 600 000) d’Irano-Américains et de leurs descendants résidant dans la région métropolitaine de Los Angeles, qui est la plus grande population de ce type en dehors de l’Iran.
Avec de nouvelles touches d’Orient, Laval New Touch(es) peut changer l’avenir et rayonner
comme vitrine de l’entreprise régénérative a l’occasion de la prochaine Exposition universelle
d’Osaka, en développant de nouvelles alliances avec l’Asie.Kevin Lognoné
Boko Haram : quand les vestiges de la secte font leur effet
L’insécurité racontée par des reliques de la barbarie.
En provenance du Niger (selon des spécialistes), quelques oiseaux migrateurs ont trouvé un bon endroit où reposer leurs petites pattes ici à Kolofata. « C’est un perchoir qu’exploitent ces oiseaux quand ils sont en transit ici », renseigne Bachirou Mouhamed, un camerounais habitant du quartier administratif de la ville. Le tableau présente une vieille carcasse sèche où s’échappe une vive odeur de rouille. «C’est un vieux char appartenant à Boko Haram ; il a été détruit par l’armée au matin du 12 janvier 2015», confie encore Bachirou Mouhamed. L’engin dévoile d’étonnants motifs, dont une longue ligne blanche bordée de graffitis en arabe.
Comme ce vieux char, plusieurs instruments de la barbarie de Boko Haram sont devenus des parties familières du paysage du département du Mato-Sava. Ce 5 juin 2023, à Kolofata, une voiture blindée abattue par les forces camerounaises redouble l’émotion de la mort chez quelques riverains. « Quand on voit çà, cela nous rappelle les gens qui ont perdu leurs vie ici. C’est dur !», souffle Ousmanou Dawaï, la bouche soudainement immobilisée dans l’expression d’un cri silencieux. Manifestement, sans qu’il l’ait recherché, un mouvement de l’esprit de cet ancien conseiller municipal. Manifestement, c’est l’opération d’un ensemble de modalités psychologiques fondamentales qui déterminent et guident les interactions entre les populations du Mayo-Sava et le passé vécu sous la férule de Boko Haram. En parler aujourd’hui sert à repérer des réponses complexes : « On ne sait pas ; c’est le sang ; c’est dur ». « En fait, chacune de ces réponses, suscitée par les stimuli des moments de guerre et des assassinats sans vergogne, rend compte d’un passé assis sur le présent », éclaire Alifa Mahamat, enseignant de psychologie sociale à l’Université de Maroua. Dans cette observation qui articule la matérialité du présent et celle du passé, s’ouvre la possibilité d’une évaluation de l’ampleur des dégâts causés par Boko Haram à l’échelle du département du Mayo-Sava. « Partout, dit Alifa Mahamat, cette secte a tracé autour des esprits des populations des cercles magiques qui se renouvellent méthodologiquement au fil des années ».
Réalités
Et si le temps s’échappe maintenant de la petite boîte dans laquelle on avait cru pouvoir le contenir, c’est que le passé revient, c’est qu’en réalité il n’était jamais parti ; il était tapi, immobile, dans les plis du présent, oublié mais en réalité prêt à rebondir. À Maraya, près de Kolofata, que d’appellations différentes pour désigner les débris de matériels de Boko Haram: « Satan mort ; feu de sang… » Ce qui en dit long sur la difficulté des riverains à dire exactement ce qu’ils ont vécu ou qu’ils vivent encore. Comment faire pour qu’ils en parler plus longuement ? Seuls quelques gestes et larmes en direction des épaves de voitures traduisent leurs souffrances et les épreuves traversées. À Kerawa, quelqu’un qui se refuse à atténuer ce qu’il avait vu, exprime dans un kanuri ornementé ce qui n’était que sang et feu. L’horreur est même surexposée, comme si elle était captée avec un grand œil ouvert, un œil qui voit tout, un œil qui voit trop…Comme une caméra qui opère régulièrement des zooms sur les détails les plus dégoûtants, notre interlocuteur passe en revue les charniers, mille ou un million de cadavres, les senteurs de souffre, de plomb et de chair carbonisée, des maisons éventrées, défoncées, explosées, les des nuages de poussière et de fumée, des crânes ouverts et glougloutant de ses frères. C’est un choix qui n’a rien de gratuit. «Il faut que le gens sachent ce qui s’est passé ici », martèle-t-il, associant à son raisonnement d’autres détails. Ceux-ci font part du centre de santé intégré de Kérawa. Là-bas, narre notre témoin, ne pouvaient prétendre à une place de médecin que ceux qui possédaient une véritable expérience de terrain dans des conditions de conflits maximales. On ne soignait plus pour le confort, mais pour sauver des vies. Chaque jour, de nouvelles situations décisions dramatiques s’imposaient aux praticiens militaires et à leurs équipes. Qui fallait-il garder ? Combien de temps, dans quelles conditions ? Les lits étaient rares, les médicaments encore plus. La survie des uns dépendait de l’abandon des soins pour les autres.Psychique
D’ici, on a la sensation d’une immense violence et de traumatismes perpétuels. « Si tu voyais certains quartiers, partout, partout ! On en avait la nausée, les boyaux, les trous d’obus, les débris de projectiles », décrit Ibrahim Bouba. D’après cet enseignant retraité, « ces vestiges assurent un devoir de mémoire et une ardente obligation de transmission du sens du sacrifice de l’armée camerounaise ». Dans l’absolu, cela suggère que la vue des engins de la mort et de la souffrance continue de faire pression sur les individus. Selon Alifa Mahamat, « ce sont des constantes du danger qui génèrent beaucoup de stress post-traumatique ici dans le Mayo-Sava ».De tout ce foisonnement, il ressort combien nous avons affaire à des entremêlements qui témoignent d’une tragédie maintenue par des symboles laissés par Boko Haram. « En effet, la barbarie de cette secte avait comporté des caractéristiques qui en ont facilité son enracinement dans l’espace social », analyse Alifa Mahamat. « Avec des allers-retours, des péripéties dramatiques, le tout sur des sites impressionnants, ce qui a sans doute beaucoup fait pour la perception du souvenir de l’insécurité. Il ne faut pas faire aujourd’hui un effort d’imagination pour se remémorer les combats, il suffit de contempler le paysage avec les épaves qui constituent un ensemble qui frappe tous les visiteurs», poursuit l’universitaire. Dans les camps du Bataillon d’intervention rapide (Bir) de Mora, de Kolofata ou de Maroua, ces signes de Boko Haram existent toujours. Hauts chapeaux noirs en forme de tube, amples vêtements d’assaillants sont amalgamés à une masse de détails qui ne datent pas d’aujourd’hui. Mais, ils appartiennent à un « Boko Haram toujours présent » sans place précise dans le temps. Face au reporter, quelques militaires y jettent subrepticement leurs regards. Pour eux, ces vestiges garantissent la véracité du passé, en ce qu’ils attestent la bravoure des forces camerounaises. En d’autres termes, les militaires rencontrés dans ces camps reconnaissent dans ces images la marque authentique de l’insécurité. « Quand nous voyons ça, dit un haut-gradé, notre mental fonctionne par addition : il accumule des « faits », ou des détails descriptifs, pour remplir le vide ouvert par la béance du temps profond.de l’insécurité dans la région de l’Extrême-Nord ».
Jean-René Meva’a Amougou
«Toutes les préoccupations : des institutions spécialisées et nos programmes seront fusionnés pour élaborer un plan de stratégie de la Communauté»
Le programme économique régional (PER) le prévoyait et nous maintenons de le dire. Nous allons faire une révision de l’état d’exécution des projets prioritaires élaborés en 2010. Avant de commencer avec l’exécution de nouveaux programmes, nous devons savoir quel est l’état d’exécution de tous ces projets, pour voir quels sont les projets qui ont été exécutés et ceux qui ne le sont pas encore. Cela nous permettra de faire une reprogrammation. 2025 était une vision et elle continue de l’être.
Baltasar Engonga Edjo’o Après le point avec les institutions sous- régionales et au-delà de ce que vous avez dit jusqu’à présent dans le discours de clôture, quel est le dossier qui vous paraît le plus urgent et par lequel vous allez commencer?
En ce qui concerne la situation de retard ou de blocage dont souffre la Cemac en ce moment-ci, mes discours font partie de la pensée de l’individu. Ça fait aussi partie des projets que nous allons élaborer ensemble. C’est-à-dire l’équipe dirigeante de la Commission, afin de rattraper ce retard. Avec de la rigueur, nous avons une programmation des activités que nous allons exécuter au fur et à mesure. Pour ce faire, nous sommes en train d’identifier les aspects qui provoquent ce retard. Alors, nous allons chercher les financements, afin que toutes les actions prioritaires que nous prévoyons réaliser au cas où la Commission arrive à avoir des moyens, puissent être exécutées au fur et à mesure. Il y a des aspects qui ont eu un retard. Je ne peux pas oser donner des explications ici. Mais, nous connaissons tous les difficultés. Vous avez suivi les panels sur l’immigration ici à travers le commissaire qui a bien détaillé les plans de facilitation, soit des échanges, soit de la libre circulation. Et les structures chargées d’accélérer le processus de la libre circulation ont demandé un moratoire parce les études ont trop duré. Pourquoi? Parce qu’il n’y a pas eu un suivi-évaluation de notre côté. Les mandats pour accélérer certaines dispositions étaient les conditions pour arriver à la libre circulation. Celui qui était chargé de l’affaire était d’Interpol. C’est-à-dire des structures de contrôle et de la mise à disposition des instruments de voyage.Lire aussi : Financement des démembrements de la Cémac : la TCI, le nerf de la guerre
Cela dit, le passeport biométrique est déjà une réalité dans tous les États. Mais, pour que la libre circulation soit maintenant effective, il va falloir la construction des postes de contrôle au niveau des frontières terrestres, leurs équipements, ainsi que la formation des policiers des frontières. Tous les policiers de frontières doivent avoir une formation harmonisée pour éviter les traitements différents. Donc, les dispositions sont prises pour sortir de ce blocage.
Vous êtes sans ignorer qu’en Afrique centrale, la Cemac a un problème de compétitivité par rapport à la Cedeao. Comment est-ce que vous entendez gérer cela à partir de maintenant?
Notre équipe prévoit de travailler et de s’entretenir avec les présidents de la Cedeao et de l’Uemoa, pour voir plus loin les actions que nous pouvons développer ensemble. Vous savez dans le passé, il y avait de forts échanges entre la Cemac et l’Uemoa, quand il y avait la circulation parallèle du franc CFA de l’Afrique centrale et le franc CFA de l’Afrique de l’Ouest. Mais, les conséquences de cette libre circulation des billets des deux Banques centrales a fait que la Cemac était obligée de réaliser une étude, une réflexion pour freiner la libre circulation des billets parallèles dans un même espace. Donc, il y a des aspects sécuritaires, économiques, monétaires, qui prévoient que les deux communautés ne peuvent pas vraiment s’échanger librement sans passer par les structures du secteur bancaire, c’est-à-dire les établissements de banque. Il faut faire des échanges à travers des banques commerciales, mais pas dans les sacs. C’est ce qui se passait avant et cela avait un coup au niveau de la Banque centrale au moment de rapatrier nos billets qui sont déplacés dans une autre Zone. Donc, c’est la raison pour laquelle on a pris des dispositions pour éviter la libre circulation des billets de deux genres monétaires différents.Les institutions spécialisées et les agences d’exécution de la Cemac sont des structures qui concrétisent l’intégration régionale sur le terrain. Avec les difficultés de mobilisation du fruit de la Taxe communautaire d’intégration (TCI), quelles sont solutions, selon vous?
Les difficultés de collecte de la TCI ne freinent pas seulement les institutions spécialisées, mais aussi la Commission pour réaliser les programmes prévus dans son plan d’action. Raison pour laquelle il y a une mission de haut niveau qui est allée chercher le financement chez les partenaires financiers de l’Europe et d’autres zones. Tous les projets intégrateurs présentés aux partenaires financiers seront adoptés lors de la table ronde organisée à Paris en novembre 2023.Concernant l’épineux problème du déplacement des populations de la Cemac sur le plans aérien, peut-on s’attendre à la création de la compagnie Cemac au cours du quinquennat?
La compagnie aérienne Air Cemac était un projet proposé par l’organe supérieur de la Communauté. La Commission dans le passé a travaillé au-delà pour réaliser des structures qui n’ont pas abouti. Avec le temps et malgré les dépenses que les chefs d’État avaient consenties, l’organe supérieur a décidé d’annuler ce projet. Parce que les fonds mis à la disposition par les États étaient mal gérés. L’orientation de la création de cette compagnie aérienne était mauvaise. Air Cemac dans sa construction initiale était pour garantir les liaisons entre les capitales des pays membre de la Cemac. Ce qui était proposé à l’époque était pour faire la concurrence avec les autres compagnies aériennes. Le partenaire qui devait prendre une partie des actions de cette compagnie aérienne a abandonné le projet. Parce qu’il ne voulait pas de concurrence entre la compagnie Air Cemac et les autres compagnies européennes. Dans notre projet, nous n’avons pas encore réfléchi à la création d’une compagnie aérienne. Nous priorisons d’autres actions que nous allons élaborer ensemble et présenter à nos supérieurs pour son adoption. La Cemac peut soutenir une compagnie privée dans les six États, en essayant de revoir à la baisse certaines taxes qui peuvent pénaliser l’efficacité de cette compagnie.Plusieurs écoles et institutions supérieures appartiennent déjà à la Cemac. Peut-on attendre la création d’une université d’enseignement général?
Toutes les années, les recteurs des universités de l’Afrique centrale se réunissent. Il y a un projet piloté par la Commission de la Cemac. Celui d’essayer d’élever certaines universités au niveau des centres d’excellence universitaire de la Communauté. Les études sont en cours. Nous n’avons pas encore focalisé l’attention dessus. Les commissaires responsables de ces départements vont revoir les dossiers concernés et les actualiser en fonction des universités qui se sont inscrites pour une transformation en centre d’excellence universitaire communautaire. Le nouveau commissaire va dynamiser ce processus. Il ne s’agit pas de créer une université de la Communauté. Celles qui existent peuvent valablement former nos étudiants. Ce qu’on avait prévu pendant la réforme institutionnelle, c’est prioriser la libre circulation des étudiants inscrits dans les universités communautaires reconnues.S’agissant de la fusion entre la CEEAC et la Cemac, quelle est la place qu’occupera ce projet dans la nouvelle dynamique?
Les dirigeants de la Cemac sont en train de définir sur les projets prioritaires afin de dynamiser le processus d’intégration dans la zone Cemac. Pour la rationalisation des deux institutions, il y a un Comité de pilotage qui est créé et il y a aussi une partie des actions de la réforme de la CEEAC dont nous attendons qu’elles s’achèvent. Après l’adoption des textes révisés en 2020 à Libreville, il était question de créer encore d’autres institutions communautaires comme le parlement régional, la Banque de développement régionale, la Cour de justice régionale, la Cour des Comptes pour compléter la réforme de la CEEAC. Le Copil CERs piloté par un ministre de la sous-région est en train d’élaborer les textes qui vont aller au-delà, pour fusionner les deux institutions. Au niveau du Conseil des ministres, il y a un traité qui était adopté, mais qui sera complété lors du Sommet des chefs d’État. S’il y a une volonté politique des onze États membres de la CEEAC, l’Union économique peut être mise en application. Mais pour l’Union monétaire, il en faut encore du temps.La plupart des démembrements de la Commission de la Cemac éprouvent des difficultés structurelles qui en font des entreprises fondamentalement déficitaires et partant, inopérantes. Comment sortir de cet étau?
Ce n’est pas de la responsabilité de la Commission et encore moins des institutions communautaires de résoudre le problème du secteur privé. Les sociétés elles-mêmes vont jouer leur rôle d’acteur pour développer l’économie. Quant aux entreprises en difficulté, c’est à elles de sortir de cette crise. Ce n’est pas un projet communautaire. Nous somme une Commission et les institutions communautaires vont jouer le rôle d’assistance.Sur la politique d’intégration sous-régionale, êtes-vous optimiste pour la suite?
Bien sûr avec le dynamisme que nous allons entreprendre après cette réflexion, l’intégration sous- régionale sera renforcée. À condition que chaque responsable soit à la hauteur des défis, pour réaliser les actions prévues dans nos programmes qui seront élaborés dans la collégialité.Y a-t-il des innovations avec vous pour que les choses se concrétisent finalement?
Toutes les préoccupations manifestées par les institutions spécialisées et nos programmes seront fusionnés pour élaborer un plan de stratégie de la Communauté. Les actions et les préoccupations manifestées feront l’objet d’une prévision dans l’élaboration du budget 2024.Le Programme économique régional de la Cemac ambitionne en 2025 de faire de l’espace communautaire un espace émergent et intégré. Nous sommes à deux ans de cette échéance adoptée en 2010. Est-ce que ses objectifs seront atteints?
Le programme économique régional (PER) le prévoyait et nous maintenons de le dire. Nous allons faire une révision de l’état d’exécution des projets prioritaires élaborés en 2010. Avant de commencer avec l’exécution de nouveaux programmes, nous devons savoir quel est l’état d’exécution de tous ces projets, pour voir quels sont les projets qui ont été exécutés et ceux qui ne le sont pas encore. Cela nous permettra de faire une reprogrammation. 2025 était une vision et elle continue de l’être. Alors, quelles sont les actions qui ont été exécutées afin que la Cemac trouve une situation de satisfaction. On va évaluer, puis réajuster le PER.Quel est le regard de la Commission sur la crypto-monnaie au regard des mutations actuelles?
La problématique de la crypto-monnaie est une responsabilité de l’institut d’émission (Beac), qui réalise une réflexion et une étude à présenter à l’organe supérieur de la Communauté. Ce n’est pas la responsabilité directe de la Commission. Parce que le gouverneur de la Banque centrale a eu un mandat de travailler en concertation avec la Commission pour faire des propositions sur cette monnaie électronique. C’est une responsabilité directe de la Banque centrale pour faire des réflexions et apporter des propositions.Interview proposée par Diane Kenfack
Financement des démembrements de la Cémac : la TCI, le nerf de la guerre
Les bases de Baltasar Engonga Edjo’o
À l’appel du président de la Commission de la communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), Baltasar Engonga Edjo’o, les premiers responsables des instituti ons communautaires ont répondu tous présents, à Douala ce lundi 17 juillet 2023. La rencontre de prix de contact à la grand-messe, qui est d’ailleurs la première depuis la nomination de ces différents responsables sous-régionaux, marque l’ouverture d’un nouveau quinquennat de travail interne. «Cette rencontre que je veux cordiale pour des échanges sincères va nous permettre non seulement de nous connaître, mais aussi de définir la nouvelle ligne de conduite à tenir pour cette mandature», fait savoir Baltasar Engonga Edjo’o. À en croire le président de la Commission de la Cemac,
En s’adressant aux responsables de la Communauté dont il a la charge, l’Equato-Guinéen veut entreprendre une profonde réforme du mode de fonctionnement des institutions. Tout en suivant un crédo qui est celui de « reconquérir la renommée de notre Communauté vis-à-vis de nos États membres, de nos partenaires financiers et stratégiques et de nos populations ». À cet effet, le chef du gouvernement de la Cemac invite à «jouer un rôle pédagogique qui doit faciliter l’information à tous nos personnels, le secteur privé, les populations et les partenaires sur l’évolution de nos activités, les mesures prises, les difficultés rencontrées, ainsi que les propositions d’amélioration de l’efficacité de nos actions ».
Pour ce faire, trois sessions ont en effet permis aux responsables de la Cemac de tabler sur les problématiques de gouvernance de la Communauté. Les échanges étaient centrés sur le système juridique et institutionnel de la Cemac ; le fonctionnement, les missions et attributions des institutions spécialisées ; et la participation des institutions de formation dans le processus de l’intégration sous-régionale. Lire le zoom .
Diane Kenfack
La Commission propose également d’autres voies d’autonomisation des institutions communautaires.
Un gouvernement, un plafond. « Dans mon ouvrage, publié en 2008, je m’interrogeais sur les véritables raisons de la poursuite inlassable depuis tant d’années du processus d’intégration régionale. La réponse à ma question se trouve dans la vision du Programme économique régional (PER), qui comme vous le savez, poursuit l’ambition de faire de la Cemac en 2025 un espace économique intégré et émergent, où règne la sécurité, la solidarité, et la bonne gouvernance, au service du développement humain», commence par le postulant Baltasar Engonga Edjo’o, président de la Commission de la Cemac. À deux ans de cette échéance, le sous-financement de la Cemac se révèle être un obstacle majeur à l’atteinte de l’objectif. « Nos États peinent à rétrocéder la TCI collectée à la Communauté car eux-mêmes ont des problèmes. Cet argent n’est pas collecté et envoyé directement à la Commission.
Les institutions spécialisées et les institutions de formation vivent essentiellement de la subvention de la Commission de la Cemac. Ce qui est une difficulté surmontable pour le nouveau président de l’institution communautaire. Pour sortir de cette dépendance de la TCI, il exhorte les institutions à diversifier les sources de recettes à l’effet de fonctionner de façon autonome. « Les écoles de formation doivent aller vers l’autonomisation pour pouvoir financer leurs engagements et ne pas toujours être dépendantes de la TCI », affirme Baltasar Engonga Edjo’o.
Pour atteindre l’objectif de l’autonomisation, la création des sources de revenus propres est fortement favorisée, en plus des apports des partenaires financiers et des subventions. «Il est important pour nous de penser à des financements additionnels. C’est la raison pour laquelle il faut travailler avec les partenaires techniques et financiers pour bénéficier de leurs appuis. Même si on a la bonne volonté, on a besoin d’avoir une bonne gouvernance, du leadership, des ressources humaines formées et exécuter, mettre en place un mécanisme de suivi –évaluation, accompagner les équipes à pouvoir initier des activités génératrices de revenus et initier des projets à soumettre aux partenaires techniques et financiers ». À en croire le top management de la Commission, l’idée ici est que «chaque institution ait une mission et qu’elle puisse s’étendre en faisant soit des formations; créer des formations totalement nouvelles ; faire de l’expertise, la table de consultations; évaluer les programmes, aider d’autres à monter des projets», propose Pierre-Marie Tebeu, directeur général du Centre inter-États d’Enseignement supérieur en Afrique centrale (Ciespac). Aussi, « nous mettrons en place des mouvements d’accompagnement, de formation et de renforcement de capacités. N’hésitez donc pas, à déclarer vos effectifs. Car, nous devons identifier toutes les situations de sous-activité», ajoute le président de la Commission. directeur général du Centre inter-États d’Enseignement supérieur en Afrique centrale (Ciespac). Aussi, « nous mettrons en place des mouvements d’accompagnement, de formation et de renforcement de capacités. N’hésitez donc pas, à déclarer vos effectifs. Car, nous devons identifier toutes les situations de sous-activité», ajoute le président de la Commission. directeur général du Centre inter-États d’Enseignement supérieur en Afrique centrale (Ciespac). Aussi, « nous mettrons en place des mouvements d’accompagnement, de formation et de renforcement de capacités. N’hésitez donc pas, à déclarer vos effectifs. Car, nous devons identifier toutes les situations de sous-activité», ajoute le président de la Commission.
La Taxe communautaire d’intégration (TCI) sert à financer plus de 60 % des activités de la Cemac et elle n’est pas toujours payée par les États. En 2022, le Cameroun et le Gabon se sont acquittés de cette taxe fixée à 1% du volume des exportations de chacun des 6 pays membres. « La Commission de la Cemac est une émanation des États. Donc si les États ne veulent pas, ils ne financent pas la Communauté. Mais les États vont toujours financer. Ce sont les États eux-mêmes qui ont décidé de soustraire un pourcentage de l’activité douanière pour financer le budget de la Cemac», explique le patron de la Commission.
Pour limiter la distraction de l’effort communautaire au travers de dépenses injustifiées, le nouveau président de la Commission de la Cemac annonce un audit des ressources humaines et financières de la Communauté. Baltasar Engonga Edjo’o aura alors jusqu’en 2027 pour faire avancer différents dossiers. Parmi ceux-ci, la réactualisation du Programme économique régional, les projets d’infrastructures et la libre circulation des biens et des personnes dans la sous-région.
Institutions communautaires
Des difficultés à la peau
La réunion de prise de contact de ce lundi 17 juillet 2023 à Douala était l’occasion idéale pour les différents responsables sous-régionaux de faire un état des lieux de leurs entreprises.
Les institutions communautaires ont profité de la réunion de prise de contact du lundi 17 juillet 2023 à Douala pour parler de leurs difficultés de fonctionnement. Et selon les déclarations des différents responsables, les difficultés sont principalement financières. Le cas par exemple de la Commission internationale du Bassin Congo – Oubangui – Sanga (Cicos). Depuis le lancement de ses activités en 2004, le Cicos est confronté à plusieurs difficultés, notamment matérielles et financières. Plusieurs années, le secrétariat général du Cicos ne recouvre pas l’entièreté des dotations calculées aux différents budgets adoptés par les instances décisionnelles. Marie-Thérèse Itongo, secrétaire générale du Cicos, ne dispose pas de siège inscrit en zone Cemac. «Cela constitue un frein au développement total des actions engagées.
En outre, la faiblesse du recouvrement des contributions auprès des États membres ne permet pas à l’institution de s’acquitter des fonds de contrepartie dans les projets soumis elle est partie contractante. « Le non-respect des obligations contractuelles retarde l’exécution effective de certains projets en maturité. Les dépenses budgétaires de la Cicos se font chaque année en francs CFA, alors que les dépenses budgétaires se produisent soit en francs congolais, soit en dollar américain ou en euro. D’où, il se produit des pertes de change consécutives à des opérations de conversion ».Assa-AC
À l’Agence de supervision de la sécurité aérienne en Afrique centrale (Assa-AC), les difficultés sont également liées à l’insuffisance des ressources financières et humaines. L’état de risques dans lequel les activités aéronautiques concernant ou permettent directement l’exploitation des aéronefs est maîtrisé à un niveau acceptable. Il reste toutefois urgent de régler le problème de « l’effondrement du premier pilier de la supervision de la sécurité, à savoir le corpus législatif, réglementaire et de renforcement des capacités, ainsi que l’effondrement du second pilier de supervision de la sécurité à savoir la certification, la surveillance et la résolution des problèmes de sécurité», souligne Eugène Apombi, directeur général Assa-AC.CPAC
La réglementation commune sur l’homologation des pesticides en Afrique centrale adoptée en 2005 par les ministres sectoriels, qui confère au Comité inter-États des pesticides d’Afrique centrale (CPAC) la compétence exclusive de l’évaluation et de l’homologation des pesticides , n’est pas respectée à la lettre. Seize ans après sa création, le CPAC n’a organisé que quatre sessions d’homologation alors qu’il en faut au moins deux par an. Cette situation est le résultat d’une volonté forte des États à ne pas libérer une partie de leur souveraineté dans l’homologation des pesticides. «Le Cameroun continue ses homologations nationales qui ne respectent pas les normes internationales et exposent les populations et l’environnement à des risques énormes. La RCA, le Gabon et la Guinée-Équatoriale continuent à autoriser l’importation des pesticides sans homologation », affirme Bernard Boutsika Ngavet, le directeur général du CPAC. Il déplore également le manque de volonté franche des États sur les homologations communes comme en Afrique de l’Ouest ; le maigre budget attribué au CPAC dont 16 % payés aux activités scientifiques et techniques, et 84 % payés au fonctionnement (90 % aux salaires) ; l’insuffisance de l’allocation mensuelle de la TCI. et 84 % affectés au fonctionnement (90 % aux salaires); l’insuffisance de l’allocation mensuelle de la TCI. et 84 % affectés au fonctionnement (90 % aux salaires); l’insuffisance de l’allocation mensuelle de la TCI.Diane Kenfack
Introduction à la lecture de Marie Noël (1883-1967) – le regard iconographique de Marie-Françoise Jeanneau
Une œuvre pour approfondir la connexion des deux femmes dans leur thébaïde de poésie, a été commandée à l’artiste-peintre Rafa Padilla M, originaire des hauteurs de Medellín (Colombie), par la Fondation culturelle Théophile Lognoné.
Marie-Françoise Jeanneau (1927-2020) est l’auteur d’un passionnant ouvrage sur la poétesse Marie Noël, intitulé : De l’angoisse à la sérénité : un chemin de poésie. Et autres publications comme une étude Les Amazones de la Chouannerie et Le Testament de Merlin dans Théophile Briant (1891-1956) Veilleur d’un Phare Éternel. Elle fut une fidèle adhérente ainsi qu’un membre actif des Amis de la Tour du Vent, association créée en 1987 pour perpétuer la démarche poétique de Théophile Briant, pendant presque 30 ans. Une thébaïde désigne un lieu sauvage, isolé et paisible, où l’on mène une vie retirée et calme. Un coin reculé d’Egypte servant de refuge dont Madame de Sévigné faisait référence dans ses correspondances, 26 janv 1674, éd. R. Duchêne, t. 1, p. 681: ce Port- Royal est une Thébaïde.
Quelques références de thébaïde :
Madame de Sévigné, Correspondance, 26 janv 1674, éd. R. Duchêne, t. 1, p. 681: ce Port-Royal est une Thébaïde.
Déjà il rêvait à une thébaïde raffinée, à un désert confortable, à une arche immobile et tiède où il se réfugierait loin de l’incessant déluge (Huysmans, À rebours, 1884, p.9).Faire oraison dans quelque thébaïde (Mauriac, Journal, 1950, p. 171).
De Thébaïde, nom d’une région désertique du sud de l’Égypte où se réfugièrent, dans les premiers siècles du christianisme, un grand nombre de chrétiens pour fuir les persécutions et mener une vie ascétique. Empr. au lat.Thebais, -idis, dér. de Thebae « Thèbes, ville de Haute-Égypte » (gr. θ η ̃ β α ι). Fréq. abs. littér.: 64.
Kevin LOGNONÉ
Identification des victimes de catastrophes et attentats terroristes: les stagiaires du CCPAC dans le bain
Une simulation a eu lieu ce 26 juillet 2023 au siège à Yaoundé du secrétariat permanent du Comité des chefs de police de l’Afrique centrale, sous la supervision d’Esaïe Ovono Eyi Mezuia, le maître de céans, et des experts belges de l’ETAF-DVI.
La formation de quatre jours entamée le mardi 25 juillet dernier par les stagiaires du secrétariat permanent du Comité des chefs de police de l’Afrique centrale (CCPAC) est entrée dans sa phase pratique. Depuis ce 26 juillet 2023, les 25 ressortissants de la sous-région qui y prennent part sont plongés dans des simulations pour tester leurs capacités en situation réelle. Ils sont répartis en quatre équipes par les experts belges du Centre européen de formation en sciences médico-légales actives et identification des victimes des catastrophes (ETAF-DVI). L’exercice d’identification des victimes de catastrophes ou d’attentats terroristes se fait sous la supervision générale de Esaïe Ovono Eyi Mezuia, secrétaire permanent du CCPAC.
Déroulé
«Aujourd’hui, nous sommes à la première étape. Il s’agit de la phase de relevage des corps où on les récupère». On retient également des explications de Christian Roger Decobecq et de Eddy François De Valck que la simulation consiste «à faire un balisage de la zone qu’on divise en plusieurs parties de manière à pouvoir recourir pour chaque corps qui sera numéroté, à une numérotation correspondant à la zone, de façon à situer automatiquement où on a retrouvé le corps».
À l’observation en effet, le site présente une configuration particulière qui laisse apparaître des zones numérotées bien identifiables. «Il y a sur le site un sentier battu par lequel tout le monde doit passer, si l’on veut se déplacer d’une zone à l’autre, et qui est destiné à éviter la contamination». Sur la possible existence de certaines dérogations, Christian Roger Decobecq est catégorique. «Tout le monde doit passer par ce sentier battu et accéder à sa zone. À partir de ce moment-là, on met un numéro sur le corps des victimes et on fait des photographies. Et ce sera toujours le même numéro qui va suivre le corps dans les différents processus d’identification».
La situation proposée aux stagiaires du CCPAC présente ce 26 juillet 2023 des corps carbonisés. «Ce que l’on fait est qu’on protège la tête en la mettant dans un sac et en le fermant pour éviter que les dents s’effritent et qu’on les perde sur le terrain». Après quoi, disent les experts, «on fait des photographies, on met autour du poignet un numéro (toujours le même pour chaque corps), on met le corps dans la housse, on met le formulaire de récupération dans un sac plastique dans la housse qu’on ferme et on envoie l’ensemble à la morgue provisoire, en attendant l’autorisation d’un magistrat par exemple, pour pouvoir évacuer le corps vers un hôpital».
Suite
Après la séance de débriefing de leurs performances, les 25 stagiaires seront soumis dès ce 27 juillet 2023 à un autre exercice. En l’occurrence l’examen post-mortem. Il s’agit de l’une des phases importantes de l’identification des victimes. Elle-même donne lieu à la confrontation des données ante et post-mortem. Avant la mise en place de la Commission d’identification. La cérémonie officielle de clôture du stage est prévue ce vendredi 28 juillet 2023.
Théodore Ayissi Ayissi
Chaises plastiques défectueuses : nouveau carburant de fours de cuisine à Yaoundé
Elles sont utilisées dans les marchés de la capitale camerounaise comme combustible pour chauffer l’eau destinée au nettoyage des gibiers.
Le bois de chauffe coûte de plus en plus cher dans la ville de Yaoundé. Ce qui amène certains entrepreneurs de la chaine alimentaire à la résilience. Ceux en charge du nettoyage des animaux de consommation utilisent désormais des chaises en plastique défectueuses dans leurs activités quotidiennes. Dans les marchés de la capitale camerounaise, elles sont utilisées comme bois dans la production du feu, pour chauffer de l’eau destinée à nettoyer certains gibiers comme le poulet, le porc, mais aussi la chèvre, le pangolin, les hérissons, les cobayes, les singes et bien d’autres.
L’acquisition de ces chaises est un processus très complexe. Car, elles ne se trouvent pas facilement. Seuls les détenteurs de bars et autres circuit de boissons font ce business, et ceux qui parviennent à les acheter sont pour la plupart des natifs du coin. Ces chaises cassées sont achetées à prix d’or auprès des vendeurs. Ce qui provoque en même temps l’augmentation des coûts pour les utilisateurs de l’eau de nettoyage dans les marchés de Mvog-mbi, Mvog-Atangana Mballa et bien d’autres.
Emmanuel Owona est très concentré à faire les comptes de la journée en ce mercredi de juillet au marché des poulets de Mvog-Mbi. Au total 21 personnes sont inscrites dans son cahier, soit 1 000 FCFA par personne pour un cout total de 21 000 FCFA. Il est l’un des deux propriétaires du feu dans le marché poulet. Son feu comme il l’appelle, a une particularité: il consomme, outre le bois de chauffe, les chaises en plastique. «Le bois à lui tout seul ne peut pas faire jaillir le feu, j’utilise les chaises en plastiques parce qu’elles sont aussi un bois et elles mettent long», déclare l’entrepreneur. Emmanuel Owona dit utiliser 2 chaises par jour pour la production du feu. «Les barmans viennent eux-mêmes laisser les chaises et je paye souvent après avoir utilisé celles-ci», évoque-t-il.
Ce mardi soir, dame Jorgette, tenancière d’un bar à Olezoa, vient déposer 6 chaises. Pour un coût total de 12000 FCFA, soit 2000 FCFA l’unité. Afin de ne pas avoir de différend, la dame lui rappelle qu’il y a un impayé de 2 chaises. «Je sais que nos comptes ne sont pas bons, mais je vais solder ma dette», rassure-t-il.
Qualité
Il faut se rendre sur les lieux pour voir le rôle que joue ce combustible, non seulement pour allumer le feu, mais aussi le maintenir. Quatre arguments sont mis en avant pour vanter l’utilisation de ces chaises en plastique dans le processus de production de l’eau chaude. Le premier argument est le temps, pas moins de 11 heures d’horloge pour un foyer. Ce sont ces chaises défectueuses qui augmentent la durée de vie du feu, qui se consume lentement. Le deuxième est lié à la qualité de la flamme. Jean, nettoyeur, informe: «l’eau est bien chaude, ce qui facilite le nettoyage des animaux». Le troisième argument, et non des moindre, est «qu’un feu où on a mis les chaises en plastiques résiste à l’eau», l’on constate alors que le feu est sur l’eau et ne s’éteint pas», comme l’explique Sylvie, nettoyeuse elle aussi. Le dernier argument est une comparaison avec le butane qui est trop onéreux. «Si c’était le gaz, j’utiliserais au moins 6 bouteilles par jour», conclut Emmanuel. Mais, ces entrepreneurs précisent qu’ils associent toujours le bois de chauffe comme catalysant, «même les fours utilisant la sciure ont besoin de bois».André Gromyko Balla
Politique actionnariale du Cameroun : un recours contre le groupement Bekolo and partners
Le contentieux relatif à la désignation du groupement franco-camerounais a cours par devant le Comité chargé des recours. Le ministère des Marchés publics demande au ministère des Finances de «surseoir toute action sur la procédure querellée en attendant l’aboutissement des investigations et la décision de l’autorité des Marchés publics.
Immeuble siège du ministère des Finances à Yaoundé Mardi 18 juillet 2023, la presse économique locale relaie une annonce du ministre des Finances relative à la désignation du cabinet Bekolo and partners et du groupe français Ledcoop Ledc pour mener des études sur la politique actionnariale de l’Etat du Cameroun. Un projet qui devrait, à terme, changer le système de gouvernance des entreprises publiques dans le but de les rendre plus performantes. Du discours circonstanciel de Louis Paul Motaze, les retombées attendues portent sur la capacité à éviter « la passivité ou l’intervention excessive de l’Etat actionnaire ou de la puissance publique dans les affaires qui devraient relever de la seule compétence de l’entreprise et de ses organes décisionnels». Cette visée sera concrétisée au moyen d’une politique orientée vers la fixation des objectifs de dividendes; la réduction progressive des subventions aux entreprises à faible niveau de performance; l’introduction dans le marché boursier des grandes entreprises publiques des secteurs industriels; la privatisation de la gestion des entreprises publiques évoluant dans les secteurs hautement concurrentiels; et la mise en place des mesures d’accompagnement des entreprises publiques basées sur une meilleure exploitation du marché local.
L’identité du prestataire retenu par la Commission technique de réhabilitation des entreprises publiques le 15 juillet est dévoilée à Yaoundé à l’occasion du lancement de ladite étude. Le cahier de charges du consultant est également rendu public. Il dispose de trois mois pour: «présenter un diagnostic de l’état des lieux» suivi de «différents scenarii de vision de la politique actionnariale» et du «rapport final sur la politique actionnariale». Les enjeux sont de taille pour le Cameroun, mais aussi pour certains bailleurs de fonds comme le Fonds monétaire international (FMI), qui préconise depuis fort longtemps de telles réformes.Recours
Le groupement Bekolo and partners/Ledcoop Ledc va mener à bien cette mission. Juliette D’Aboville, experte des questions d’Etat actionnaire, est l’actionnaire unique de la PME française Ledcoop, d’un capital social de 100 euros. Sa structure emploie deux employés, a appris Intégration, après consultation des annuaires numériques d’entreprises françaises. Dans cette union, le cabinet Bekolo partners apporte sa riche expérience des problématiques camerounaises.Il y a pourtant péril sur le démarrage de l’étude sur la politique actionnariale. Et pour cause, la procédure ayant conduit à la désignation de ce consultant fait l’objet d’un contentieux par devers l’autorité des marchés publics. Le 17 juillet, un jour avant la cérémonie de lancement de l’étude, l’Agence de régulation des marchés publics (ARMP) se prononce sur la question. Elle enjoint le ministre des Finances de « surseoir toute action sur la procédure querellée en attendant l’aboutissement des investigations et la décision de l’autorité des Marchés publics». Le courrier y relatif, dont Intégration a obtenu copie, évoque une contestation des résultats de l’évaluation des offres techniques soumises suite à l’appel d’offres international du 16 janvier 2023.
Ledit recours est porté par le groupement Finactu International /UHY BBI Advisory and audit. Les deux structures cumulent plus de 20 années d’expériences sur le continent, dans les domaines de l’assurance, banque et garanties, private equity, protection sociale et appuis aux gouvernements, apprend-t-on sur le site de Finactu International.
Ce soumissionnaire fait partie des recalés de la procédure de recrutement susmentionnée avec une note technique de 68/100. En deçà des 70/100 exigés. À ses côtés, trois autres entreprises ont échoué, en l’occurrence les cabinets GB2A Avocats (67,5/100), AXYS (60/100) et Price Waterhouse Coopers (45/100).Le plaignant demande « que les offres soient examinées par une sous-commission indépendante et que les références produites par les candidats soient authentifiées, en s’assurant de la pertinence des références produites en lien avec la mission». Dans une requête soumise le 19 juin 2023 au Comité chargé des recours, la partie contexte la notation des différentes offres techniques. Notamment la note de 83/100 attribuées au groupement Bekolo and partners/Ledcoop. « La notation des propositions techniques témoigne d’un biais outrancier en faveur du candidat déclaré vainqueur de l’appel d’offres. Alors que le concurrent victorieux présente de nombreuses faiblesses qui mettent à mal les intérêts de l’Etat», écrit la partie, qui pointe du doigt la jeunesse de l’entreprise Ledcoop (créée en 2018), le manque de transparence en matière financière, la non maîtrise du contexte africain et des problématiques camerounaises, entre autres.
Le second motif de contestation soulevé porte sur la régularité du processus. Lequel, apprend-on, est entaché par un manque de communication des résultats aux soumissionnaires avant publication officielle. « Pour les offres ouvertes en deux temps, une offre financière témoin scellée est transmise à l’organisme chargé de la régulation des marchés publics pour conservation. Lors de la séance d’ouverture des offres le 13 avril 2023, séance à laquelle nous avons pris part, le groupement Bekolo and partners/Ledcoop n’a pas produit une offre financière témoin», souligne également le plaignant. Notre tentative d’en savoir davantage auprès du maitre d’ouvrage de ce marché est restée infructueuse.
Louise Nsana
Entre Golfe de Guinée et Sanaga. Les moules perlières peuvent elle renouer avec l’âge d’or des monnaies coquillages ?
La moule perlière d’eau douce est une espèce qui vit dans le lit des rivières des massifs anciens de l’Europe de l’Ouest.
Très sensible à la qualité de l’eau et des sédiments, c’est une excellente indicatrice de la qualité des cours d’eau. Qu’en est-il de la perliculture en Afrique ? Et quels formes ou nouveaux usages peut-elle offrir ? Homme persévérant et courageux, Tsunoda Ichizo a été le pionnier des relations entre le Cameroun et le Japon, à l’époque du Protectorat allemand. La vie du premier japonais à avoir séjourné au Cameroun laisse derrière une étude sur les rivières qui témoigne de la riche faune ichtyologique. Un encouragement à relancer la perliculture en Afrique ?
Tsunoda Ichizo était un homme de conviction qui a toujours cherché à comprendre le monde et sa diversité culturelle. Ville natale de Tsunoda Ichizo, Hakoné, l’une des statues thermales les plus célèbres du Japon, est réputée pour ses vertus thérapeutiques. A proximité, se situe la métropole de Yokohama qui reçoit chaque année les Journées Economiques Camerounaises (JEC) et la Conférence Internationale de Tokyo sur le Développement de l’Afrique (TICAD), qui est une initiative lancée en 1993 par le gouvernement japonais pour promouvoir un dialogue politique de haut niveau entre les dirigeants africains et leurs partenaires dans le domaine du développement.
A l’époque de Tsunoda Ichizo, les japonais sont envoyés dans les pays étrangers pour acquérir des connaissances. Grâce à la politique d’ouverture de l’empereur, la vie du jeune Tsunoda Ichizo va basculer et déclencher unerencontre avec le professeur Karl Albert Haberer. De nationalité autrichienne, ce dernier sera envoyé en Orient puis en Afrique pour mener des recherches sur les poissons d’eau douce et les crânes des gorilles, par l’Etat de Bavière en Allemagne. Tsunoda Ichizo et le professeur Karl Albert Haberer étudieront ensemble les rivières du Cameroun.
Après bien des peines, la délégation arrive sur les côtes camerounaises. Le périple Tokyo-Kribi a sans doute duré trois mois. Pendant leur séjour au Cameroun, les deux explorateurs sont littéralement fascinés par cette faune multicolore dont le nombre d’espèces semble infini. Ils pataugent dans les rivières. Ils découvrent ici un écosystème nouveau et enrichissent ainsi leur connaissance comme jamais auparavant. Ses travaux sont déposés au Musée d’histoire naturelle de Vienne.L’étude de cette faune d’eau douce représentait à l’époque une entreprise révolutionnaire. La consommation du poisson d’eau douce représente aujourd’hui une part importante de l’alimentation des camerounais. Son apport en vitamines et son rapport qualité prix rendent bien des services à la classe pauvre de la société. Une chose est sûre : les deux explorateurs étaient en avance sur leur temps.
Qu’est-il de la perliculture des forêts et rivières du Cameroun ? Est-elle une filière viable ? Des travaux mériteraient d’être approfondis avec les connaissances japonaises dans ce domaine. Et plusieurs largement avec d’autres cultures du monde.
Par exemple, le Golfe persique est une région qui était un véritable carrefour de pêcheurs de perle. Le commerce de la perle était à ce point florissant qu’il permit alors à certains bijoutiers français, reconvertis dans l’immobilier, de transformer l’avenue des Champs-Elysées et certains de ses hôtels particuliers, pour en faire ce qu’ils sont encore aujourd’hui.
Les perles d’eau douce ont connu une grande popularité grâce à leurs variétés de couleurs et de formes. Elle peuvent vivre jusqu’à cent ans et, parfois, leur coquille renferme une perle de nacre, appréciée des joailliers. On raconte ainsi que Marie de Médicis portait un jour, pour le baptême de son fils, une robe composée de 32 000 perles d’eau douce.
Lors de son exil à Guernesey, Victor Hugo avait imaginé dans son œuvre : « les Travailleurs de la Mer » la figure d’un roi Auxcrinier de l’Océan, qui aurait trouvé le bonheur dans ses États ; la Constitution, dont il est l’auteur, refuse le droit d’entrée à l’or et à l’argent sans son autorisation : la seule monnaie ayant cours est le coquillage dont la mer est l’inépuisable coffre-fort.Pendant longtemps, le cauri a été un coquillage utilisé comme monnaie dans une grande partie de l’Afrique et de l’océan Indien. Le principal fournisseur en était les Maldives, qui conservent encore ce coquillage comme symbole sur tous ses billets de banque.
Certains États africains (Bénin, Burkina Faso) utilisent encore les cauris en complément de leur monnaie. Ce coquillage a été choisi comme emblème de la banque malienne de développement.
Identification des victimes de catastrophes et d’attentats terroristes : le CCPAC accueille 25 stagiaires
La formation de quatre jours a débuté ce 25 juillet 2023 à Yaoundé avec l’onction du délégué général à la Sûreté nationale et du secrétaire permanent du Comité des chefs de police de l’Afrique centrale, Esaïe Ovono Eyi Mezuia. À la manœuvre, les experts du Centre européen de formation en sciences forensiques actives.
Quatre jours à compter de ce 25 juillet 2023. C’est le temps que va durer au siège à Yaoundé du secrétariat permanent du Comité des chefs de police de l’Afrique centrale (CCPAC), une formation de 25 stagiaires venus de la sous-région. Elle porte sur l’identification des victimes de catastrophes et d’attentats terroristes avec l’appui technique des experts du Centre européen de formation en sciences médico-légales actives et identification des victimes des catastrophes (ETAF-DVI). Au regard «entre autre défis, de la remontée des attentats terroristes, ainsi qu’une gestion approximative des scènes de crimes ou de zones de crise, due essentiellement à un manque d’expertise et à l’inobservation des normes en vigueur en Afrique centrale», a relevé le représentant de Martin Mbarga Nguele, délégué général à la Sûreté nationale (DGSN).
Le constat de Richard Mekulu Atangana est partagé par Esaïe Ovono Eyi Mezuia. Le secrétaire permanent du CCPAC déplore également «l’absence des Unités spécialisées dans ce domaine en Afrique centrale, répondant aux normes universelles exigées et prenant en compte l’examen minutieux des empreintes digitales, la dentition et les prélèvements d’échantillons». Le responsable communautaire parle alors d’«un déficit qui suscite d’autant plus l’attention, compte tenu du contexte marqué par la volonté des chefs d’État de dynamiser la libre circulation des personnes et des biens en zone Cemac, ce qui induit nécessairement une forte mobilité des peuples de la Communauté».
Le ton est cependant donné depuis les 8 et 9 septembre 2022 par les chefs de police et les ministres en charge des questions de sécurité. Ils en étaient arrivés à la même conclusion lors de leurs assises statutaires consacrées à l’évaluation de la situation sécuritaire de notre région. Obligeant le Conseil des chefs de police du CCPAC «à inscrire dans le programme d’activités de l’exercice 2023, l’organisation du présent stage à l’intention des pays membres», se satisfait Esaïe Ovono Eyi Mezuia.
Contenus
Le représentant du DGSN et le secrétaire permanent du CCPAC se félicitent de la tenue de la session de formation et du contenu du programme élaboré par les experts belges. Christian Roger Decobecq et Eddy François De Valck ont en effet arrêté à l’intention des 25 stagiaires aux profils variés, une session articulée en six points. À savoir «la gestion de lieu de la catastrophe ou de l’attentat; le relevage des restes humains; la morgue et l‘installation des regroupements; les formulaires post et ante-mortem universels d’Interpol; la confrontation des données; et la commission d’identification», relève Richard Mekulu Atangana.
Et à en croire Esaïe Ovono Eyi Mezuia, il s’agira particulièrement «de se familiariser avec le guide ‘‘Identification des victimes de catastrophes’’ d’Interpol dont le procédé est le seul admis et reconnu au niveau international; des renseigner efficacement les formulaires ante et post-mortem; collecter avec respect et dignité les reste humains sur le lieu de la catastrophe; maîtriser les bases de la photographie médico-légale, collecter et bien répertorier les effets personnels des victimes, etc».
Premier jour
Ambiance très studieuse pour le premier jour de la session. «Cet après-midi, nous avons fait un exercice théorique sur la récupération des corps en cas de catastrophes. Donc, on leur a expliqué les différents périmètres, les différents responsables de disciplines, les balisages, la numération des victimes et comment on procède également à l’évacuation». Toujours selon Christian Roger Decobecq, «on a vu en même temps comment remplir le formulaire d’Interpol prévu pour la récupération des corps».
Il est prévu que l’approche pédagogique se focalise essentiellement sur la pratique afin d’assurer l’assimilation des techniques et connaissance apprises les stagiaires. «Des simulations seront faites en situation d’opération avec des équipements et matériels de travail appropriés, acquis par le secrétariat permanent du CCPAC», est-il indiqué. «Nos remerciements vont également à l’endroit de Madame la présidente de la Croix-Rouge camerounaise (CRC) qui a bien voulu mettre gracieusement à disposition, le matériel de son institution pour les besoins de la phase pratique et opérationnelle de cette formation».
Les 25 stagiaires n’ont donc aucune excuse. «Je vous invite à être particulièrement studieux et attentifs aux enseignements qui vont être dispensés pendant la durée de cette session afin de vous départir de toute approximation dans un domaine fortement encadré par des normes internationales et qui requiert la plus grande précision», a enjoint le représentant du DGSN. La formation s’achève le 28 juillet prochain.
Théodore Ayissi Ayissi
Retour de la Commission de la Cemac à Bangui: Malabo piaffe aussi d’impatience
La pression ne cesse de gagner en intensité au sujet du retour de la Commission de la Cemac à son siège originel à Bangui en République Centrafricaine (RCA).
Principale curiosité cette fois, les manifestations d’impatience viennent aussi désormais de Malabo où siège à titre provisoire l’institution sous- régionale. Un «dîner de travail a en effet été offert le 12 juillet dernier par le président de la Commission de la Cemac aux responsables des entreprises dépêchées par le président de la République de Guinée Équatoriale». À en croire Balatasar Engonga Edjo’o, il était question d’«évaluer les besoins liés aux travaux de réhabilitation du siège de l’institution communautaire et des locaux de l’École Inter-États des Douanes à Bangui».
Le dirigeant communautaire était appuyé dans cet exercice d’évaluation par Francial Giscard Baudin Libengue Dobele-Kpoka, commissaire en charge du département des Infrastructures et du Développement durable. Et il ressort des échanges que «le processus de retour imminent de la Commission et de l’EIED-Cemac à Bangui est en bonne voie», fait savoir un communiqué.
Bon timing donc pour le président équato-guinéen, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, certainement soucieux de se débarrasser d’un colis de plus en plus encombrant. Au regard notamment des résolutions du dernier Sommet ordinaire des chefs d’État de la Cemac tenu le 17 mars dernier à Yaoundé. Et compte tenu des exigences de plus en plus pressantes du président centrafricain, Faustin Archange Touadéra, président en exercice de la Cemac. La réalité actuelle étant que Malabo cumule, de fait, le siège et la fonction de président de la Commission. Contrairement aux dispositions communautaires existant en la matière.
TAA
Pont sur le fleuve Ntem : examen de passage devant les administrateurs de la Bad en bonne voie
Le projet de construction du pont multinational sur le fleuve Ntem, entre Campo (Cameroun) et Rio Campo (Guinée Équatoriale), et de facilitation du transport sur le corridor Libreville (Gabon), Bata (Guinée Équatoriale) et Yaoundé au Cameroun, a mobilisé du beau monde du 3 au 17 juillet dernier. Dans le viseur: «la confirmation des conclusions de l’Aide-Mémoire résultant de la précédente mission de préparation effectuée du 15 au 30 janvier 2023, en vue de préparer toute la documentation exigée pour la soumission du projet au Conseil d’administration de la Bad prévu se tenir pendant le 4e trimestre de l’année en cours», rapporte la Commission de la CEEAC.
Une mission conjointe s’est ainsi déployée pendant deux semaines dans ces deux pays de la sous-région. En plus de leurs représentants, l’attelage était constitué de la CEEAC, de la Banque africaine de développement (Bad), de la Banque de développement des États de l’Afrique centrale (Bdeac) et du Comité technique mixte du projet (CTM). L’exercice a surtout consisté à «confirmer les composantes du projet y compris les activités connexes en faveur des populations riveraines; visiter les sites d’implantation du pont, des voies d’accès et des Postes de contrôle frontaliers; et convenir avec les pays, du nombre de postes à retenir finalement», apprend-on.
La commissaire à la CEEAC en charge de l’Aménagement du territoire et des Infrastructures, Chantal Thérèse Mfoula Edjomo, et les autres membres de la mission ont également eu à cœur de régler d’autres aspects. En l’occurrence «finaliser les études environnementales et sociales; affiner l’estimation des coûts de chaque composante du projet et arrêter en définitive un plan de financement en précisant les activités à prendre en charge par la Bad, l’Union européenne, la Bdeac, ainsi que les contreparties nationales». Selon la Commission de la CEEAC, il ne restait plus alors qu’à «confirmer les arrangements institutionnels avec les administrations des deux pays».
À en croire toujours l’institution sous- régionale, «la mission a atteint les objectifs contenus dans les Termes de référence (TDR). Elle a pris en compte l’inclusion dans le projet d’un volet dédié à la promotion du secteur privé dans la zone, notamment en évaluant les conditions nécessaires à la valorisation par le secteur privé des infrastructures routières, socio-économiques et du pont à construire à la frontière entre les deux pays». Il apparaît dès lors que «le dossier de financement de ce projet pourra être soumis au Conseil d’administration de la Bad pendant le dernier trimestre 2023 pour approbation. Et le lancement des travaux de construction du pont pourrait intervenir à la fin du premier trimestre 2024», apprend-on.
Théodore Ayissi Ayissi
Union douanière et Plan d’industrialisation: les nouvelles bornes du marché commun
Lourde responsabilité que celle des experts réunis du 18 au 21 juillet dernier à Libreville.
Ils avaient pour mission de mener des réflexions sur le périmètre et les contours de «l’Union douanière et le Plan directeur d’industrialisation et de diversification économique de l’Afrique centrale», indique la Commission de la CEEAC à l’initiative de la rencontre. Deux défis majeurs sont alors à relever. «Celui de l’intégration commerciale et de l’édification d’un marché commun régional porteur d’opportunités pour les entreprises et les populations, d’une part, et celui du développement des capacités productives nécessaires au renforcement de la compétitivité et du positionnement des économies sur les marchés régionaux et internationaux», souligne François Kanimba. Le commissaire au Marché commun, Affaires économiques et financières représentait le président de la Commission de la CEEAC à l’ouverture des travaux.
Le portrait-robot attendu du marché commun sous- régional résoudrait en effet bien des problèmes. La conquête de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) faisant partie de ceux-là. L’élaboration d’une stratégie régionale est logiquement inscrite dans le mandat des experts des onze pays de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale. Elle est entre autres commandée par le contexte économique régional et mondial. Les initiateurs des travaux évoquent notamment «la dynamique accentuée de la formation des regroupements économiques, et la nécessité pour les pays d’Afrique centrale dont les économies sont extraverties et soumises constamment à des chocs exogènes, de relever les défis pour leur intégration dans les économies continentale et mondiale».
Les initiatives déjà entreprises sur ce terrain par la Commission de la CEEAC ont logiquement servi de base de travail. Les experts de la sous-région ont ainsi pu, en s’en inspirant, «insuffler un nouvel élan au processus d’intégration économique et commerciale en Afrique centrale». À la satisfaction de Yves Fernand Manfoumbi. Le ministre gabonais du Commerce, des Petites et Moyennes entreprises a présidé l’ouverture des travaux. L’on retient en particulier de ses félicitations adressées à la Commission de la CEEAC «pour avoir pris l’initiative d’organiser cette réunion qui prépare la première session du Comité technique ministériel spécialisé Marché commun, Affaires économiques, monétaires et financières qui se tiendra dans les prochaines semaines», a-t-il annoncé.
Théodore Ayissi Ayissi
Montage de projets: Ista-Cemac offre son expertise à E3M
Renforcement des capacités et montage des projets. Il en a beaucoup été question ce 14 juillet 2023 à Moanda au Gabon.
Signature de la convention de partenariat Ces deux enjeux constituent la substance du partenariat qui lie désormais l’Institut sous- régional multisectoriel de Technologie appliquée, de Planification et d’Évaluation des projets (Ista – Cemac) et l’École des Mines et de la Métallurgie de Moanda (E3M). La cérémonie de signature de la convention y relative a réuni vendredi de la semaine dernière dans cette ville gabonaise, Evariste Evane, directeur général de l’Ista-Cemac, Christian Boupassia, administrateur directeur général de E3M. Le paraphe des documents s’est déroulé sous le regard de l’ensemble des membres du Conseil d’administration de l’E3M et du directeur général de la Compagnie minière de l’Ogoué.
L’Ista-Cemac est en plein dans son rôle en acceptant ce partenariat. L’institution spécialisée de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale a en effet vocation à renforcer les compétences des six États membres afin de leur permettre de mieux contrôler leurs projets de développement à caractère socioéconomique. Elle revendique par ailleurs une expérience de plus de 40 ans. L’Ista-Cemac ayant été créée en 1980. Tous ces éléments et atouts ont certainement été pris en compte par l’E3M. Place désormais à la mise en œuvre de ce nouveau partenariat.
TAA
Infrastructures routières : Centunion se positionne sur les ponts
L’entreprise espagnole envisage d’en construire quatre à travers le pays.
Après Alejandro Vidaurreta (directeur commercial de l’entreprise Centunion) en mars dernier, S.E. Ignacio Garcia Lumbreras était l’hôte d’Emmanuel Nganou Djoumessi le 19 juillet dernier à Yaoundé. Chez le ministre des Travaux publics (Mintp), l’ambassadeur du Royaume d’Espagne au Cameroun est allé dire l’intérêt qu’ont les entreprises de son pays à accompagner le gouvernement camerounais dans le développement du programme d’infrastructures routières. À cet effet, l’entreprise Centunion a publiquement manifesté son intérêt pour la construction des ponts métalliques. Une liste de 5 ouvrages, dont les études techniques ont été déjà menées au Mintp, a d’ores et déjà été transmise à l’entreprise espagnole Centunion, pour production d’une offre technico-financière. Les ouvrages concernés sont identifiés dans les localités ci-après: pont sur le Mayo-Deo (150 m) à Kontcha situé sur l’axe Tignere Kontcha dans l’Adamaoua; pont sur la rivière Mayo Thiel (127 m) de la localité de Bashéo à 40 km de Garoua sur la route Baschéo-Mboutou dans la région du Nord; dans la région du centre il y a le pont sur le fleuve Nyong (165 ml) de la localité Ekombitié sur l’itinéraire Mfou- Nkilzok – Ekombitié ; et le pont sur le fleuve Nyong (160 m) à Malombo sur la route Ngoumou – Minka – Malombo, et à l’Ouest, le pont sur le fleuve Noun (131 m) du village Sankié sur le tronçon Marché Bantoum 3 – Carrefour Sankié.
Bien avant l’audience accordée à S.E. Ignacio Garcia Lumbreras au Mintp, l’entreprise Centunion a effectué avec les services du maître d’ouvrage une visite conjointe des sites des ouvrages suscités. Au terme de la descente, Centunion est disponible à construire 04 ponts respectivement sur les rivières du Mayo Thiel, Nyong à Ekombitié, Noun, Nyong à Malombo pour un montant total de 38 630 743 000 FCFA.
Ce projet tire son origine à la manifestation d’intérêt de l’entreprise Centunion exprimée dans une correspondance du 05 octobre 2022, adressée au Ministre de l’Economie, de la planification et de l’aménagement du Territoire, dans laquelle, l’entreprise présente une offre de financement pour la construction de pont et d’échangeur au Cameroun d’un montant de 60 millions d’euros, structurée avec un crédit sous la couverture de l’État espagnol.
Yaoundé : la ville bientôt sous le régime pollueur-payeur
La production des déchets en passe d’être taxée par la Communauté urbaine de Yaoundé.
Yaoundé, la capitale camerounaise Sur le papier, cela se résume en une phrase: «plus vous produirez des ordures, plus vous payerez». « C’est ce qui se fait dans d’autres pays», indique Luc Messi Atangana. En posture d’invité du journal de 17 heures de la CRTV-radio le 13 juillet dernier, le maire de Yaoundé relève que l’idée a été émise au cours de la réunion sur la gestion des ordures ménagères le 12 juillet 2023 à l’hôtel de ville de Yaoundé. Y ont pris part : les représentants des ministères de la Décentralisation et du Développement local (Minddevel), de l’Habitat et du Développement urbain (Minhdu), du préfet du Mfoundi, les maires d’arrondissement de Yaoundé 2, 3, 5 et 7, les responsables des deux entreprises en charge de la gestion des ordures et les autorités traditionnelles des sept arrondissements du département du Mfoundi. Selon la cellule de communication et des relations publiques de la Communauté urbaine de Yaoundé (CUY), «ces assises ont recommandé la création d’une redevance payable par les producteurs de déchets pour remédier à la modicité des ressources disponibles ; le traitement des ordures coûte cher pour la mairie de la ville. Nous n’avons pas assez d’argent et les charges incombant à la mairie de Yaoundé dans le cadre de la gestion des ordures induisent des coûts». En clair, il s’agit d’un système de facturation censé inciter chaque citoyen à réduire sa production de poubelles. Ce système, renseigne la CUY, recouvre un des axes majeurs : l’implication des usagers dans la mise en œuvre de la politique d’hygiène et salubrité menée par les autorités municipales. «Nous éprouvons encore de la peine à faire comprendre aux populations qu’en tant productrices des ordures, leur gestion responsable leur incombe au premier chef», avise Luc Messi Atangana.
Enjeu
À écouter le premier magistrat de la ville aux sept collines, l’accroissement quantitatif exponentiel des déchets ménagers et assimilés, leurs coûts d’exploitation et de traitement exorbitants ainsi que leurs impacts écosystémique, environnemental, sociétal et économique négatifs représentent, aujourd’hui plus que jamais, et à tous les niveaux, un enjeu citoyen majeur. En poste depuis le 3 mars 2020, Luc Messi Atangana est embourbé, comme ses prédécesseurs, dans les tonnes de poubelles que génère la capitale camerounaise chaque année. Les causes de cette situation sont connues : prolifération des marchés spontanés, tolérance administrative sans fin, difficile accès à certains quartiers et, surtout, le fait que les objectifs de collecte des ordures fixés en 2012 sont aujourd’hui largement dépassés en raison de l’explosion démographique et l’extension rapide de la ville. Pour la mairie de Yaoundé, il faut alors tout faire pour, non seulement réparer les dégâts, mais en plus, pour entretenir les actifs à travers l’amélioration de la qualité du service. Or, d’après Luc Messi Atangana, l’affaire n’en finit pas d’empoisonner la trésorerie des entreprises impliquées dans la collecte et le traitement des ordures à Yaoundé. « Hysacam (Hygiène et salubrité du Cameroun) lui-même avoue qu’il est débordé par le volume d’ordures», déplore le maire de Yaoundé. Tout cela combiné, l’option participation financière des populations semble trouver une justification. En attendant son application, l’on s’interroge déjà sur l’assiette de facturation de la taxe. Il en est de même de la problématique liée à la constitution et la mise à jour d’un fichier exact des redevables (noms, adresses notamment) et de la gestion de la relation avec les usagers (communication, gestion des réclamations et autres).Jean-René Meva’a Amougou
Ce que j’attends du sommet de Saint-Pétersbourg
49 pays africains ont confirmé leur participation au sommet Russie-Afrique prévu les 27 et 28 juillet 2023 à Saint-Pétersbourg, selon Alexandre Poliakov du ministère russe des Affaires étrangères.
Cela témoigne de la volonté du continent de développer ses relations avec Moscou. Cela signifie aussi que, malgré les indécentes pressions exercées sur eux par l’Occident, les Africains tiennent à discuter avec Poutine de paix, de sécurité et de développement. Le premier sommet de ce genre avait eu lieu les 23 et 24 octobre 2019 à Sotchi. Si les autorités russes y avaient reconnu que la Chine faisait beaucoup mieux que leur pays en matière d’échanges commerciaux (200 milliards de dollars contre 20 milliards en 2018), elles avaient surtout insisté sur le fait qu’elles voulaient “des coopérations sur des bases égalitaires, en lien avec les ensembles régionaux, ancrées dans le temps”.
Aujourd’hui, comme hier, les Russes désirent ne pas être dans une vision colonialiste, ce qui veut dire ne pas imposer leur manière de gérer l’État ni leur “civilisation”, s’abstenir de donner aux autres des leçons qu’on ne s’applique pas à soi-même, refuser les “diktats politiques et le chantage monétaire”, ne pas s’immiscer dans les affaires internes des pays africains, etc. De plus, Poutine se pose en défenseur de la famille (papa, maman et enfants). Enfin, la Russie est le seul pays européen à avoir donné le nom de Patrice Lumumba, héros africain assassiné par l’Occident en 1961, à une université. Il convient d’avoir toutes ces choses à l’esprit pour comprendre pourquoi la Russie a la cote en Afrique en ce moment.
En revanche, le sentiment anti-français ne fait que croître dans les ex-colonies françaises et le coq gaulois fait de moins en moins peur. Certains pays comme le Mali n’hésitent plus à défier l’ex-puissance colonisatrice. Pourquoi? Parce que, chez les Français (hommes politiques, intellectuels et médias), il y a une grave méconnaissance du continent africain et une non-prise en compte des mutations qu’a connues l’Afrique depuis 1990. Les Français ne manifestent aucune volonté de mettre à jour leur vision de l’Afrique, de se remettre en cause ou de demander pardon pour leurs nombreux crimes. Bref, comme le dit bien Antoine Glaser, “la France ne regarde toujours l’Afrique qu’à travers son propre miroir, d’où l’arrogance”. Pour lui, la Françafrique n’est rien d’autre qu’un “anachronisme historique” (cf. “Arrogant comme un Français en Afrique”, Paris, Fayard, 2016).
Il est vrai que nous avons besoin de sécurité, d’armées capables de faire face à n’importe quelle attaque extérieure, de moyens qui permettront à nos États de combattre efficacement le terrorisme mais il est aussi important que la jeunesse africaine puisse trouver du travail, ce qui freinera un tant soit peu la tentation de traverser la Méditerranée, que le transfert technologique se fasse entre l’Afrique et la Russie, que cette dernière nous partage son expertise dans le domaine de l’industrialisation car là se trouve une des clés du développement: arriver à transformer nos matières premières sur place.
Jean-Claude DJEREKE
4 200 milliards de dollars
Selon l’Onu, c’est le montant du déficit de financement annuel des ODD (Objectifs de développement durable. « Les gouvernements croulent sous les dettes – les pays en développement étant confrontés à des coûts d’emprunt exorbitants. Et 52 pays sont en défaut ou proches du défaut – sans système efficace d’allégement de la dette en vue », a déclaré Le Secrétaire général de l’Onu, António Guterres le 17 juillet dernier à New-York. « Nous sommes à mi-chemin de 2030 et pourtant loin d’atteindre les ODD. La mauvaise nouvelle, c’est que nous avons perdu sept ans. La bonne nouvelle, c’est qu’il nous reste encore sept ans et que les victoires sont à notre portée », a déclaré. Lachezera Stoeva, présidente du Conseil économique et social de l’Onu.
Lutte contre la piraterie dans le Golfe de Guinée : une réflexion pour mieux resserrer les filets
Pendant quatre jours, les experts sont issus de plusieurs organismes internationaux venus de plancher sur comment mener des instructions judiciaires aboutissant à des procès contre les criminels actifs en zone maritime.
Golfe de Guinée Depuis plusieurs années, le Golfe de Guinée est un terrain de jeux pour les pirates. Dans cette zone, ces criminels se multiplient des attaques à l’encontre des navires. Leur spécialité : les enlèvements de marins contre rançons, en général payées par les armateurs ou leurs assurances. Selon le Maritime Information Cooperation and Awareness Center (MICA Center), près de 99% des enlèvements de marins dans le monde se sont produits dans le Golfe de Guinée. Mais en 2021, leur nombre a diminué. C’est que les différents programmes anti-piraterie dans la région finissent par payer. C’est le constat fait lors de l’atelier de révision, de finalisation et d’évaluation des Procédures Opérationnelles Standards et Harmonisées (POSH) pour la lutte contre la piraterie et la criminalité maritimes.
Tenue à Yaoundé du 18 au 21 juillet 2023, l’activité (organisée dans le cadre du Programme d’Appui à la Stratégie de Sûreté et de Sécurité Maritimes en Afrique Centrale (PASSMAR), mis en œuvre en partenariat avec l’Union européenne au bénéfice de la CEEAC et de ses pays membres, le Bureau Régional pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre de l’Office des Nations unies contre la Drogue et le Crime, ONUDC) vise à non seulement la coordination nationale entre les principales entités qui luttent contre la criminalité maritime, mais aussi de mieux préparer l’arsenal juridique en vue de mener des instructions judiciaires aboutissant à des procès contre les suspects. « Il fallait bien un cadre de coopération pour les agences d’application de la loi afin de renforcer la collaboration inter-agences en matière d’arrestation, de détention,
Bon à savoir : dans le cadre du projet PASSMAR, avec l’appui de l’Union européenne, un soutien à l’ensemble du système de justice pénale, terrestre et maritime est mis à disposition pour que les États membres de la CEEAC soient en mesure de faire face aux menaces de criminalité maritime, y compris la piraterie, le vol à main armée en mer, la pêche illégale, la pollution, la traite des personnes, le trafic des migrants, le trafic de drogues, d’armes à feu et de munitions dans les Etats côtiers. Doté d’un budget de 10 millions d’euros mis à disposition par l’UE, ce projet est partiellement exécuté par l’Office des Nations unies contre les drogues et le crime (ONUDC) pour une période de quatre ans. Au titre du 11ème Fonds européen de développement, l’action du PASSMAR s’inscrit dans le cadre d’une intervention définie par les stratégies de l’UE pour le Golfe de Guinée et les stratégies de l’Union africaine (UA) et de la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale (CEEAC) en matière de paix et de sécurité.
Ongoung Zong Bella
Coupe du monde : début de justice pour l’Afrique
De 13 équipes à l’origine (1930), la Coupe du monde va passer à 48 à partir de la 23e édition, en 2026. Programmé aux États-Unis, au Canada et au Mexique, le prochain Mondial de football sera celui des innovations.
Aux plans du nombre de participants, de la formule de compétition et des gains financiers, le monde du ballon rond s’avance vers un rendez-vous exceptionnel. Au chapitre du nombre d’admis, l’Afrique va tirer son épingle du jeu. Le total de ses représentants pouvant passer du simple au double. Autre grand bénéficiaire du passage du Mondial à 48 équipes : la zone AFC (Asie et Australie). Comme l’Afrique, elle va gagner quatre places supplémentaires d’office, ce qui lui fera huit représentants, et pourra en prendre une cinquième avec les barrages.
Dans tous les cas, on aura minimum 80 matches à partir de 2026 (contre 64 actuellement). Et l’argent coulera à flot. Un rapport de la FIFA, repris par le quotidien sportif français, annonce des gains supplémentaires de 640 millions de dollars. Les trois pays organisateurs tablent de leur côté sur un chiffre d’affaires de 14 milliards de dollars. «La Coupe du monde la plus lucrative de l’histoire», promettent-ils.
Sur le fond, cette décision est le résultat d’un long processus. En réservant au moins 9 places au continent africain, la FIFA a adopté une vraie position «politique». À savoir que si l’on gardait le système en vigueur, l’Afrique serait toujours défavorisée au profit des continents qui, à la place de dessins, présentent des clichés de football très développés. En ce sens, le format de la prochaine coupe du monde de football donne à voir les implications géopolitiques d’une ère de réparation d’une injustice longuement entretenue au profit d’un ordre occidental. C’est donc une décision essentielle. Pourquoi ?
Premièrement, il s’agit de rendre justice au football africain, qui a tant apporté et qui apporte tant au football mondial en termes de talents pour les clubs, mais aussi pour les équipes nationales, et ce, depuis de longues décennies. Deuxièmement, cette décision permet de «corriger» les injustices de notre monde, de donner une chance à tous les continents, une «vraie» chance, et aussi de montrer que la FIFA a un rôle particulier à jouer et par là une responsabilité à assumer lorsqu’elle choisit d’organiser des compétitions. Troisièmement, l’Afrique reçoit cette décision en toute confiance. Celle-ci est enrobée dans l’afro-optimisme lancé au reste du monde, et selon lequel nous nous devons de traiter l’Afrique avec plus de générosité, avec plus de considération, mais aussi de manière plus responsable.
En ce sens, la Coupe du monde 2026 s’inscrit dans le double combat de l’Afrique, à la fois politique, concernant ses indépendances et sa place sur la scène internationale, et footballistique, sur la place du football africain au sein de la FIFA. Neuf ou dix places, est-ce assez ? Sans doute non, mais en attendant, il faut rendre un grand hommage aux chefs du football africain, les présidents de la CAF, l’Égyptien Abdelaziz Mustapha, l’Éthiopien Ydnekatchew Tessema, le Camerounais Issa Hayatou et bien d’autres qui défendirent sans relâche la place de l’Afrique au sein de la FIFA. Pour ceux que ce débat intéresse, ils ne manqueront pas de porter un nouveau regard sur l’Afrique. Car la Coupe du monde 2026 va valoriser l’image d’une Afrique qui se bat, qui est professionnelle, ouverte et bien intégrée dans l’Histoire, dans le monde, et consciente que son destin lui appartient.
Jean-René Meva’a Amougou
Insalubrité à Yaoundé : dans l’univers des poubelles inaccessibles
Dans la capitale camerounaise, les sociétés de ramassage des ordures ne peuvent accéder à certains lieux. Le cas des quartiers environnants de Mvog-Mbi, dans le 4e arrondissement de Yaoundé.
Le ramassage d’ordures à Yaoundé se déroule dans des points précis. Pour améliorer les conditions de vie des populations qui se plaignent des ordures pestilentielles, des maladies hydrauliques, des caniveaux bouchés et des points d’eau pollués, le gouvernement camerounais met à contribution les sociétés de ramassage d’ordures. Afin que ce travail s’effectue normalement, la Communauté urbaine de la ville de Yaoundé signe des conventions avec des entreprises spécialisées. Pour une ville propre. Mais, force est de constate qu’il existe de gigantesques poubelles dans les quartiers depuis des décennies. Et l’accès des véhicules de ramassage à ces montagnes d’immondices est quasiment impossible. Ce qui embarrasse sa majesté Beti, chef de bloc au quartier Coron. «En plus de 20 ans que cette poubelle existe, nous n’avons jamais vu un camion Hysacam. Comment il va même entrer ?», interroge le chef de bloc.
Etam-Bafia et Coron
Une poubelle nichée au marécage constitue la limite entre les deux quartiers Etam Bafia et Coron. Elle est établie sur une parcelle aménagée comme une statue. Ce mercredi 19 juillet, Dilan et Hervé deux jeunes du coin, sont en plein boulot, avec l’ambition de repousser la poubelle afin de pouvoir organiser un championnat de vacances. «Notre stade a été envahi par les ordures et les parents nous ont demandé de ne pas déranger parce qu’il y a pas une autre solution» explique Dillan, le probable organisateur du championnat de football à l’occasion des vacances scolaires et universitaires.Mvog-Mbi
Cette poubelle a une seule règle: jeter les ordures après les rails. L’accès pour Hysacam ou une autre compagnie de ramassage est quasi impossible. Jean, vendeur à la sauvette dont l’étal se trouve à 10 m du dépotoir, accuse ses collègues d’avoir créé une poubelle à proximité des rails. «Comment Hysacam fait pour entrer ici?» s’exclame le jeune commerçant.Iboual Itam
A «Iboual Itam», on est dans une partie du quartier Ayéné. Ici, on découvre une gigantesque poubelle logée de part et d’autre des maisons. C’est un endroit inaccessible pour les engins en charge du ramassage d’ordures. «Cette poubelle existe depuis plus de 30 ans. Et on n’a jamais vu la moindre autorité passer par ici. Les gens ont même construit sur la route», affirme Casimir Ngono, un habitant du coin. A noter que la rivière du quartier Iboual Itam (puits pourri) est voisine très proche de cette poubelle.Pays-Bas
Pays – Bas est le nom d’une poubelle géante, voisine aux brasseries situées non loin de là. C’est un dépotoir d’ordures flanqué dans un marécage. Là aussi, l’accès est impossible aux engins roulants. Elle dessert pas moins de 100 ménages et s’étend sur plus de 30 mètres carrés. Tout à côté, une porcherie est installée.André Gromyko Balla
Canton Bane’ka : la montagne d’un permis de croire
Réunis en assemblée générale ce 22 juillet 2023, fils et filles de ce peuple du Moungo se disent prêts à faire entendre leur voix.
Les Bane’ka unis autour de Prince Ndedi Eyango, l’heure a sonné Micro tendu à plusieurs hommes, femmes, vieux et jeunes ce 22 juillet 2023 au village Dangté. Sans être maigre, la moisson du reporter révèle une constante: «Pas de Nkongsamba sans Bane’ka». Autour du sens que les interviewés donnent à cette boutade, Sa Majesté Henri Epanda Ebwelle (chef supérieur du canton Bane’ka) en construit un autre pour justifier la tenue ce jour de l’Assemblée générale du Comité de développement du canton Bane’ka (Codecaba). D’après le dignitaire traditionnel, «il est temps que les fils et filles de Ngoh Ni Nsongo raffermissent leurs liens pour faire entendre leur voix dans le département du Moungo».
Déclinant le format choisi pour élaborer les lignes directrices de ce projet, Jeannot Ecko Ekwelle (président du comité d’organisation) insiste sur le mot « conclave ». «C’en est un effectivement dans la mesure où nous discutons en famille», explique-t-il. L’approche articule deux symboles: «Nous sommes ici au pied du Mont Manengouba, au village Dangté, lieu de naissance de la Codecaba». Ici s’additionnent plusieurs esprits des 12 villages Bone’ka éparpillés dans les 3 arrondissements de Nkongsamba. «C’est un exploit que seuls les princes réalisent», dit Sa Majesté Christian Ewane, chef de Mbaresoumtou. Pour bien comprendre, il s’agit du Prince Ndedi Eyango. En sa qualité de président du Codecaba, le «Prince des montagnes» place l’ordre du jour sous le double signe du rassemblement et de la cohésion. «C’est la seule voie par laquelle nous pouvons élaborer un plan d’action concret au milieu des loups qui nous guettent au quotidien», souligne l’artiste-musicien de renom. Selon lui, les Bane’ka sont longtemps restés à la merci des fauves qui œuvrent chaque jour pour l’extinction des Bane’ka. Pour Prince Ndedi Eyango, «ce peuple est grand et nul autre que Dieu le sait». Dans un morceau empreint de dénonciation, le président du Codecaba cite «la volonté de certains ogres politiques et économiques à faire main basse sur le patrimoine foncier Bane’ka». «Nous sommes loin de tenir un discours de haine», avise-t-il. «Nous revendiquons juste un peu de justice et de reconnaissance sur la base de quelques constats faits depuis plusieurs années maintenant», ajoute le Prince des montagnes.
Stop au pillage du patrimoine Bane’ka
Pour les personnes qui prennent part aux travaux, les euphémismes utilisés rendent compte de la répartition non équilibrée des postes à la tête des municipalités et des dissensions liées à l’accaparement des terres. «Ici à Nkongsamba, cela se dit et n’a jamais fait l’objet de quelque attention de la part du gouvernement», déplore Jeannot Ecko Ekwelle. Pour inverser cette tendance, les bases doivent être jetées dès maintenant, selon Ndedi Eyango. Adossée sur les résolutions de la dernière assemblée générale du Codecaba, la perspective est portée par du sang neuf. Ce jour, de nouveaux acteurs entrent en scène et sont présentés solennellement aux participants. «D’ici 3 mois, un conclave de ce genre se tiendra pour faire le point des différentes activités menées dans le cadre de la mise en œuvre de notre plan d’action», annonce Ndedi Eyango. Sans le dévoiler, le grand orateur du jour insiste une nouvelle fois qu’«il ne s’agit pas d’une guerre contre ceux qui, à tort, se positionnent ou sont positionnés comme des adversaires des Bane’ka». Dans le fond, l’assemblée générale de ce jour dispose d’une feuille de route précise. Sur celle-ci, il est clairement couché l’expression du vivre – ensemble.Dans un élan de rassemblement, le collège des chefs traditionnels Bane’ka se situe en phase avec Prince Ndedi Eyango qui n’en finit pas de valoriser l’épaisseur de leur rôle pour l’épanouissement des Bane’ka. À entendre parler les jeunes, le corpus envisage des synergies collaboratives. «De cette manière, explique Justin Eugène Ndedi (président des jeunes de Dangté), la concrétisation de toutes les ambitions est assurée et au regard de ce qui s’est dit ici, personne n’est disposé à chanter cet hymne à l’envers».
Jean René Mevaa Amougou à Nkongsamba
Charbon de bois : la nouvelle coqueluche des cordons bleus
Dans la capitale politique camerounaise, il a le vent en poupe en termes d’utilisation et constitue la médiane entre le gaz et le bois. La branche de la métallurgie en raffole également.
Le bois de chauffage et le gaz à usage domestique, deux éléments très présents dans nos cuisines. Mais il existe actuellement un concurrent sérieux dans les ménages: le charbon issu du bois. Même si ce dernier a toujours existé et était beaucoup plus cantonné à la braise et la cuisson dans certains restaurants, aujourd’hui il est très convoité par les ménagères et les forgerons. Il est maintenant difficile de nos jours de marcher sans tomber sur un point de vente de charbon. Les commerçants de ce produit voient alors la demande exploser. «Depuis 5 ans, je me suis lancé dans la vente de charbon, et la demande est de plus en plus croissante», évoque Jean Amga, licencié en histoire et reconverti en vendeur de charbon au marché Mokolo, dans le deuxième arrondissement de la ville de Yaoundé. Les espaces de commercialisation de cet or noir sont également assaillis en dehors des marchés comme celui de Mvog-Mbi. Des quartiers nouveaux comme Odza, Nkoabang et Monti reçoivent également beaucoup de demandes pour l’implantation des dépôts.
Cuisine
Le choix de ce combustible repose sur le fait que son utilisation est trop pratique. Comme l’explique dame Ewolo, femme au foyer, «mes marmites sont toujours propres, la suie n’est pas présente. En cas de pénurie de gaz, c’est le meilleur choix», explique-t-elle. Autres avantages vanté cette fois-ci par madame Ndassi au quartier Coron: le charbon n’émet pas de la fumée comme le bois. On peut l’utiliser dans un espace commun sans que les voisins ne se plaignent. En plus, «il y a des mets qui se préparent uniquement sur le charbon. Un poisson braisé dans un four à gaz n’a pas un bon goût», renchérit-elle.Un autre atout du charbon: toutes les couches sociales l’utilisent. À Mvog-Mbi, père Bindzi, vendeur de charbon, dit voir des femmes nanties et celles ayant des revenus modestes acheter ce produit qui ne coûte que 500 FCFA le plastique. «Mais les dames riches achètent beaucoup plus les sacs de 20.000 FCFA pour les réceptions. Alors que les femmes aux revenus modestes peuvent l’utiliser dans les espaces réduits», précise le vieil homme. Il affirme que la production de charbon est plus bénéfique que la vente de bois. «L’énergie qu’on met pour fendre le bois est la même que celle qui consiste à produire le charbon. Même si le temps et la surveillance sont plus recommandés», ajoute C. Mbarga, producteur et vendeur de charbon à borne 10 Odza.
Construction
La forte demande est aussi liée à la menuiserie métallique. Les menuisiers utilisent le charbon pour modeler et donner la forme aux portes, fenêtres, portails et bien d’autres choses. «On ne peut pas forger le fer sans charbon. Le courant est juste là pour attiser les braises», déclare Donald, propriétaire d’un atelier de soudure. Il dit utiliser minimum 10 sacs de 50 kg le mois, soit 100.000 FCFA. «Cela dépend aussi des commandes», ajoute-t-il. À Nkoabang dans la Mefou-et-Afamba, Kamga, un propriétaire lui aussi d’une menuiserie, dit acheter le charbon à la source. «Au début, mes livraisons étaient toujours tardives à cause du manque de charbon, surtout en saison pluvieuse. Je vais maintenant dans les villages et je passe la commande. J’arrive jusqu’à Abong-Mbang».Attention
M. Nkama, enseignant de chimie dans un collège de la place, tient à rappeler que le charbon est un combustible très polluants et un tueur très redoutable. «Il ne faut surtout pas l’utiliser dans des endroits fermés ou clos à cause de sa forte teneur en CO2», prévient-t-il. L’autre inconvénient et non des moindres est relevé par S.M. Justin Amougou, chef du village Nkolmeyang II par Nkolafamba. Cette autorité traditionnelle constate que le charbon contribue à la déforestation et crée des conflits dans les localités où il est exploité.André Gromyko Balla