La crise anglophone déborde à Mbouda

Politique

Effectifs pléthoriques dans les salles de classes, baisse de l’activité économique… sont, entre autres, les conséquences de tensions socio – politiques des régions du Nord-ouest et du Sud – Ouest sur cette petite ville frontalière à Bamenda.

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Sur la route Nationale N°6 reliant les régions du Centre, de l’Ouest et du Nord-ouest, la ville de Mbouda, chef-lieu du département des Bamboutos dans la région de l’Ouest, est située à cinquante kilomètres de Bamenda, la capitale régionale du Nord-ouest et épicentre de la crise anglophone. Elle est par ailleurs limitée au nord par la commune de Wabane (région du Sud-ouest) autre région fortement marquée par la crise anglophone. De ce fait, Mbouda subit de plein fouet les contrecoups de cette sociopolitique qui secouent le pays depuis plus d’un an.

Pour la rentrée scolaire 2017 – 2018, la ville accueille dans ses écoles des élèves en provenance des régions en crise. «Nous avons été submergés par l’afflux des enfants venus des régions anglophones. La demande en matière d’éducation étant forte, nous avons procédé à un tri par un test pédagogique pour jauger leur niveau, car ces élèves ne possédaient pas de carnet de notes. Si un  enfant sollicitait  une classe supérieure, après le test non concluant, avec l’accord de son parent, il était rétrogradé en classe immédiatement inférieure. C’est ainsi qu’environ une quarantaine a été recruté» confie, monsieur Fokou, le fondateur du Groupe scolaire bilingue privé laïc Le mérite de Mbouda.

Baisse d’activité

Au lycée Bilingue  de Mbouda, aux dires du proviseur Jules Akono, dans les deux sections (anglophone et francophone), plus de 200 élèves ont été recrutés. «Le surpeuplement de la population scolaire résultant des pressions d’inscriptions, de part et d’autre,  rend lourd le pilotage des élèves au niveau pédagogique, quand on sait que l’effectif en cette année scolaire est de 4387 élèves» dit-il. Au lycée bilingue de Banock, le proviseur Jackson Yemeli Noupoussi déclare que sur un effectif de 2500 élèves, 130 proviennent des régions anglophones ; 50 % bondent les classes de la section anglophone. Notamment, les classes d’examen (From 5 et Upper Sixth). «Ce qui donne un surcroit de travail aux encadreurs», indique-il.

Les activités commerciales sont également impactées, en l’occurrence par les journées villes mortes instaurées dans les zones anglophones. «Avant la crise, les commerçants de Bamenda venaient ici s’approvisionner en vivre frais, notamment en piment. Un commerçant pouvait s’offrir 30 sacs à raison de 20 000 francs CFA le sac. Ce qui nous faisait de très bonnes rentrées financières. Aujourd’hui, c’est à peine qu’un commerçant achète 10 sacs»,  se désole Blaise Kuete, vendeur local de vivres. «Avant, un commerçant de Bamenda pouvait acheter 50 à 80 régimes de plantain. Les prix oscillant entre 3000 et 5000 francs CFA. Aujourd’hui, les ventes ont chuté à en moyenne 20 régimes par commerçants et le régime qui valait autrefois 5 000 francs CFA coûte aujourd’hui 2000», renchérit  un autre vendeur.

Le retour de bonnes affaires n’est pas pour demain. En effet, la contestation prend une tournure inquiétante à Bamenda. La semaine dernière, plusieurs personnes y ont perdu la vie dont quatre éléments des forces de l’ordre. Un couvre-feu est en vigueur dans la ville de 22h à 5 heures du matin.

Filbert Azap Ndongo à Mbouda

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